Le Pacte de gouvernance économique et financière à la loupe des économistes

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La pauvreté s’accroît, la faim ronge les familles. Réduction du train de vie de l’État ou le grand bluff ? Et tous ces ministres chargés de mission auprès du PM ?
En faisant le deuil du Cash Management, le gouvernement entend faire face à la situation désastreuse des finances publiques autrement. Le Pacte de gouvernance économique signé entre le Ministre de l’Économie et des Finances et le Gouverneur de la Banque de la République se veut une planche de salut à une situation économique critique, même avec du scepticisme des spécialistes

Port-au-Prince, lundi 4 février 2019 (9rezonodwes.com))–Le document charpenté sur 12 articles entend redresser une situation économique en agonie. Le Pacte de gouvernance économique et financière paraphé, vendredi, entre le Grand argentier de la République et le Gouverneur de la Banque centrale porte sur la gestion de l’exécution des dépenses publiques et des moyens de règlement de la facture pétrolière.

Dans les détails, le texte prévoit des mécanismes de dépenses publiques, de la rigueur dans la trésorerie et l’élimination des certaines exonérations, selon  Ronald Grey Décembre, ministre de l’Économie et des Finances. Cette décision prise en Conseil des ministres et validée par le Chef de l’État, Jovenel Moise, sera appliquée dans les 8 prochains mois, poursuit le grand argentier de la République.

Sur ce point, l’économiste Pierre Mary Boisson s’interroge sur la création monétaire envisagée pour le compte de cette politique. ‘’ La mesure est à saluer, cependant la création monétaire reste le seul point d’ombres du document« , analyse Mr Boisson.    

Réduction du train de vie de l’État ou le grand bluff ?

Les indicateurs macroéconomiques sont inquiétants. L’inflation atteignant les 15%, la volatilité du taux de change, le déséquilibre de la balance commerciale corollaires d’un déficit budgétaire accru révèlent l’incapacité et de l’amateurisme de l’équipe en place. L’effondrement du pouvoir d’achat des couches les plus vulnérables s’accentue, la pauvreté s’accroît, la faim rongeant les familles concourent vers le chaos social, selon des observateurs.

De Jack Guy Lafontant à Jean Henry Céant, les discours à effet d’annonce ont pris le pas sur le réel, le concret. La réduction du train de vie de l’État, l’élimination de certains privilèges accordés à des hauts dignitaires longtemps prônées n’ont jamais été appliquées, se révolte l’économiste Eddy Labossière.

Le docteur en économie a également évoqué des postes créés pour satisfaire les caprices de certains proches fragilisant le cadre macroéconomique. ‘’Des postes de sous-secrétaires d’État nouvellement créés, s’ensuivront des dépenses contractées représentant au moins 30% du budget national non justifiées mettent à mal la croissance économique’’, soutient Eddy Labossière.

S’agissant du Pacte de gouvernance économique et financière, Eddy Labossière s’est montré sceptique. ‘’ La mesure est incomplète. Pour remonter la pente, il faudra agir dans le structurel et non le conjoncturel. Il faut s’investir dans la production nationale’’, estime le professeur.  

L’exécution de la dernière facture pétrolière révèle au grand jour les conséquences des options dangereuses privilégiées par l’État. À l’instar du Cash Management, le Pacte de gouvernance économique et financière, sans être un antidote, doit devoir faire ses preuves avant de céder aux défis des mauvais jours.

Hervé Noël
vevenoel@gmail.com

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