Saluons la mémoire de nos 15 petits enfants disparus tragiquement

Port-au-Prince, samedi 21 février 2020 ((rezonodwes.com))– L’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne* salue la population haïtienne, et particulièrement les jeunes qui ne cessent de s’engager pour un lendemain meilleur. Il profite par la présente pour fixer sa position sur la gestion du drame survenu dans la nuit du 13 au 14 février à l’orpheninat Maison de la Compréhension de la Bible » à Fermathe 55 où environ 15 enfants ont été tués.

Une semaine après ce sinistre, l’Observatoire est stupéfait du regard apporté par les plus hautes autorités de l’Etat, les partis politiques et les organisations de la société civile sur ce drame, ce qui pousse à comprendre qu’un processus de deshumanisation ronge le corps social haïtien. La vie n’a plus d’importance tout au moins celle des couches non aisées.

Depuis le drame, le Chef de l’Etat n’a fait que twitter quelques mots de sympathies, dans un pays oú la majorité de la population n’utilise pas internet régulièrement. Cela dit, aucune action concrète de la part du Chef de l’Etat ne témoigne de l’intérêt pour cet évènement encore moins de la part du Chef du gouvernement qui n’a pipé mot jusqu’à date. Tandis que le Président eut à intervenir à Jacmel le dimanche 16 janvier 2020 et, le Premier Ministre le mardi 18 janvier 2020 en sa résidence privée. Aucun mot de sympathies et de minutes de recueillement n’a été observé, pourtant ces derniers ne cessent d’inviter la nation à venir danser sur la mémoire de ces 15 petits  qui continuent, même après leur mort, d’être victimes de l’insouciance de l’Etat.

Ces 15 petits enfants ont été _victimes du mépris de l’Etat depuis leur naissance. Ce qui les a conduit à cet orphelinat fonctionnant sans autorisation.

Ces 15 petits enfants ont été victimes de l’irresponsabilité de l’Etat, à travers l’IBESR qui n’a pas su déployer les moyens qu’il faut pour fermer définitivement ce centre.

Ces 15 petits enfants continueront d’être victimes si le Président de la République, le Premier Ministre ne cessent d’inviter la population à venir danser sur leur mémoire à un moment où l’on devrait déclarer le deuil national. Rien ne peut changer avec des dirigeants n’ayant aucune sensibilité pour la vie.

Ces 15 petits enfants continueront d’être victimes si la presse, les organismes de droits humains, la société civile ne font rien pour leur mémoire. Pareil cas devrait nous inciter à décréter plusieurs jours de deuil national. Si nos dirigeants perdent cette sensibilité, les institutions de la société et certaines personnalités devraient s’ériger en vigils pour sauver le peu qui en reste.

Annoter que certains pays décrètent des journées de deuil national pour des faits moins alarmants que celui survenu à l’orphelinat de Fermathe 55. Ces décisions sont prises habituellement  en tenant compte du nombre de victimes, de la catégorie dont ils appartiennent et de la cruauté de l’acte. Dans notre cas, ces trois conditions sont rencontrées.

Pour cela l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne :

1) Appelle le Ministère des Affaires Sociales et du Travail à prendre des sanctions contre la Directrice de l’IBESR pour manquements graves à ses responsabilités.

2) Demande à la justice de fixer les responsabilités et prononcer les sanctions appropriées dans le plus bref délai.

3) Invite le Premier Ministre démissionnaire à renforcer les capacités de l’IBESR pour mieux contrôler le fonctionnement des orphelinats et autres centres de la même sorte.

4) Demande au Chef de l’Etat de décréter le 13 février «  Journée Nationale pour la Protection des Orphelins ».

5) Organise le mercredi 26 février 2020, une journée d’hommage, de 10h am à 4h pm en face de l’IBESR, où des fleurs, des cartes, des photos seront déposées en leur mémoire.

6) Appelle les medias à la diffusion de musiques de circonstances à un moment où les corps de ces enfants ne sont pas encore enterrés.

7) Invite les églises et autres confessions religieuses à accorder une place dans leur culte le dimanche 23 janvier 2020 à la mémoire de ces 15 petits enfants.

Conscient qu’on ne peut continuer à observer cette descente, l’Observatoire  estime que les responsabilités doivent être fixées afin que l’action publique puisse être mise en mouvement contre les coupables, tout en profitant de cette occasion pour règlementer le fonctionnement des différents centres d’hébergements de mineurs ne disposant pas d’autorisation.  

Cliffton Sylvain
Secrétaire à la Communication