Audio – Mal nourris et casernés dans la jungle au Panama, depuis 3 mois, des Haïtiens lancent un appel au secours

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New York, samedi 13 juin 2020 ((rezonodwes.com))–Rezo Nòdwès, contacté par un groupe d’ Haïtiens mis en quarantaine dans un centre d’hébergement au Panama, sur recommandation des autorités des services de l’immigration depuis environ 3 mois, vous propose quelques extraits des séquences-audio de l’entretien réalisé avec l’un d’entre eux arrivant à franchir la ligne de démarcation pour faire connaître au monde extérieur leur situation d’enfer vécue actuellement dans le paradis fiscal.

Tout d’abord, il convient de souligner que ces compatriotes, une centaine environ parmi lesquels des femmes enceintes et des enfants, espéraient pouvoir atteindre longtemps leur destination finale : le Mexique et sa fameuse frontière gardée sous une très haute sécurité à l’autre bord. Ces haitiens venus d’un pays dont le gouvernement, malgré un budget de fonctionnement retardé et constitué de prévisions de chiffres énormes, n’a néanmoins aucun grand projet de société mobilisateur pouvant retenir des haitiens chez eux au lieu de se lancer à l’aventure hasardeuse et dangereuse.

Selon notre interlocuteur, parmi les réfugiés au Panama, figurent des cubains, des natifs du Bangladesh, des vénézuéliens et entre autres des africaine et des haitiens.

RN : qui sont ces haitiens, comment vous êtes-vous parvenus à vous regrouper ensemble ?

R. Jean : ces compatriotes reviennent du Brésil, du Chili où ils détenaient une résidence et ou un visa de permis de séjour arrivé à expiration. Donc, nous avons décidé de poursuivre notre périple. Du Brésil étant, nous avons bifurqué par le Pérou, traversé à pied les montagnes rocheuses jusqu’à la Colombie en passant par l’Equateur. Cela a pris entre 4 et 5 jours. Nous avons eu le support des Indiens après toutes ces journées de marche – nou swe nou chèch – pour traverser un bras de mer pour atteindre le Panama où nous sommes actuellement depuis le 8 mars dernier.

RN : racontez-nous un peu votre situation à Panama ?

M. Auguste, c’est l’enfer ici. On nous appelle des réfugiés, mais réellement, sa pa gen non. On nous a enfermés dans un lieu vaste et complètement retiré de la ville, et gardé sous haute surveillance tout en interdisant l’accès aux journalistes. Pour arriver à vous passer les informations, nous nous sommes arrangés pour escalader une pente où un cellulaire a enfin atteint les signaux d’un réseau. Récemment, un représentant de la Croix-Rouge a dénoncé la situation après le constat de plus d’un millier de réfugiés dans un endroit fait pour seulement 200 personnes. C’est la promiscuité. Toute tentative d’évasion s’est heurtée à deux obstacles : la police et comment sortir du Panama ?

La police est venue tuer dans l’œuf une tentative de revendications. A vous dire, M. Auguste, nous sommes casernés dans une forêt au Panama comme des esclaves et avec aucun autre moyen d’élever la voix autre que votre journal dont un cousin aux Etats-Unis m’a parlé.

RN : pour arriver à vous regrouper dans cet endroit décrit plus haut, des autorités du Panama vous ont-elles dit que vous serez placés la-bas en quarantaine par mesure de précaution ou encore du fait que des cas de coronavirus ont été détectés parmi vous ?

R. Jean : depuis notre arrivée et bientôt 3 mois, aucun d’entre nous n’a présenté de symptômes de la maladie de coronavirus. A ce que je sache, il n’y a aucun décès enregistré quoique nous sommes mal nourris entassés comme des sardines. J’ai appris que l’OIM devrait traîner le gouvernement du Panama devant le tribunal pour nous avoir gardé prisonniers pendant trop longtemps alors que nous ne représentons aucun risque de contamination pour la population.

En principe, après 3 mois, on nous devait une carte d’identification ou nous renvoyer chez nous en Haïti ou encore nous laisser poursuivre notre voyage via le Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Guatemala, le Mexique et si possible les Etats-Unis. Nous espérons avec cet entretien que des organisations de Droit de l’Homme seront informées de la situation des milliers de réfugiés dans ce camp au Panama.

RN : Frè Jean, ou gen yon dènyé mo anvan mwen lage kèk ekstrè nan apèl o sekou ke wap lanse ya ?

R. Jean : Bò isit la se enjistis nap sibi e sitiyasyon nou konplike anpil. Yo trete nou kon esklav e 8 jwen ap fè nou 3 mwa depi nou la. Ke ONU, ONI e Otorite Ayiti yo di yon mo pou nou.

RN : Merci d’avoir cherché à contacter Rezo Nòdwès, l’actu à chaud 7/7 ; 24/24. Pour finir, soulignons cette importante déclaration du chef de l’OIM au Panama, Santiago Paz :« Les migrants et les réfugiés font partie des populations les plus exposées et les plus vulnérables, et nous ne devons donc pas les exclure des stratégies de réponse à cette crise, car protéger leurs droits et leur dignité signifie répondre aux besoins humanitaires de tous » Il a ajouté que « ce mois-ci (9 avril), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a commencé à travailler avec le Panama pour tenter d’atténuer les menaces auxquelles ces migrants sont confrontés, ainsi que les risques généraux que la pandémie fait peser sur la sécurité publique ».

propos recueillis par cba

audio Rezo Nòdwès : voix de cba

voix de notre interlocuteur :

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