2 juillet 2024
Des décrets pris en cascade, gare aux ennemis politiques de l’apprenti-dictateur Jovenel Moïse!
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Des décrets pris en cascade, gare aux ennemis politiques de l’apprenti-dictateur Jovenel Moïse!

Quatre décrets annoncés en un seul jour, au début de cette semaine… et rien à voir avec une gestion efficace et transparente de la pandémie.

« Des décrets pris en cascade, gare aux ennemis politiques de Jovenel Moïse! »
Extrait de l’Editorial de l’hebdomadaire Haïti-Observateur (édition du 27 mai au 3 juin 2020).

Jovenel Moise a-t-il signé, par décret, des contrats portant sur l’exploitation de minerais d’or ou de pétrole en Haïti ?

New York, vendredi 29 mai 2020 ((rezonodwes.com))–Quand Jovenel Moïse a orchestré les manœuvres politiques ayant débouché sur la mise à l’écart des deux tiers du Sénat, consécutivement à la fin collective du mandat de l’ensemble des députés, le deuxième lundi de janvier, pour déclarer ensuite constater la « caducité » du Parlement, des voix fusaient de toutes parts dénonçant la descente aux enfers du pays. D’aucuns y voyaient une occasion pour le chef d’État de sombrer dans l’arbitraire, à coups de décrets lui permettant de prendre des mesures dictatoriales, de se donner les moyens de réprimer ses ennemis politiques et de multiplier les décisions avantageuses à ses intérêts personnels, à ceux de la première famille, ainsi que de ses proches collaborateurs et alliés politiques. Il semble que l’heure soit sonnée pour lui de presser le pas dans cette direction.

En effet, il est possible que le moment soit venu pour M. Moïse de mettre à exécution ses projets anti-démocratiques. Quatre décrets annoncés en un seul jour, au début de cette semaine, pourraient bien donner le signal de l’accélération de la mise en pratique de la politique autocratique dont il avait toujours rêvé.

les rêves chimériques de Jovenel Moise


Cela veut dire, désormais il s’est donné les moyens d’imposer ses quatre volontés au pays, sans essuyer l’opposition farouche que lui opposaient des parlementaires imbus de leurs responsabilités, et qui mettaient tout en œuvre pour freiner ses ambitions démesurées, anti-démocratiques, diamétralement opposées aux intérêts supérieurs du peuple haïtien. À la faveur des quatre décrets annoncés le même jour, le chef de l’État s’octroie toute une panoplie de moyens de mettre les opposants au pas et de faire des représailles à ceux qui,
au nom de la lutte démocratique, empêchent la concrétisation de ses rêves chimériques et ses projets anti-démocratiques.

Certes, coup sur coup, le régime Moïse-Jouthe a diffusé quatre décrets portant tour à tour sur : l’ «organisation et fonctionnement de l’ agence nationale de l’enseignement
supérieur et de la recherche scientifique»; « les ordres professionnels »; « établissant un service social obligatoire pour les étudiants des universités bénéficiant du financement public »; et « portant organisation, fonctionnement et modernisation de l’enseignement supérieur ». De toute évidence, ces deux derniers décrets auraient pu faire un seul, car traitant de quasiment le même sujet. Mais c’est une autre histoire.

Quand on sait que la présidence de Jovenel Moïse s’applique à presque tout entreprendre qui soit contraire aux intérêts du peuple haïtien, mais qui avantage de préférence les
membres de la famille présidentielle et ses alliés politiques, rien ne laisse croire que ces décrets ont été édictés dans le sens du bien-être des citoyens haïtiens en général. Attendons que d’ autres décrets additionnels viennent expliquer le sens de ces derniers. Car on sait que, cela ne devrait pas attendre longtemps, l’occupant du Palais entend aller vite en besogne, ne sachant pas s’il aura gagné la gageure que constitue sa lutte pour
prolonger son mandat au-delà de la date constitutionnelle du 7 février 2021.

À coup sûr, dans les mois qui viennent, il va s’évertuer à neutraliser tous ceux qui appartiennent à l’opposition, qui ont la vocation de faire échec à ses projets politiques.
Voilà pourquoi on devrait lui prêter l’intention, dans le cadre de ces décrets, de s’offrir toutes sortes de moyens pour combattre ceux qu’il assimile à ses ennemis. Assurément, les domaines sur lesquels portent les quatre derniers décrets émis par le président Moïse
concernent, notamment, les professionnels libéraux et les universitaires de toutes catégories, secteurs au sein desquels se concentrent la majorité des membres de l’opposition. Rancunier invétéré, le chef de l’État ne laissera passer une seule occasion de
se venger contre eux. Point n’est besoin de dire qu’il saura exploiter les opportunités offertes par ces arrêtés pour les persécuter.

Dans cet ordre d’idées, on ne devrait pas s’étonner qu’ il annonce des dispositions visant
à contrarier l’évolution dans la société de professionnels de toutes disciplines qui se sont révélés ses opposants. Il est possible que, par souci de revanche, il prenne des dispositions
visant à compliquer la vie de ce monde. Les mêmes moyens seront utilisés à l’encontre des institutions ayant émis des commentaires jugés hostiles à son égard, ou qui affichent des
prises de position contraires à sa politique.

Dans la logique, il y a fort à parier que M. Moïse et son équipe soient en train de concocter des dispositions pour nuire aux secteurs politiques dont les moyens d’existence les rendent
tributaires de dispositions prises par ce dernier, dans le cadre de nouvelles lois, qui auront découlé de ces quatre décrets. Il faut même craindre que, dans la foulée, d’autres ne soient édictés aux fins de persécution de personnes mises dans la catégorie de ceux qui le combattent. Surtout que susceptible de toutes les dérives, le chef d’État haïtien n’hésitera jamais à faire flèche de tout bois dans l’invention de moyens pour martyriser ses ennemis politiques. Surtout quand il y a d’énormes dividendes politiques à obtenir à la faveur de tels
comportements.

Ces appréhensions sont légitimes, car Jovenel Moïse et les criminels qui évoluent au sein du pouvoir, profitant de l’impunité offerte par le régime en place, n’ont point reculé devant les assassinats, l’emprisonnement et d’autres moyens draconiens pour rendre la monnaie de leur pièce à leurs ennemis, ou ceux qu’ils considèrent comme tels. On en veut pour
exemples les carnages perpétrés à La Saline, au Bel-Air, à Carrefour-Feuilles, et dans d’autres zones défavorisées de la capitale, sur la personne de gens qu’ils faisaient passer
pour des opposants. Il faut donc s’attendre à ce que, sous l’influence du même esprit, le président haïtien se donne d’autres moyens pour régler leurs comptes à une catégorie différente de challengers.

Jovenel Moise roule sur le boulevard de la corruption

On ignore la nature des décrets qu’il pourra émettre, avant que finisse
le temps de gestion du pays par décret
. Par contre, il y a de fortes chances qu’il ne profite de cette même occasion pour mener des transactions qu’il avait jugées impossibles
avec le Parlement, surtout avec la présence au sein de ce dernier de sénateurs et députés récalcitrants par rapport à certains projets de la présidence, qu’ils estimaient contraires
aux intérêts de la nation. Il faut, donc, s’attendre à ce que M. Moïse agisse sans tarder, du moins avant la mise en place d’un autre Parlement dont il ne pourra avoir la garantie de
la fidélité, comme c’était le cas pour le 50e.

Voilà pourquoi on croit possible qu’il s’empresse de signer des contrats, par décret, portant sur l’exploitation de minerais d’or ou de pétrole, surtout dans le Nord et le Nord-Ouest, des opérations qui lui étaient impossibles à réaliser avec des parlementaires peu accommodants. C’est l’idée évoquée par des travaux déjà en cours dans la région
de Terrier-Rouge, de Caracol et de Ferrier, par des hommes qui représentent Jovenel Moïse et la première dame ainsi que leurs alliés du monde des affaires et de la politique.

D’aucuns pensent qu’il s’agit de contrats à octroyer ― ou déjà accordés― à des étrangers, sans appel d’offres, mais surtout dans la clandestinité. Les décrets ainsi signalés s’ajoutent
à ceux relatifs à l’état d’urgence sanitaire, dont le plus récent donne au gouvernement l’autorité de bafouer les droits des citoyens, sous prétexte de protéger le pays contre la
pandémie de la COVID-19.

Au bout du compte, la nation est avertie, les fils et filles d’Haïti, qui défendent du bec et des ongles, ses intérêts, doivent rester à l’avant-garde de la lutte contre cette dictature toujours en herbe. Si le système répressif mis en place par le président Moïse et ses alliés les empêche présentement de faire échec aux décisions illégales, anticonstitutionnelles
et antinationales du régime PHTKiste, ils sauront, l’heure favorable venue, doter le pays de moyens qui permettront que soient apportés les correctifs aux accrocs faits à la Constitution et aux lois du pays, dans l’esprit de la Charte fondamentale.

Éditorial de Haïti-Observateur paru dans l’édition du 27 mai au 7 juin 2020.

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