Quand l’incurie des droits de l’enfant fait pleurer toute une nation

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par Rachel Saint-Julien

Vendredi 21 février 2020 ((rezonodwes.com))– Malgré ma lutte forcée et difficile de garder le mental au beau fixe à travers tout ce qui se passe en Haïti, je suis tombée vendredi matin sur une nouvelle soudaine qui m’a totalement dévastée. Je ne pouvais pas y croire aux premiers moments, alors que c’était bel et bien fini de passer. Depuis lors, cette nouvelle contrôlait mes pensées tandis que je m’efforce de l’écarter pour qu’elle ne me stresse et m’angoisse davantage.

Ma désolation devient plus grande quand je pense que tout cela aurait pu être évité si tout était contrôlé dans ce pays.  Comment peut-on imaginer 15 enfants « 15 ti lèzanj » mourir à cause d’un incendie dans un Orphelinat ? Deux ont été consumés dans le feu et 13 autres ont rendu l’âme par manque de soin à cause de détresse respiratoire.

Où étaient les Responsables ? Comment se fait-il que ce soit seulement trois adultes qui étaient présents pour garder 65 enfants ? Pourquoi tous ces enfants dans un établissement d’accueil de deux étages ? Pourquoi ce sont eux qui devaient allumer des bougies pour se faire un peu de lumière dans les chambres où ils sont entassés comme des sardines? Où sont les extincteurs de cette maison où le risque d’incendie est très probable parce que ce sont des enfants majoritairement qui s’y logent ? Où était l’Administrateur de cet établissement, quand la Génératrice était tombée en panne ? Pourquoi cet orphelinat illégal fonctionnait encore? Quel en est le rôle de l’Institut de Bien-être social ? Toutes ces interrogations vertigineuses me torturent à chaque instant depuis cette tragédie.

En Haïti, normalement, les anomalies sont normales, tout ce qui est dangereux sont pris à la légère, le réflexe du danger est inexistant dans le mental de l’Haïtien, pas moins que le sens du contrôle des dirigeants, de la prévention, et de la sanction.  Je ne peux énumérer combien de fois  j’ai vu toute une famille sur une motocyclette avec un enfant suspendu aux bras d’un des passagers qui vont dans des zones rurales reculées passant devant plusieurs commissariats. En fin de compte, les enfants d’Haiti ne bénéficient pas pleinement d’une politique de protection de leur droit par l’Etat haïtien.

Dans les pays où les droits des enfants sont protégés, l’Etat peut enlever la garde d’un enfant à ses propres parents si toutefois ceux-ci négligeraient un aspect des soins de l’enfant ou manqueraient à sa protection. Ces pays qui visent l’avenir, sont très vigilants sur la protection de l’enfance qui constitue pour eux la garantie formelle et parfaite de la continuité humaine dans le monde. Ici on dit « Timoun jodi, granmoun demen » mais il n’existe pas vraiment de mécanisme effectif de protection des enfants. Combien de cellules d’inspection qui visitent la structure physique des écoles préscolaires et primaires à travers le pays ? Combien d’opérateurs de services sociaux qui visitent inopinément les ménages pour vérifier le dormir des enfants ? Et en ce qui nous concerne en ce moment, combien y a-t-il de brigades qui supervisent régulièrement les centres d’accueil ?

Je ne sais si je dois être fière du fait qu’en Haiti, il existe quelque part toutes les lois, toutes les structures, tous les projets, toutes les procédures, toutes les ressources humaines adéquates, tous les fonds disponibles pour que nous ayons un pays où les conditions d’existence des êtres humains sont essentielles.  Mais à quoi nous ont-ils servi ces lois, ces codes, ces articles ? A rien du tout ! Ils sont plus au service des cafards dans les tiroirs qu’à notre profit collectif.  Tout ceci, c’est parce que l’appât du gain qui demande beaucoup de concentration distrait le regard des Responsables plutôt vers leurs vilenies au lieu de contrôler et redresser les dérives dont ils ont la charge.

Ici, on fait toujours des nominations et des installations, le plus souvent conditionnées, dans les administrations publiques. Au final, pour quel résultat ? Ces nouvelles têtes malgré de beaux discours ne feront nullement aucune différence en fin de compte. Il devient légitime de se demander ce que la plupart de nos Chefs font dans leurs bureaux paradisiaques pendant la journée ? Pourquoi mènent-ils un train de vie élevé à la faveur de nos taxes et impôts ? Bon! On a tout juste un élément de réponse, c’est tout simplement pour paraître devant les caméras et présenter leurs sympathies au peuple haïtien, aux familles des victimes après un désastre, et ainsi va la vie en attendant une énième catastrophe encore plus sévère.

En effet, la disparition soudaine de ces 15 enfants est très dérangeante. Il y a des formes de mort qu’on ne doit pas souhaiter à aucune personne, même à ses pires ennemis, le seul fait que ce soit un « être humain ». Certaines souffrances dépassent l’entendement humain, encore pire pour des enfants, des enfants qui cohabitent parce que la nature leur a privé de parents naturels, qui ne sont capables de prendre soin d’eux convenablement. Je ne pense pas qu’aucun enfant soit venu au monde par hasard, c’est-à-dire, dès qu’un bébé ait pu sortir du sein de sa mère, il mérite toute l’attention digne d’un être humain. Ce qui me démange encore plus, ce jeudi-là, à notre rendez-vous psychologique hebdomadaire appellé « Jedi mantal », on traitait un sujet similaire.

Comment reconnaître les effets des catastrophes sur les enfants? Guesly Michel, le Psychologue en question, qui animait cette causerie, a insisté sur le fait qu’un enfant est un être sensible, fragile, immature qui mérite toute l’attention du monde. Or, ce soir même, cet incendie bien évitable et impitoyable emportait des innocents orphelins, en bas âge, et même en situation de handicap par négligence grave des adultes payés pour les protéger.  Oui, je le dis haut et fort,  toute une panoplie de négligences  nous a conduits vers cette tragédie. Il y a eu un manquement immédiat au sein de l’équipe, et quand je monte plus haut, il y a omission de l’Institut de Bien-Etre social, et si je vais encore plus haut, il a eu l’incurie générale de l’Etat haïtien parce que la responsabilité incombe au premier Chef de protéger.

Si l’Etat avait une politique publique visant le souci de résultat, de sanction pour tous mais pas pour un petit groupe, dans toutes les Institutions du pays, on est sûrs que certaines dérives auraient pu être évitées.  Mais, étant donné «Tout voum se do », vivre dans ce pays, c’est se familiariser avec la mort chaque jour, car l’insécurité se présente sous toutes les formes : Pas d’hôpitaux, pas de pompiers, pas de prisons conformes pour la population.  Élever des enfants en Haïti, c’est avoir quatre yeux qui regardent discrètement partout au même moment, parce qu’il y a toujours un danger qui rode autour de lui. Le redoublement de vigilance et de responsabilité personnelle doit devenir sine qua non en permanence parce que « Chak koukou klere pou je w ».

Voici un exemple qui fait que chaque citoyen ne doit pas oublier qu’à n’importe quel moment, quelque chose peut bien l’arriver. Un soir, je marchais la tête altière dans une rue un peu éclairée par des lampes solaires distancées l’une de l’autre, et qui devient plus lumineuse à chaque fois qu’un véhicule passe. C’est ainsi que subitement, je suis tombée dans un gouffre. Heureusement, c’est seulement une de mes jambes qui y était, mais je n’étais pas sortie sans une blessure au pied et à la main, bien qu’aidée par un passant. Et ce trou est là dans la rue longtemps dit-on. Ce qui veut dire, cette chute pouvait m’emmener dans un endroit de non retour. Et pourtant, il existe un service de Travaux Publics, Transports et Communication (TPTC) dans la ville. Souvent, des riverains partent à la rescousse des conducteurs dont les voitures sont collées ou tombées dans des gouffres au milieu des chaussées.

Tous ces détails manqués, accumulés que nous acceptons tous, parfois très graves nous obligent à nous demander, qui sommes-nous ? Et que va-t-il se passer ? C’est la fin de quoi qui s’approche ? Est-ce que nous vivons tous dans un cimetière à ciel ouvert ? Est-ce que toutes ces tergiversations régulières arrivent par hasard ? On ne comprend rien. On ne comprend rien, aussi bien dans l’attitude du peuple prêt pour le Carnaval par ces jours-ci qui courent, et après avoir passé trois mois cloîtrés chez eux pendant le « pays lock », que dans l’attitude des dirigeants qui ont les solutions à tous nos problèmes.  Pour combien de temps encore, un pays va fonctionner de cette manière et que tout le monde s’en fiche?

Les droits des enfants sont les droits de l’homme.

La mort de ces 15 enfants à l’orphelinat « Compréhension de la bible » est une extrême violation des droits humains de l’enfant comme toutes les omissions quotidiennes des Responsables qui se font dans le pays. Les Droits de l’homme sont les droits inhérents, inaliénables et universels à tous les êtres humains.  C’est-à-dire que quelque soit leur nationalité, lieu de résidence, sexe, âge, orientation sexuelle, origine ethnique, religion, langue ou toute autre condition tous les hommes sont égaux en droits sans tenir compte d’aucune subjectivité, d’aucune différence.  Donc, qu’il soit homosexuel, femme, enfant, en situation de handicap, non croyant, tout être humain a droit, en tout temps, et en tout lieu le droit à la vie, à la dignité humaine, à la santé, à l’éducation intégrale et de qualité, à la nourriture, au respect de l’intégrité physique, à la liberté.

En outre, pour assurer le respect de ces droits, la Déclaration Universelle des Droits de l’homme a été rédigée. C’est un consensus universel pour le combat en faveur des droits humains. C’est un texte à valeur juridique non contraignante, adopté au palais de Chaillot à Paris le 10 décembre 1948, qui dans son préambule présente les Droits de l’Homme comme « un idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ».  L’article 1er de cette déclaration stipule : «Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits et en dignité. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Et l’article 2 stipule : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamées dans la présente déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ». C’est-à-dire que ces enfants infortunés sont victimes de l’atteinte de leurs droits humains à plusieurs égards.

Au vu de ce qui précède, essayons de démontrer ce que c’est qu’un enfant et rappeler toutes les promesses d’Haiti par rapport à la protection des droits de l’enfant.  

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’enfance est la période de la vie humaine allant de la naissance jusqu’à 18 ans. Dans la même foulée, la Convention internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE), convention vedette du système des Nations (Ratifiée par tous les États membres à l’exception des États-Unis d’Amérique), prévoit en son article 1er : « un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable dans un pays». Tandis que, pour les psychologues, l’enfance désigne la période de la vie allant de la naissance à la puberté caractérisée par l’immaturité et la fragilité. L’enfant dépend donc de l’adulte qui assurera son développement, sa protection et sa sociabilité. 

Ainsi, la Constitution haïtienne, du 29 Mars 1987 amendée, étant la véritable garante de la société et étant bien imbue de ce que c’est que réellement l’enfance, n’en reste pas muette. En effet, elle garantit la protection de l’enfant dans son intégralité et sans distinction, c’est-à-dire, qu’il soit orphelin, ou non, qu’il soit de famille aisée ou modeste, il a droit à une surveillance bienveillante en tout temps et en tout lieu. L`article 261 de la constitution dispose : « la loi assure la protection à tous les enfants. Tout enfant a droit à l`amour, à l`affection, à la compréhension et aux soins moraux et matériels de son père et de sa mère ». Par ailleurs, un Orphelinat est un centre qui accueille des enfants orphelins qui devient automatiquement une famille à part entière pour les enfants accueillis. Ce qui revient à dire, les nouveaux parents de ces enfants sont les responsables de ce centre. Ces parents ont porté atteinte, le soir du 13 février, aux droits de tous ces enfants.

En outre, le décret du 4 novembre 1983 paru dans le moniteur le 24 novembre 1983 a instauré l’Institut du Bien-être Social et de Recherche (IBESR) qui est un organisme déconcentré technique du Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST). Étant un organisme de protection de l`enfant, il a une mission à la fois préventive, curative et d’assistance à toutes les couches vulnérables de la société précisément les enfants. En ce qui a trait à la protection directe de l’enfant dans les orphelinats, l’institut de Bien-être Social et de Recherche a une mission spécifique. Tout d’abord,  il doit contrôler : la légalité, la sûreté et la sécurité des établissements œuvrant à la protection, à l’accueil des enfants. Ensuite, étudier les demandes d’autorisation de fonctionnement des œuvres sociales privées. Enfin, s’assurer de recevoir d’elles un rapport détaillé de leurs activités.

De surcroît, l’arrêté présidentiel du 22 décembre 1971 sur les maisons d’enfants paru dans le journal le Moniteur No 16 du 16 mars 1972 stipule clairement que : « Toute maison d’enfants, publique ou privée, laïque ou religieuse, soit, pour fonctionner, doit obtenir préalablement l’autorisation du Service des Œuvres Sociales de la secrétairerie d’Etat des Affaires Sociales » alors que Madame Arielle Jeanty Villedrouin, Directrice de l’IBESR a déclaré sans broncher que cet orphelinat n’avait plus d’autorisation depuis 2013 pour fonctionner et que sur les 700 qui existent dans le pays, il n’y a que 35 qui sont légaux. On se demande comment a-t-elle pu faire une telle déclaration publiquement, quand son travail consiste en la régulation du fonctionnement des orphelinats en tant que titulaire de l’IBESR.  La seule différence avec elle, c’est qu’elle a le courage de reconnaitre qu’elle n’avait pas fait tout son travail, peut-être parce qu’elle était dépassée par le fourmillement excessif des orphelinats éparses. D’autres Directeurs auraient déclaré sans hésiter que ces établissements sont parfaitement en bon état de fonctionnement. Mais dans tout pays où l’État de droit règne, elle serait déjà démise de ses fonctions.  

Outre la Constitution haïtienne, Haïti a signé et ratifié plusieurs conventions internationales qui traitent des droits de l’enfant et des personnes en situation de handicap. Une fois qu’un traité ait ratifié par Haïti, il fait partie intégrante de la législation haïtienne. En ce sens, l’article 276-2 de la Constitution haïtienne de 1987 amendée dispose « Les Traités et les Accords internationaux, une fois sanctionnés et ratifiés dans les formes prévues par la constitution, font partie de la législation du pays et abrogent toutes les lois qui leur sont contraires ». L’article 2 de la convention relative aux droits de l’enfant ratifiée par Haïti énonce ce qui suit : « Les Etats parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation ».  Cette tragédie devrait soulever les poils sur le dos de tous les Défenseurs des droits humains dans le pays et du monde entier.

Démocratisation des droits de l’homme

Même s’il n’existe aucune volonté d’établir l’état de droit dans le pays, il faut aussi que des enseignements spécifiques soient démocratisés dans le pays. Par quoi, on entend, l’éducation aux droits humains. S’il y avait au moins un membre de l’équipe qui était imbu du droit des enfants, on est certaine qu’il aurait pu revendiquer le traitement infligé à ces 65 enfants et que l’administration de cet orphelinat soit humainement révisé. On estime que Droits de l’homme est un concept entendu par hasard par une grande frange de la population. Mais en réalité, bon nombre de personnes ne savent pas ce que c’est. L’enseignement des droits de l’homme devrait être popularisé dans toutes les Institutions publiques et privées du pays, notamment celles qui travaillent directement avec les groupes les plus vulnérables. Beaucoup de personnes parfois oublient si elles sont elles-mêmes des êtres humains et qu’elles sont nées avec des droits qui font qu’elles méritent d’être traitées dignement et qu’elles doivent aussi traiter leurs semblables de la même manière. Face à cette défaillance des institutions dédiées à la protection des droits de l’enfant au sein de l’État, il est une inéluctable de démocratiser  les Droits de l’Homme (notamment ceux des enfants) en Haïti afin tirant les meilleures leçons des violations et atteintes commises en vue d’aboutir à un avenir meilleur pour les enfants.

Apprenons désormais à apprendre des leçons.

En somme, Haïti rate toujours des occasions en or que chaque tragédie lui apporte.  Chaque fois qu’une catastrophe arrive, c’est toujours la chance de faire un pas vers le progrès. De notre côté, nous n’apprenons jamais les leçons que les calamités apportent, au contraire nous laissons la porte ouverte à d’autres plus brutales. Beaucoup de civilisations ont été glorieusement métamorphosées à la suite d’une hécatombe. Il est temps pour nous haïtiens d’arrêter de prendre tout à la légère, d’ouvrir nos yeux sur les opportunités qu’apporte chaque désastre. Ici, c’est le moment pour l’Etat de réviser sa politique de protection de l’enfance.  Si un pays ne protège pas ses petits-enfants, il peut passer un trait sur son bannit l’avenir. Nous avons tous les yeux grands ouverts sur les dispositions qui vont être prises par l’Etat haïtien à la suite de ce regrettable manquement. Les enquêtes approfondies, les arrestations, licenciements, après la disparition de ces 15 pauvres innocents doivent servir de prévention à toutes les entités qui travaillent avec les enfants.  La communauté haïtienne des Droits de l’homme ne doit pas lâcher d’une maille la poursuite de cette affaire. C’est aussi l’occasion pour les autorités d’ouvrir grand les yeux sur l’industrie d’Orphelinats dans le pays, car on dirait que ces établissements causent plus de préjudices physiques et psycho-sociales aux enfants.

TOUT TIMOUN SE TIMOUN !

Rachel SAINT-JULIEN
Déléguée Nord de GRAPRODH (Groupe d’appui éducatif à la promotion des Droits humains)
Membre fondatrice de MANTAL AYITI/Chanje mantalite. 
20 février 2020

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