Une immigrée démocrate en passe d’élue dans une banlieue pro-Trump d’Arizona ?

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par Javier TOVAR

Samedi 24 octobre 2020 ((rezonodwes.com))– Hiral Tipirneni affirme être l’incarnation du « rêve américain »: arrivée d’Inde lorsqu’elle était enfant, elle est devenue médecin et brigue aujourd’hui un siège à la Chambre des représentants.

Pour y parvenir, la candidate démocrate devra toutefois l’emporter dans une circonscription d’Arizona qui a toujours voté républicain depuis sa création en 2000.

Mission impossible ? Les sondages sont bien incapables de prédire l’issue du scrutin du 3 novembre tant la campagne est serrée. Une surprise dans une banlieue où le républicain David Schweikert, élu depuis 2013, l’avait emporté avec dix points d’avance lors de la dernière élection voici deux ans.

En 2016, le président Donald Trump y avait fait un score similaire.

La 6e circonscription d’Arizona couvre une partie du comté de Maricopa, où vivent 60% des électeurs de cet Etat désertique, dont il inclut la plus grande ville, Phoenix.

« Le comté de Maricopa est le plus grand +comté pivot+ de tout le pays », assure Mme Tipirneni en recevant l’AFP dans son local de campagne.

« Alors oui, nous avons la possibilité de peser non seulement dans cette circonscription et au niveau de l’Etat d’Arizona, mais aussi une chance de changer ce qui se passera dans ce pays au matin du 4 novembre », insiste cette femme de 53 ans.

Traditionnellement républicain, l’Arizona a connu une rapide transformation démographique, avec une explosion de la population de jeunes diplômés et d’électeurs d’origine latino-américaine, plus enclins à voter pour des candidats modérés.

Cet Etat est « vraiment convoité » et pour remporter la 6e circonscription, les candidats doivent rallier « les penseurs indépendants qui ne veulent pas de quelqu’un qui va suivre la ligne d’un parti », estime Tipirneni.

Or son adversaire David Schweikert représente selon elle « l’extrême droite du parti républicain ».

– « Ne reculez pas ! » –

Comme en témoigne le silence qui règne dans son local, la pandémie de Covid-19 a chamboulé la campagne et les meetings virtuels sont devenus la norme, au moins chez les démocrates. 

« Frapper aux portes me manque tellement, avoir une interaction directe, parler avec des familles de partout », soupire Mme Tipirneni.

Elle est arrivée aux Etats-Unis lorsqu’elle n’avait que trois ans, avec ses parents qui s’étaient installés en Californie, près de Los Angeles, pour ouvrir une épicerie. N’ayant pas assez d’argent pour engager un employé ou une nounou, ils se relayaient derrière le comptoir et pour prendre soin de leur fille.

Le père de famille a finalement décroché un emploi d’ingénieur dans l’Ohio, où Mme Tipirneni et son frère ont grandi, tandis que la mère est devenue travailleuse sociale.

« Je suis le résultat du rêve américain. Ne reculez pas! », lance-t-elle à des bénévoles lors d’une discussion sur Zoom, pour les exhorter à continuer leurs démarchages jusqu’au dernier moment.

Au coeur du programme du Dr Tipirneni, l’accès au système de soins et l’assurance santé, sujet très sensible aux Etats-Unis et cheval de bataille des candidats démocrates cette année.

Entre la crise sanitaire et la crise économique provoquées par le coronavirus, « c’est le moment idéal pour qu’un médecin urgentiste déboule et dise +attendez, stabilisons la situation et arrêtons l’hémorragie+, pas vrai? », plaide-t-elle.

« Les gens essayent de garder la tête hors de l’eau. Ils tentent de continuer à nourrir leur famille et à avoir un toit au-dessus de la tête (…) Ils espèrent que leurs grands-parents, leurs parents, restent en vie et en sécurité ».

« Alors faisons en sorte d’administrer les premiers soins. Et puis concevons un plan à long terme », insiste la candidate.

Comme beaucoup de ses homologues démocrates en Arizona, Mme Tipirneni prend soin de ne pas jouer l’affrontement partisan dans cette crise sans précédent et se présente sous un jour modéré.

« Ca n’a rien à voir avec le parti ou l’idéologie. Ce qui compte, c’est ce qu’il faut faire à partir de la science et des données à notre disposition ». 

jt-ban/sdu/fby

© Agence France-Presse

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