Haïti : il faut rompre avec ce système politique rétrograde

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Samedi 4 janvier 2020 ((rezonodwes.com))– L’Haïti de 2020 semble être l’aboutissement d’un «idéal détourné». Est-ce une fatalité ? Tout n’est pourtant pas perdu. Mais le temps presse. Le pays regorge de capacités et de compétences pouvant le faciliter à sortir dans cette impasse. Les énergies jusque-là comprimées peuvent se mettre rapidement en mouvement afin de redonner au pays les chances d’un sursaut salutaire.

1er Janvier 1804. Une date fondatrice scellant irrémédiablement la fin des  longs siècles de colonisation au terme d’une Révolution où les plus valeureux Héros du pays se sont sacrifiés. Elle devait ouvrir une page glorieuse d’une Haïti naissante.

La marche de la nation vers un idéal de liberté et de progrès a connu des contrecoups récurrents et violents. Au lendemain de l’indépendance, la priorité était à la construction à la hussarde et dans l’improvisation d’un Etat pour le doter d’institutions pérennes.

Le tout sur fond de luttes acharnées pour la prise du pouvoir, ce qui va profondément structurer la nature d’un système politique de domination par la force, l’arbitraire et l’exclusion.

L’enthousiasme révolutionnaire a vite laissé place à un désenchantement à mesure que les coups de force politiques et militaires s’accumulaient. Pas à pas, sous forme d’un nationalisme étriqué et d’une légitimité historique mise à contribution, l’édifice autoritaire se dessinait et se consolidait sur les décombres des rêves des pères fondateurs.

De crise en crise, le pays a vogué vers des lendemains incertains. Deux cent seize (216) ans après le recouvrement de la souveraineté nationale, le bateau prend l’eau de toute part. Les maux se multiplient et les menaces se font de plus en plus sérieuses et pressantes.

La souffrance nationale est totale. Le capital historique et symbolique de la Révolution ne peut être d’aucun secours. Il est définitivement liquidé. Il est bradé, à l’image des acquis fragiles de l’indépendance. Chez nos ancêtres et les héros d’une guerre  pour l’indépendance haïtienne terrifiante, la déception est immense.

«Idéal detourné»

La célébration de la Fête de l’indépendance  aujourd’hui semble sonner comme une douleur atroce. Elle n’a plus la même résonance. Galvaudée et réduite à un lugubre fonds de commerce, cette journée hautement historique est banalisée au fil d’«échecs recommencés».

Plus de deux siècles après la rupture avec la domination coloniale, Haïti n’engrange quasiment que des défaites. Enfermée dans un sous-développement politique et économique, elle s’expose à de sérieux périls. Sous les coups de boutoir de castes de type mafieux et conquérantes, l’Etat se trouve considérablement fragilisé et ses capacités de résistance sont dangereusement affaiblies.

Au bout du compte, le système mis en place depuis l’indépendance a fini par vampiriser l’Etat et le menace sérieusement dans son existence. Rien ne semble freiner cette spirale infernale dans laquelle est pris le pays. La confiance est rompue et le moral national est au plus bas, sapé par une actualité remplie de scandales en cascade…

L’heure est plus que jamais venue d’engager le pays sur le chemin de véritables réformes politiques profondes afin de permettre de le sortir de l’engrenage dans lequel elle s’est enfermée depuis des siècles.

En finir avec les bricolages du passé et les solutions de courte vue.

C’est ainsi qu’au  moment de son investiture , en mai 2011, le premier président  Tèt Kale avait déclaré  au moment  de son premier discours , le peuple haïtien assisterait à une nouvelle Haïti « open for business » et, en apôtre Tèt Kale , avait corné au public  présent : «Nous allons changer Haïti ! ».  Dans sa première adresse à la nation, il avait attisé la capacité des Haïtiens à atteindre des objectifs ambitieux aussi bien dans leur propre pays. À ce titre, il avait cité en exemple deux héros nationaux, l’empereur Jean-Jacques Dessalines et le général Capois-La-Mort.

C’est le même président Martelly  un  an et demi plus tard, qui est le premier chef d’État haïtien dans l’histoire à ne pas être présent pour la cérémonie de commémoration de la Bataille de Vertières !

Ce  même cas de figure pour son successeur qui n’arrive pas a mettre les pieds à Marchand Dessalines , à vertières et aujourd’hui le président Tèt kale 2 n’a pas célébré le 216 anniversaire de l’indépendance nationale. Il faut noter , l’année dernière aux Gonaives dans  sa boîte à promesses, Jovenel Moïse avait promis monts et merveilles.

La fuite en avant du pouvoir  PHTK et la ruse avec l’Histoire doivent laisser place aux initiatives de changement qui devraient être d’essence démocratique. Il est vrai que la crise multiforme qui secoue le pays est inextricable.  Mais elle peut et doit constituer une opportunité de rupture douce avec un système de gouvernance rétrograde , à bout de souffle et en fin de parcours. Il faut oser une véritable révolution citoyenne.

Celle-ci passe par l’instauration de véritables mécanismes de fonctionnement et d’arbitrage démocratique, de l’exercice des libertés et des droits. L’indépendance nationale ne peut prendre tout son sens que par la consécration d’une citoyenneté pleine et entière. C’est le plus bel hommage aux Pères de l’indépendance et une belle promesse pour les générations futures.

Vitalème ACCÈUS
acceus2009@gmail.com

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