Résultats Définitifs de l’élection présidentielle. Nous en prenons acte! par Assad Volcy
Mardi 24 janvier 2017 [[rezonodwes.com]]– Dans une note en date du 16 décembre dans laquelle nous avions dénoncé un matraquage psychologique et un lynchage médiatique visant à assassiner le caractère des avant-gardistes du pays, nous avions annoncé du même coup que nous serions prêts à accepter le verdict des urnes en ce qui concerne l’élection présidentielle. Nous avions dit que nous serions prêts à saluer la victoire du candidat sorti vainqueur après une vérification en bonne et due forme au BCEN. Nous entendions par la, vérification de liste d’émargement, d’empreintes des électeurs, etc.
Vu que ceci n’a pas été respecté comme l’ont réclamé les candidats protestataires, nous nous contentons d’en prendre acte. En effet, nous avons pris acte de la décision du CEP de déclarer gagnant celui que nous avions combattu de toutes nos forces lors des élections de 2015 à cause des fraudes massives qui l’avaient placé en première position et de la volonté délibérée du pouvoir d’alors et du CEP d’Opont d’organiser le deuxième tour des élections avec un seul candidat. Jovenel Moise, déclaré élu après la délibération d’un BCEN controversé et contesté par trois de ses principaux concurrents, n’est autre que le Poulin de Michel Martelly, contre lequel nous nous étions fermement opposés du fait de ses dérives, de ses velléités dictatoriales et de la corruption érigée en système de gouvernance d’Etat« Bandi legal » caractérisant son régime.
En écrivant ces quelques lignes, nous n’avons nullement l’intention comme d’autres, de saluer la victoire d’un homme dont l’élection a été largement prise en charge par la partie mafieuse du secteur privé des affaires. Nous préférerions attendre pour saluer ses actes car la plupart de nos amis communs ne cessent de nous répéter que le Président déclaré élu par le CEP de Léopold Bélanger serait capable d’étonner plus d’un en s’affranchissant de ceux qui l’ont adopté. Malheureusement les premiers actes posés inquiètent déjà.
Nous prenons aussi acte que les principaux concurrents de Jovenel Moise rejettent son élection tout en dénonçant un coup d’etat électoral mais ne sont pas parvenus à parler d’une seule voix. Si Fanmi Lavalas déclare avoir gagné les élections dès le premier tour, Pitit Dessalines, de son côté, réclame la seconde place. En agissant de la sorte, ces partis protestataires ne font, sans le vouloir peut-être, que crédibiliser le scrutin. Seul Jude Célestin exige une vérification pour déterminer le verdict des urnes.
Selon le décret électoral, la décision du BCEN consacrant Jovenel Moise gagnant des élections est sans appel. Par conséquent, Neg Bannann lan Prezidan selon le CEP. Il aura donc les rênes du pays pendant le prochain quinquennat, si le peuple, se sentant encore une fois dupe et par réveil de conscience ne décide autrement.
Nous prenons également acte que Monsieur Jovenel Moise qui n’a même pas encore été investi des pouvoirs faisant de lui le prochain President d’Haïti se trouve empêtré dans une affaire de blanchiment d’argent. En effet, dans un rapport de l’UCREF, il est suspecté de transactions louches. Au nom de la morale politique, ce dossier devrait être éclairci avant toute entrée en fonction pour empêcher que Jovenel Moise, déjà dépourvu de légitimité populaire, soit installé à la tête l’Etat sans rendre compte de graves accusations dont il est l’objet. S’il est avéré, par contre, que le dossier a été utilisé à des fins politiques, que des sanctions soient prises contre les responsables de tels agissements.
De ceux qui s’empressent à saluer la victoire de Jovenel Moise, on trouve deux catégories : d’un côté, ceux qui cherchent ou protègent des contrats juteux et, de l’autre, ceux qui courtisent le prochain gouvernement soit pour l’intégrer ou pour des projets futurs. C’est leur droit le plus entier car on a pas tous les mêmes motivations en politique. Cependant, nous devons admettre aussi que certaines personnalités ou secteurs, lassés par un processus électoral qui n’en finit pas, pensent que le moment est venu de passer à autre chose malgré les soupçons d’irrégularités ou de fraudes.
Par dessus tout, il faut reconnaître que les candidats du secteur démocratique ont prêté aussi le flanc à ce renversement de situation pour n’avoir pas eu la clairvoyance politique de se converger pour affronter PHTK. L’éclatement du Groupe des 8, communément appelé G8, en est une preuve irréfutable. Même dans la mobilisation contre ces élections, ils ne sont pas parvenus à envoyer le signal tant attendu par leurs militants et le reste de la population. Ils n’ont même pas pu signer une note de protestation collective.
Pour mémoire et pour l’histoire, rappellons que pour réaliser le coup du 24 janvier 2015 , avec d’autres camarades, nous avons eu l’intelligence politique de prendre l’initiative de réunir tous les acteurs impliqués dans la bataille autour d’une table deux jours avant cette date fatidique afin de définir une stratégie commune . C’est à ce moment seulement que le peuple revendicatif avait compris le message. Et nous avions défié, et le pouvoir en place et la Communauté internationale, sans oublier une frange de l’oligarchie haïtienne. Le 24 janvier n’a pas eu lieu. Au sein de Pitit Dessalines, cette initiative n’avait pas été bien accueillie par certains, nous accusant de vouloir remettre la bataille à Jude Celestin placé, on s’en souvient, en deuxième position.
Cela nous donne aujourd’hui l’opportunité d’en appeler au rassemblement des leaders et partis de la mouvance Lavalas ( Fanmi Lavalas, Pitit Dessalines et Lapeh), par extension, à l’union des sensibilités de gauche en vue d’un bilan post 86 et d’un front commun afin d’offrir un nouveau projet politique crédible, capable de mobiliser l’électorat car celui qui est déclaré gagnant et les partis protestataires, faut-il bien le souligner, ne sont pas parvenus à mobiliser les électeurs. Une abstention d’environ 78%.
Ce qui signifie un désintérêt de la population à la chose publique, une méfiance aux messages des candidats ou hommes politiques, donc une déception citoyenne expliquée par la situation catastrophique du pays en termes de développement. En ce sens, notre équipe est prête à s’engager à fin de jouer son rôle à la réalisation de cette grande entreprise.
Revenons à Jovenel Moise.
Dans une récente publication, nous avions déjà dénoncé la présence de l’ancien ministre Wilson Laleau au sein de la commission de passation de pouvoir. Une action qui laisse entrevoir ce que sera la méthode de gestion du pouvoir de PHTK pour le prochain quinquennat. La présence aussi de certains commerçants accusés d’être des narco-traficants dans la délégation ayant accompagné M. Moise à St Domingue est un signe clair qu’il s’agit purement et simplement d’un choix de gouvernance basé sur la corruption et la drogue. Du Martelly bis. Depuis son élection, Jovenel Moise n’a cessé d’envoyer un ensemble de signaux qui devraient inquiéter tous les démocrates de ce pays. Et, nous ne croyons pas que ce soit par ces « signaux provocateurs et irritants » que le President déclaré élu par le CEP compte initier les « États généraux sectoriels de la nation » tel qu’il l’a annoncé lors de sa première intervention à la suite de la proclamation des résultats définitifs des élections. Une démarche, si elle était sincère, que tout démocrate et patriote devrait applaudir. Mais il est déjà mal parti.
Prenons par exemple acte de deux déclarations fracassantes du président déclaré élu qui devraient attirer l’attention de tous les progressistes haïtiens rêvant de l’instauration de la démocratie en Haiti. Il semble annoncer les couleurs en déclarant aux Cayes, quelques jours avant le verdict du BCEN, qu’il va faire construire des prisons dans le pays. Un peu plus tard, lors d’un discours marquant sa victoire, il dit vouloir proposer une loi sur la diffamation. Et il l’a dit avec vigueur. Quand un président fraîchement élu et contesté déclare que sa priorité est de créer des prisons en lieu et place d’établissements scolaires ; et quand historiquement, on connaît la clientèle des centres pénitenciers en Haïti, il y a de quoi s’inquiéter. Car 99% de ceux qui sont dans les centres carcéraux viennent des quartiers populaires et pauvres. Ce sont le plus souvent des victimes de ce système d’exclusion, qui n’ont jamais connu l’éducation, donc promus dès leur naissance au chomage, à la misère, à la drogue et au banditisme .
Il est plus que certain que dans les prisons de Jovenel Moise, on ne retrouvera jamais un Wilson Laleau ou un Marc Antoine Acra derrière les barreaux même si des éléments probants montreraient leur implication soit dans des cas de détournements de fonds ou dans le narco-trafic. Jovenel Moise n’a t-il pas défendu la présence de l’homme d’affaires Marc Antoine ACRA à ses côtés?. Selon lui ce monsieur n’est pas encore en prison, il peut toujours se promener avec lui. Une façon pour le President déclaré élu d’essayer d’innocenter ou de blanchir un citoyen inculpé pour trafic de drogue sans m’attarder sur sa rencontre assumée avec l’ex général en chef putschiste de l’armee d’Haiti, Henry Namphy, dont le bilan reste très lourd.
De l’autre côté, le président sent qu’il y a une urgente nécessité de faire voter une loi sur la diffamation. Ah bon! Concernant cette loi, nous serions les premiers à donner notre adhésion pour avoir été toujours victimes de calomnie et de paroles mensongères. Et nous sommes pas les seuls. Mais on doit d’abord se poser la question : quelles sont les vraies motivations de Jovenel Moise ? Nous disons ceci, parce que lorsqu’on fait l’addition PRISON+DIFFAMATION, on pourrait sagacement déduire qu’il veut se doter d’outils légaux pour mater ses éventuels adversaires.
Ces menaces sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont proférées à un moment où le patron politique de Jovenel Moise s’en est pris à des personnalités très respectées de la presse Haitienne telles que Liliane Pierre Paul et Jean Monard Metelus, deux journalistes vedettes. Le secteur démocratique, les organisations des droits humains doivent aussi prendre acte de ces menaces. Que l’on se rappelle bien que lorsqu’on voulait nous arrêter et certains de nos camardes sous le régime Martelly, un décret pris sous le gouvernement de Namphy avait été déterré pour justifier leur acte odieux. Nous en appelons donc à la vigilance citoyenne pour éviter un retour aux temps des baillonnetes.
Monsieur le président proclamé élu, nous ne connaissons pas vos intentions exactes quand vous menacez, d’entrée de jeu, avec la prison et une loi sur la diffamation, mais nous vous assurons que si votre projet de loi est pour neutraliser vos adversaires, nous vous disons carrément que vous faites fausse route. Car ce temps est révolu. A votre place, nous nous concentrerons sur la recette magique et nébuleuse de mettre ensemble les quatre éléments naturels tant scandés lors de votre campagne, TÈ+DLO+SOLÈY+MOUN. Yon fason pou w ka mete manje nan asyèt pèp la ak mete lajan nan pòch li.
Heureusement, ces quatre éléments dont vous faites mention sont là. Vous n’aurez donc pas à les importer. Si vous êtes intronisé comme prévu le 7 Février et réussissez à créer les conditions nécessaires pour délivrer la marchandise, à ce moment là, nous saluerons à haute et intelligible voix votre passage à la magistrature suprême, en dépit des points d’ombre dénoncés dans votre élection. Même si les faits et gestes avant votre probable installation laissent plus d’un perplexe. Pour le moment, nous nous contentons d’en prendre acte.
Volcy ASSAD Coordonnateur général OTAN

