Port-au-Prince, le 12 novembre 2015 (AFP).- Des centaines de personnes ont manifesté contre l’insécurité dans la nuit de mercredi à jeudi à Pétionville, banlieue de Port-au-Prince, où un homme, accusé par les manifestants d’être un malfaiteur a été brûlé vif.
Ce chauffeur de taxi-moto explique comment l’homme a été lynché par les riverains en colère. «La population a sauté sur ce type, a mis des pneus autour de lui, l’a aspergé d’essence et y ont mis le feu,» explique Fritzner.
Depuis plusieurs semaines, les habitants de la plaine de Port-au-Prince alertent les autorités sur des cas de cambriolages et de violences sexuelles qui seraient commis par un groupe d’hommes.
«Ces types, quand ils passent dans une zone, ils forcent les gens à avoir une relation sexuelle avec leur mère, leur frère et soeur. Ils vous violent vous et votre famille. Si vous avez de la chance, vous restez en vie, mais sinon ils vous tuent,» détaille Fritzner qui habite sur les hauteurs, à une dizaine de kilomètres de la plaine. «Ici à Pétionville, on ne veut pas être victimes aussi, alors c’est pour ça qu’on s’est levé».
La police nationale d’Haïti (PNH) déplore vivement cette violence populaire.
«Nous ne pouvons tolérer ces actes: la population n’a pas le droit de se faire justice elle-même», a déclaré jeudi matin Frantz Lerebours, porte-parole de la PNH. «Il faut que ces gens rentrent chez eux, car sinon la police va les forcer à le faire».
Le policier suspecte une manipulation de l’information. «Je suis persuadé qu’il y a une volonté d’alimenter les fausses rumeurs pour effrayer la population», indique-t-il.
Frantz Lerebours a par ailleurs expliqué que «des plaintes pour cambriolages et viols ont été enregistrées», notamment dans la région de la plaine de Port-au-Prince, mais «pas d’ampleur à montrer le caractère systématique de ces attaques».
Cette soudaine mobilisation populaire s’est déroulée alors que l’opposition a exceptionnellement prévu ce jeudi de débuter à Pétion-ville sa nouvelle manifestation de contestation contre le pouvoir en place.
Agence France Presse