par Kerlens Tilus
« Cette opposition moribonde, rapace et vorace composée de nullités sans vision ne peut en aucun cas faire la différence. Le peuple haïtien ne peut pas se fier à ces bluffeurs même quand je reconnais que certains d’entre eux sont bien formés, mais l’envie démesurée du pouvoir les rend inconscients. »
Jeudi 24 janvier 2019 ((rezonodwes.com))– Je n’ai aucune sympathie pour Michel Martelly. Je n’ai jamais aimé l’homme parce qu’il est grivois. Je l’ai combattu de 2010 à 2016. Je n’ai aucune admiration pour l’homme. Je dois dire que Michel Martelly peut agir comme un idiot, mais il a le gros bon sens. Je ne saurais être le défenseur de Michel Jospeh Martelly. Je ne suis ni duvaliériste, ni lavalassien ni PHTKiste. Je suis un patriote qui veut du bien pour mon pays et qui s’inscrit dans une logique de changement que ces trois mouvements ne peuvent pas apporter, car ils ont prouvé qu’ils ne sont pas à la hauteur.
Qu’est-ce-que nous voulons débattre dans ce texte et pourquoi l’écrire en ce début de l’année ? J’ai plusieurs raisons pour écrire ce texte. Premièrement, je suis un observateur avisé qui fait des projections sur le futur en tenant compte du passé et du présent. Deuxièmement, je remarque que Michel Martelly a de bons conseillers qui le coachent et qui sont efficaces. Troisièmement, je remarque que l’opposition n’a pas appris la leçon des élections de 2016 qui a propulsé Jovenel Moise à la première magistrature de l’Etat. On peut toujours dire que l’élection était truquée, qu’il a acheté des votes, mais s’il y avait un candidat unique de l’opposition qui faisait l’unanimité, plus de gens sortiraient pour voter et les choses auraient été différentes. Quatrièmement, je veux lancer une mise en garde d’abord à l’opposition, ensuite au camp Martelly.
Michel Martelly a pour mission : de salamiser Haïti, détruire tout ce qui nous restait comme valeurs, encourager les jeunes à fuir le pays, ouvrir le pays aux pédophiles de la communauté internationale, continuer à enfoncer le peuple dans la misère, détruire tout espoir dans le cœur des Haïtiens et ensuite permettre aux ennemis d’Haïti de jouir de nos richesses sans contrepartie. Nous n’allons pas entrer dans les détails pour dire qui est Michel Martelly. Le type se passe de présentation. Il est la négation de tout ce qui est bon et bien.
Tout simplement, il faut donner à César ce qui est à César, il est loyal envers ses amis et ses proches. Michel Martelly était secoué après les évènements du 6, 7 Juillet au point qu’il a rapatrié sa famille qui est toujours aux Etats-Unis d’Amérique. Mais, après la mobilisation du 17 Octobre et du 18 Novembre, Michel Martelly est retourné en force. N’est-ce-pas que le 2 Janvier, les Haïtiens ont fait le déplacement en foule aux Champs-de-Mars pour écouter et danser ces grivoiseries ! le 1er Janvier, son médecin particulier, le clairinier Jack Guy Lafontant n’a-t-il pas dit au sommet de son tafia que le régime Tèt Kale maintiendra le pouvoir pour 20, 30 et 50 ans. Il est naïf de penser que Michel Martelly ne se prépare pas pour les joutes de 2021.
Plus on attaque Martelly, plus on le rend fort. Plus on répond à ses provocations, plus on le rend fort. C’est un type qu’on doit ignorer et éviter tout bonnement. Michel Martelly a 30 ans de carrière dans la musique. Il était toujours entouré de malfrats, d’assassins, de voleurs, de trafiquants de drogue, des « move zafè » et supporté par des chacals de la bourgeoisie. Alors, il est l’un des promoteurs du système « peze souse ».
Michel Martelly est non seulement l’homme de la bourgeoisie économique, Reginald Boulos l’a confirmé récemment et il est l’homme des ennemis d’Haïti, particulièrement des Etats-Unis. Avec Kenneth Merten qui a un poste clé au Département d’Etat Américain, il est clair que si les Etats-Unis financent les élections, ils pourront imposer au pays un président. Et ne vous en faites pas, Michel Martelly est l’homme des Américains.
Michel Martelly avait fait trois voyages d’importance avant la fin de son mandat : deux voyages au Vatican et un voyage officiel aux Etats-Unis d’Amérique. Personne ne sait ce qui a été discuté lors de ces voyages, et on ne sait pas quel deal Michel Martelly a obtenu avec les Américains. Quelqu’un qui pense que Michel Martelly ne sera pas un candidat important se leurre.
Il faut dire aussi que le clan à Martelly qui a siphonné une bonne partie des fonds du Petrocaribe a assez d’argent pour acheter une élection même si ces dernières seraient crédibles. An bon kreyòl, nou ka di : kolew pran, pa kole ou pran. Martelly 2 ne sera pas comme Martelly 1. Les Etats Unis donnent la garantie à Martelly qu’il recevra de l’aide pour relancer l’économie nationale. Nous savons que vis-à-vis d’Haïti, les Etats Unis ne tiennent jamais ses promesses. Martelly risque de se trouver face à un peuple enragé qui veut tout casser. Il n’est que d’ attendre. Si Martelly arrive à être réélu, ce ne sera pas un quinquennat facile. Non seulement, il n’aura pas la manne de Petrocaribe, mais le peuple ne va pas tolérer ses escapades. Je vous garantis si les présentielles auraient eu lieu cette année, Michel Martelly serait réélu ; il n’y a pas à sortir de là.
Même quand aucun sondage n’est fait sur cette question, la perception d’une partie de la population au sujet de Michel Martelly n’a pas changé. La majorité silencieuse qui ne s’intéresse pas à la politique et qui ne veut pas voter est le premier supporteur de Michel Martelly. Les intellectuels de belle eau en Haïti et dans la diaspora qui restent inactifs croyant qu’ils sont trop importants pour participer à la vie politique du pays, sont également des supporteurs de Michel Martelly. Les professionnels de la classe moyenne qui sont inactifs, qui ne cherchent pas à être autonomes et qui attendent un emploi dans l’administration publique et dans une ONG sont des supporteurs de Michel Martelly, et en dernier lieu, il en est de même pour les jeunes qui ne veulent pas s’entendre et se mobiliser pour monter un mouvement national pour proposer une alternative au pays.
Maintenant, passons à l’opposition. Puisque nous avons dit que l’opposition travaille pour la réélection de Michel Martelly, il faut le démontrer. Nous venons de démontrer tout ce qui se joue en faveur de Michel Martelly. On doit maintenant se poser la question : est-ce que l’opposition peut contrecarrer Martelly ? Et, si oui, comment. Avant d’aller plus loin, l’on doit dire que l’opposition haïtienne par rapport aux bandits légaux au pouvoir est plurielle.
Il y a trois groupes au sein de l’opposition. Premièrement, il y a les modérés. Parmi les modérés, on peut citer l’OPL, la Fusion des Socio-Démocrates et le RDNP. Deuxièmement, on peut citer les casseurs qui veulent obtenir le pouvoir par la force juste pour bénéficier des privilèges, il n’ont aucune vision de l’Haïti Nouvelle, ils n’ont aucun projet et ne pensent qu’à eux-mêmes. Troisièmement, il y a un petit groupe qui veut le pouvoir, mais qui fait du lobby dans les grandes capitales et qui s’allient par moment à ceux qui utilisent la violence.
Pour des raisons stratégiques, je me garde de parler du comportement des modérés qui ne font pas l’unanimité, mais qui ont du poids sur l’échiquier politique et qui pourrait proposer une alternative s’ils arrivent à se mettre ensemble. L’attitude séparatiste du RDNP donne à penser. Il est presqu’impossible que ces trois groupes puissent trouver un consensus puisque les casseurs et les vendeurs de patrie ne s’intéressent qu’à l’argent et ne font que pratiquer la politique de « ôte-toi que je m’y mette ».
Ce qui est important de constater, l’opposition n’a aucune position claire sur la diaspora et sur l’amendement constitutionnel. Même les modérés n’arrivent pas à proposer une vision claire et un projet rassembleur. Demain, le GRAHN qui organise une rencontre de sensibilisation au Cine Triomphe qui est le seul think tank haïtien qui produit des études pour le pays qui a une vision de l’Haïti Nouvelle clairement énoncée et qui propose un projet commun ne signifie rien pour cette frange de l’opposition. Si bien qu’ils ont été invités à participer à la rencontre du GRAHN, mais personne ne représentera officiellement leurs partis.
Alors que l’on sait à coup sûr, il n’y a pas de leader sans les bonnes idées. Tu peux avoir toute la bonne volonté, toutes les bonnes qualités pour diriger un pays, si tu n’as pas une équipe de penseurs, d’experts et de professionnels capables de mettre en place une vision, une stratégie, un projet commun et trouver des moyens pour le matérialiser, se lave men, siye atè. Tu es voué à l’échec. Car, au point où l’on est en Haïti, un parti ne peut pas faire à lui seul le travail qu’il nécessite pour sortir Haïti de l’ornière du marasme. Il faut des alliances, pas seulement pour la prise du pouvoir et pour partager le gâteau, mais pour changer le pays. Je n’ai pas à réinventer la roue. Les documents du GRAHN sont une source inépuisable de bonnes idées. Je suis comme un vulgarisateur des idées du GRAHN. Je ne représente pas le GRAHN et ne parle pas pour le GRAHN, mes opinions restent mes opinions. Mais, je reconnais qu’aucune équipe au pouvoir en Haïti ne peut pas donner des résultats sans l’apport du GRAHN qui inspire confiance. D’ailleurs, le GRAHN avait été consulté pour faire partie comme observateur dans le CIRH, mais le représentant du GRAHN, Jean Marie Bourjolly a été intimidé par Bill Clinton et il a dû laisser la table. C’est pour vous montrer que le GRAHN n’est pas prêt à marcher avec n’importe qui et entrer dans de mauvaises combines, mais ferait tout ce qui est en son pouvoir pour épauler un groupe de gens qui ont de la volonté et qui sont honnêtes et qui veulent voir l’émergence de l’Haïti Nouvelle.
Je n’ai pas confiance dans cette opposition et nombre de ces ténors sont des égoïstes et certains ont un ego surdimensionné même quand ils ne sont pas qualifiés pour être chef d’Etat. Je n’ai pas besoin de citer des noms, car je veux que mon texte puisse aller au-delà des querelles de chapelle. Crois-le ou non, seule la jeunesse peut forcer cette opposition à se mettre à la réflexion et mettre les extrémistes et les inconscients au pied du mur. Tout le monde ne peut pas être candidat à la présidence et pourtant, ils veulent tous être présidents. C’est le problème au sein de l’opposition. Tèt Kale n’aura pas plus de trois candidats pour faire diversion au premier tour. Mais, s’il y a un deuxième tour, les PHTKistes s’uniront derrière un candidat unique.
Et, avec toutes les tactiques que l’on connait : corrompre les membres du CEP, acheter des votes, faire mainmise sur les bureaux de vote surtout en province, etc., ils peuvent facilement remporter les élections présidentielles. Comme analyste politique qui a de la clairvoyance, je vois deux candidats qui auraient pu faire l’unanimité au sein de l’opposition, mais dès le départ, ils doivent s’asseoir avec les extrémistes casseurs et les vendeurs de patrie pour leur signifier les règles du jeu. A prendre ou à laisser. D’ailleurs, ils ne font pas grand poids. L’élection de 2021 sera déterminée par les jeunes et les femmes. Une femme, candidat unique de l’opposition pourra facilement battre Michel Martelly ou n’importe quel candidat représentant Tèt Kale. Mais, cette femme doit pouvoir comprendre les enjeux et doit pouvoir être le contraire de tout ce que représente Michel Martelly.
Le combat pour les présidentielles de 2021 sera mené sur les réseaux sociaux et peut être à travers les medias. Mais les réseaux sociaux auront plus de poids. Voilà pourquoi les Tèt Kale ont déjà une machine infernale sur ces réseaux et plusieurs bloggeurs qui commencent déjà à préparer 2021. J’ai déjà écrit pourquoi il serait mieux de comptabiliser sur une femme. Michel Martelly dégrade la femme haïtienne et il a tout fait pour porter les jeunes à laisser le pays. Alors, ces derniers doivent envoyer un signal clair à Michel Martelly, aux duvaliéristes, aux lavalassiens que nous ne retournerons aux modèles surannés.
Ce que je propose ici nécessite pas moins de 12 mois pour être réalisé. Mais, avec la volonté et un peu de sincérité, l’opposition peut se renforcer pour neutraliser la Machine PHTK qui est en force et qui emporte tout sur son passage comme une avalanche. Ce n’est pas sans raison que j’ai écrit récemment Lavalas ak Tèt Kale se degouden ak senkant kòb, et makout ak lavalas kraze nan bouyon tèt kale. Nous devons proposer une troisième voie. Et, ceci c’est un mariage des hommes d’affaires progressistes, des intellectuels conscients, des professionnels bien-pensants. Quand le peuple verra l’harmonie entre les élites de ce pays, il les suivra. Un raz-de-marée à la manière de 1990 est possible, mais il faut le planifier. La politique est à la fois un art et une science. Voilà pourquoi on enseigne les sciences politiques à l’Université.
Le vrai leader est celui qui s’efface pour servir les auteurs, le vrai leader est celui qui a un discours rassembleur même quand ils fustigent les malfrats. Le leader sérieux c’est celui qui connait ses limites et qui fait appel à des gens honnêtes, capables et consciencieux pour monter une équipe. Je vais dire une chose qui va surprendre, le leader féminin que je vois déjà à l’horizon n’est pas une politicienne, mais c’est une personne qui comprend les enjeux et qui est capable de mobiliser plus d’un million de votants.
Cette fois-ci, je vous garantis qu’Antonio Sola, même avec ces millions ne pourra pas dérailler cette machine. Il faut tout simplement de la sincérité, de la conscience et une volonté de changer les choses. Nous pouvons défier les Américains, les Dominicains qui placent des leaders en Haïti, il faut le vouloir tout simplement. Les pères Jean Marie Vincent, Antoine Adrien étaient parmi ces penseurs qui ont mené le « woulo konpresè » en 1990, malheureusement, ils avaient choisi le mauvais candidat. Il y a encore de ces hommes sur le terrain qui peuvent mener une bonne campagne. Michel Martelly n’est pas ce taureau que l’on pense.
Il a ses faiblesses et on doit les exploiter pour le neutraliser. Surtout, il ne faut pas mener une campagne anti-Martelly. Le mieux c’est de l’ignorer tout bonnement et de faire un rapprochement sincère avec la diaspora, et de rester sur les idées. Quand nous aurons le candidat qu’il faut, la vision commune qu’il faut et le projet commun, le peuple avec ses maigres moyens financera les élections, financera ce candidat et participera au changement pour l’émergence de la Nouvelle Haïti. Ce n’est pas un vœu pieux, mais c’est une réalité qui a déjà été matérialisée en Haïti et dans d’autres pays du Sud. Que l’opposition haïtienne fasse le dépassement nécessaire pour mettre au premier plan les intérêts de tous les Haïtiens. Que vive Hayti.
Kerlens Tilus 01/22/2019
Snel76_2000@yahoo.com
Tel : 631-639-0844
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