Après les batteries de ses téléphones, l’empire Samsung menace d’exploser

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Sous pression des consommateurs, de la justice, des actionnaires… Samsung doit se défendre sur tous les fronts. La société envisage de se scinder en deux, ce qui constituerait le plus gros changement de son histoire.

Pour Samsung Electronics, la branche high-tech du conglomérat sud-coréen, les ennuis s’accumulent depuis la rentrée. Pile au moment où les héritiers du patriarche Lee Kun-hee doivent reprendre les rênes de l’entreprise. Ce mardi, la société a annoncé qu’elle envisageait de se scinder en deux, pour créer d’un côté une holding financière, de l’autre une unité industrielle. Une initiative qui lui avait été soufflée par un fonds américain activiste en octobre dernier.



Fiasco du Galaxy Note 7

Samsung est sous pression, incité à revoir sa gouvernance depuis le scandale du Galaxy Note 7, son smartphone haut de gamme qu’il a fini par retirer définitivement du marché après les nombreux incendies de batterie, et deux rappels successifs de plus de 2,5 millions d’appareils. Pour ajouter à la confusion, les conclusions de l’enquête diligentée pour connaître les causes de ces surchauffes ne sont pas encore connues. Selon le Korea Herald, ellesdevraient être rendues publiques le mois prochain. Ce ne sera pas trop tôt car, dans cette affaire, Samsung a vraiment donné l’impression de ne rien contrôler, surtout pas sa communication.L’image désastreuse projetée par l’entreprise durant cette « séquence », a été aggravée par une autre coup dur, celui des machines à laver. Près de 3 millions de lave-linge ont été rappelés aux Etats-Unis début novembre après presque une dizaine de cas de blessures d’usagers. Une catastrophe commerciale de plus pour le coréen qui frise désormais l’accident industriel.

Scandale de corruption en Corée

Mais la malédiction n’est pas seulement économique, elle est aussi institutionnelle. La justice coréenne a en effet découvert, dans le cadre d’une enquête sur un scandale politique impliquant la présidente du pays Park Geun-hye, l’implication de Samsung Electronics. Le parquet a mené une perquisition au siège de l’entreprise le 8 novembre, cherchant des traces d’une somme d’argent versée à une amie de la présidente, Choi Soon-sil.




Selon la presse sud-coréenne, cette dernière aurait reçu 2,8 millions d’euros par le biais d’une donation frauduleuse pour financer la formation équestre de sa fille en Allemagne. Le parquet veut savoir si Samsung a soudoyé Choi Soon-sil pour obtenir le feu vert du gouvernement à une fusion controversée réalisée en 2015.Choi Soon-sil est accusée de fraude et d’abus de pouvoir. Cette affaire de corruption est à l’origine des manifestations qui se succèdent dans le pays depuis plusieurs semaines pour exiger le départ de la présidente, tandis que l’opposition a entamé une procédure de destitution.

Crise de gouvernance

L’entreprise a besoin d’être remise sur le droit chemin. Mais pour cela, encore faut-il avoir un vrai chef à sa tête. Pour succéder à son père et assurer un contrôle stable de la société, Lee Jae-Yong, actuellement vice-président de Samsung Electronics, doit monter au capital, explique KBS World Radio (ex- Radio Corée Internationale). Sous l’écheveau complexe de participations au travers desquelles la famille contrôle le « chaebol », elle n’en détient en réalité que 5%. Or, en l’état actuel de la valorisation boursière (211 milliards d’euros), Lee Jae-Yong est incapable d’accroître sa participation. La création d’une holding financière permettrait à la dynastie Lee de redevenir l’actionnaire numéro un, au prix, tout de même, d’un investissement de 8 milliards d’euros. Il lui faudra au moins six mois pour étudier cette option, a précisé Samsung ce mardi.

Pression des actionnaires





La scission permettrait en outre de satisfaire aux desiderata des actionnaires, qui réclament plus de visibilité sur leurs investissements, mais aussi plus de dividendes et un cours de Bourse en ligne avec les valeurs comparables du secteurs. Le fonds d’investissement activiste américain Elliott, géré par le milliardaire Paul Singer, qui détient environ 0,6% du capital de Samsung Electronics, est à la manoeuvre. Celui-ci plaide pour une scission et une entrée à la Bourse de New York, et demande un dividende exceptionnel de 24,2 milliards d’euros. Samsung a annoncé ce mardi qu’il augmentera les dividendes à plus de 3,2 milliards d’euros cette année (+30% sur un an). Il s’est engagé à redistribuer 50% de ses liquidités en 2016 et 2017. L’entreprise va également nommer un directeur au profil international. Le conseil d’administration est aujourd’hui entièrement composé de Coréens. Trop lié au pouvoir, trop dynastique, trop coréen. Samsung va devoir se transformer pour traverser la crise.

L`Express/Reuters

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