Il nous faut apporter une réponse bien pensée et durable au mal du pays!

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par Dr Tiéry S. Osias

Port-au-Prince, dimanche 23 octobre 2016 (rezonodwes).- Pauvre, faible, sale, laid, parasitaire, affamé, dénudé sont parmi les vocables ou épithètes les plus utilisés par la presse internationale et par certains haïtiens surtout de la diaspora pour décrire le spectacle affreux que ce pays offre au quotidien au monde entier sans gêne ni décence. Cette description choque plus d’uns, en particulier ceux qui évitent d’avoir une lecture exacte de la gravité de la situation désastreuse dans laquelle patauge le pays depuis après son indépendance.




D’années en années, cela va de mal en pis. L’haïtien devient immune à la misère et à l’insalubrité; nos hôpitaux et marchés publics, le salon du peuple et nos cimetières peuvent en témoigner. Rien ne fonctionne. L’Etat n’a pas d’autorité. Qui fait quoi? Quoi se fait comment? Pourquoi faire quoi? Quand faire quoi? C’est la pagaille!

L’inquiétude c’est que l’élite intellectuelle et les autorités en place ne cessent d’épiloguer, de mener de futiles débats sur les places publiques. Les problèmes sautent aux yeux de tous; mais personne semble être en mesure d’en trouver une solution. Le pays se meurt! Le pays se redressera si l’on arrive à répondre avec cohérence et intelligence les questions susmentionnées.

Le temps n’est ni à l’arrogance ni à l’exhibition de quelconque faux sentiments, patriotisme et/ou nationalisme, ni à la récitation de certaines théories apprises par cœur. Le temps est à la reconstruction urgente du pays. Pour ce faire, il nous faut d’abord faire taire nos querelles de chapelle et ensuite mettre les intérêts du pays au centre de tout débat pour pouvoir y apporter une réponse bien pensée et durable.




Cette noble démarche requiert des hommes qu’il faut à la place qu’il faut sous un leadership éclairé. « Chacun son métier et le village sera bien gardé ». Nombreuses sont toujours les critiques, manquantes sont souvent les propositions de solution. Voulant être du côté de la solution pas du problème, nous proposons ce qui suit: de l’ordre et du bon sens dans la gestion des choses publiques; un changement drastique dans la façon que nous faisons de la politique.

Un exemple pour élucider ma proposition est de réduire raisonnablement les dépenses de l’Etat à tous les niveaux. Pourquoi tous ces Ministères, Secrétaireries d’Etat, Sénateurs, et Députés? Pourquoi tous ces employés de l’Etat dont bon nombres d’entre eux ne font absolument rien? Ironiquement, ceux-là qui produisent quelque choses ne travaillent qu’en moyenne vingt heures par semaine.




Toute logique nous enseignerait qu’un pays pauvre doit créer les mécanismes nécessaires pour faire le plus possible avec le moins. Aux grands maux les grands remèdes, dit-on. Sinon, l’anéantissement total n’est pas trop loin. Plutôt dire que le cataclysme est certain, ce n’est que d’attendre. Mais, nous pensons que tout n’est pas encore perdu. Il suffit que l’on comprenne l’urgence de l’heure et qu’on ait la volonté pour y remédier.

La compréhension et la solution du problème exigent de grands sacrifices incluant l’abandon de nos pratiques irresponsables. Ainsi, répétons-nous, parmi tant d’autres mesures, mettre de l’ordre dans la gestion des choses publiques en minimisant nos dépenses, en utilisant nos ressources à bon escient, et en combattant avec rigueur la corruption sous toutes ses formes par l’application de nos lois permettra au pays de renaître de ses cendres.

Le pays vit de l’assistanat; c’est indécent de dépenser comme des fous, d’acheter des véhicules luxueux ou d’octroyer de longs cortèges aux grands fonctionnaires de l’Etat, d’entreprendre à longueur de journée des voyages futiles à l’étranger avec de grandes délégations. Un peu de responsabilité nous ferait comprendre que le chemin à emprunter est d’appliquer une politique d’austérité stricte. La pratique de la politique devrait être un sacerdoce, pas un moyen pour devenir riche dans ce pays dépourvu de tout.

Prenons en exemple notre Parlement budgétivore composé de 30 sénateurs et de 119 députés. A-t-on besoin de tous ces gens pour constituer le corps législatif? Nul besoin d’être grand clerc pour répondre négativement à cette question. Le pays est réparti en 10 départements et 42 arrondissements. La raison devrait nous dicter la nécessité d’avoir une assemblée nationale de pas plus de 52 membres, un Sénateur par département donc 10 sénateurs et un Député par arrondissement donc 42 députés.

Trois avantages majeurs de cette réforme: la réduction considérable des dépenses de l’Etat, l’augmentation du pouvoir du Parlement, et la responsabilisation des maires des différentes communes du pays. 12 Janvier 2010, malheureusement, ne nous a rien appris en dépit qu’il ait mis à nu sur la place publique nos faiblesses, notre ignorance et incohérence.

Matthew, de son côté, vient de nous rappeler de notre incapacité de gérer nous-mêmes le pays. Pourtant, il nous offre une autre occasion pour rebrousser chemin, pour faire les choses autrement. Il est temps de stopper cette descente vertigineuse en enfer. Il est temps de faire appel à la raison pour redonner un brin d’espoir au pays. Ne cherchons pas ailleurs le problème. C’est nous qui en sommes responsables; et la solution n’en passera que par nous.

Notre pays est mourant; allons-nous le laisser périr? J’ai dit!

Dr Tiery S. Osias

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