Le billet de la rédaction
par Claudy Briend Auguste
Imaginez un instant le jour du scrutin, la facilité avec laquelle un potentiel électeur haïtien aura, qu’il soit lettré ou éprouvé de difficultés à bien cerner les lettres, quand il lui viendrait de crocher le nom de son candidat préféré sur une liste de moins de cinq citoyens-candidats. Seulement cinq, pas plus, pour n’importe quel poste électif vacant à pourvoir. Quel grand dépassement de soi, aurions-nous enfin exécuté dans un processus électoral qui attire toujours beaucoup de prétendants dont la plupart se comportent comme des ayants droit.
Cette réalité des faits ne se concrétiserait pas du jour au lendemain tant que de nombreux individus continuent de prendre pour un jeu de cirque l’inscription à une course électorale. Avec un record non négligeable de plus de cent inscrits pour seulement 10 sièges à combler au Sénat, ils sont presque tous devenus fous. Et ambitieux pour les habitués de la maison. Pour certains, le simple fait d’avoir leur nom inscrit sur un bulletin de votes, ils tirent déjà grande satisfaction, néanmoins, sans savoir le dur exercice imposé à l’organisme électoral, dans la conception jusqu’à la miniaturisation des clichés d’identification à mettre sous impression. Le nombre de candidats qui rend grosomodo le bulletin, aurait-il un autre aspect attrayant et lisible à première vue, si aucune subvention ne leur était accordée.
Mieux vaut nous rendre à l’évidence que d’essayer d’échapper aux réalités. A mesure que la liste des candidats s’allonge à chaque nouvelle tenue d’élections, le coût de ses réalisations s’élève également, en revanche, le taux de participation des électeurs diminue indéniablement. Et les élections ont tendance à devenir l’affaire d’un homme qui, la plupart du temps, en cours de route, n’hésitera pas à rejeter la bannière sous laquelle il s’est fait élire. Déjà avec une subvention en 2015, de plusieurs milliers de gourdes alloués séparément aux candidat, ces derniers, à part des candidats dits pro-pouvoir entamaient timidement la campagne électorale. D’autres, se contentant d’empocher leur montant, n’ont fait accoler aucune affiche électorale au mur ou juste une distribution de quelques feuillets volants. Nous sommes en droit de nous demander maintenant de quoi sera fait octobre 2016 sans une assistance directe de l’état pour couvrir des frais de campagne de nombreux candidats en attente de cette manne.
Si cette annonce, qui n’est venue sans surprise, quoique non encore rendue officielle par le CEP, a réjoui plus d’un qui voyaient toujours dans le nombre d’inscrits des candidats comme une opportunité de soutirer facilement de l’argent des caisses publiques, en provenance d’une subvention, quant aux principaux concernés, qui n’ont rien dit jusqu’à présent, il faut s’attendre aux grognes, dans les jours qui viennent. Mais s’ils sont bien imbus de la situation sociopolitique et financière du pays, avec l’obligation qui est faite par l’Etat de finaliser le processus électoral, sans l’appui budgétaire de la communauté internationale, ils pourraient ne manifester aucun mécontentement. Ou simplement, le retrait de candidature par manque de moyens pour partir en campagne. Ou concourir à la cloche de bois.
Il y aurait trois catégories de candidatures à chaque fois que se sont lancées des inscriptions électorales.
Un point commun aurait lié tous les candidats de toutes tendances confondues. Ils voudraient tous se mettre au service de la République, tout au moins c’est le signal envoyé aux potentiels électeurs qui les prennent aux mots, par force de multiplication de leurs interventions dans la presse. Sur le bulletin de vote, se retrouvent parfois des noms de candidats qui sont totalement méconnus des votants dans leur propre sphère. Cette catégorie de politiciens ne sont animés d’aucune vision. Simplement, ils veulent jouer un rôle d’apparence tout en sachant pertinemment bien, qu’ils n’avanceront pas plus loin dans la course que de leur position initiale. Ces candidats qui se rangent dans la catégorie de « figurants », avec la suppression des subventions, allèrent repenser leurs ambitions avant d’aller inutilement grossir la liste des candidatures.
La deuxième catégorie de citoyens se portant aux fonctions électives, regroupe des candidats qui veulent se faire un nom. Ils ont un bagage intellectuel insuffisant pour vendre leur programme que seule une subvention de leur candidature, pourrait les aider à accoucher leur rêve. Vu ce manque à gagner, ils vont se retirer eux-mêmes en lice. Un retrait qui viendra positivement renforcer la chance des candidats aux gros moyens.
Enfin, dans cette dernière catégorie, des candidats, avec ou sans l’assistance de l’État, se lanceraient dans la course, forts de l’appui des secteurs adhérant à leurs idéologies. On remarquera une présence soutenue de cette catégorie de candidature, dans les milieux où l’électorat suit de près les recommandations des OP’s, une boussole d’orientation des votes qu’il se donne vers un potentiel candidat aux idées renforcées avec le verbe haut. Comment arriver à une liste de candidature très restreinte. En réalité, la subvention de l’état n’est pas un facteur convaincant, seule une vraie prise de conscience permettrait au candidat de jauger sa capacité intellectuelle avant de se lancer dans cette galère. Et le dernier mot revient à la population de les sanctionner pour leurs ambitions démesurées. A vouloir tout gagner.
Des parlementaires de la 49ème et de celle en cours, par leur comportement, prêts à monnayer leur vote, désorientent les électeurs qui ne voient qu’une simple histoire d’intérêts dans les élections généralement en Haïti. Puis tout Député-candidat aspirant au Sénat, pourrait-il donner une simple raison pour qu’on aille voter pour lui le 9 octobre prochain ? A-t-il un niveau requis pour accéder à un haut échelon dans la vie nationale ? Qu’avions-nous fait des années d’études consacrées ? Pourquoi devrions-nous toujours, à la fin de la journée, arriver à la conclusion que « Chaque peuple a des dirigeants qu’il mérite« .
cba



