Vendredi 17 août 2018 ((rezonodwes.com))– A un ami dominicain qui me demanda de lui faire part de mes impressions sur le choix du premier ministre, je n’ai pas jugé utile de lui exposer le fond de ma pensée, je lui ai répondu laconiquement: une vraie farce des politicailleurs traditionnels de chez nous.
En effet si nous analysons objectivement le programme que le parti RENMEN HAITI avait vendu au peuple et que ce dernier, en dépit des millions investis dans la campagne de son candidat Jean-Henri Céant aux élections présidentielles, a gratifié celui-ci d’un lamentable score de 1% au décompte final des voix, c’est accepter en toute légitimité que le discours du parti n’a pas convaincu ni même sensibilisé le peuple, raison pour laquelle le poulain a été désapprouvé. Coup de théâtre, après 18 mois de disgrâce vécue avec beaucoup de rancœur, pour preuve, les messages rageurs véhiculés sur les réseaux sociaux par le notaire, il est propulsé à l’avant-scène politique en qualité de PM.
Il paraît qu’une partie du programme de son parti ou peut-être sa totalité a été relue, re-analysée et aujourd’hui adoptée par les manitous, faiseurs de roi de chez nous. Donc M. Jean-Henri Céant a été désigné pour mettre en application ce fameux programme ou y-a-t-il anguille sous roche? Et si le choix n’est pas aussi innocent qu’on serait porté à le croire. Graham Greene nous a qualifiés de comédiens, d’autres analystes politiques plus percutants nous affublent de tous les noms et non des plus pompeux tels que: vers de terre, sangsues, hommes sans colonne vertébrale, hommes sans conviction politique. Et comme un déficit cervical héréditaire nous continuons à assumer fièrement tous ces qualificatifs. Il faut créer un nouvel haïtien.
Dans l’attente de l’acceptation ou du rejet du P.M. désigné, nous nous demandons, effarés, s’il n’existe plus d’hommes capables dans ce pays de 12 millions d’habitants pour que ce soit les noms habituels des mêmes routiers qui refont toujours surface avec pour seul objectif le maintien du statu quo n’offrant aucune alternative nouvelle à notre bon vieux peuple. Qu’ont-ils déjà réalisé de si significatif pour que l’on continue à placer sa confiance dans ces vieux bouillons réchauffés comme dirait maman. A ce nouveau P.M. on attribue un cabinet peut être fictif qui ne présage rien de bon car aucune personnalité d’envergure n’y figure.
Par reconnaissance de la compétence éprouvée et de l’énormité du fardeau qui repose sur le dos de la diaspora haïtienne, ne pensez-vous pas, messieurs les décideurs, que ses membres, plus familiers aux avancées de la technologie et plus habiles au management pourraient mieux aider au redressement de la barque nationale à moindre coût que ces individus sans cesse à l’affût de l’occasion tant espérée de s’enrichir illicitement sans peur de représailles par absence totale d’appareil judiciaire apte à les poursuivre. Notre chère Haïti s’engouffre chaque jour davantage dans le marasme, faute de voies efficientes de recours.
Tout le monde, les officiels du gouvernement en tête reconnaissent volontiers que la corruption a été élevée au grade de système dominant qui paralyse le développement du pays. Ils n’ignorent pas que seul un système judiciaire fort et indépendant peut redresser cet état de fait. Ils le savent mais refusent de travailler pour assurer son avènement. Pourquoi? Tout le monde craint d’être le premier à tomber sous son couperet parce qu’à un niveau ou à un autre aucun administrateur des deniers publics n’est en odeur de sainteté, tout le monde se sait coupable.
Dans notre dernier article, nous avons relevé que les articles 91, 96 et 135 de la fameuse constitution devaient être modifiés ou tout simplement abrogés. Qui pis est, une constitution qui a placé le pays en mode électoral permanent, appauvrissant sans raison valable le trésor public tout en créant de nouveaux riches, obligeant le pouvoir central à avoir recours à la mendicité internationale sans gêne et sans honte, Il faut que des correctifs soient apportés à cette situation pour stopper l’émergence perpétuelle de nouveaux Conseils Électoraux Provisoires et leurs lots de renouvellement de matériels indispensables à la tenue des joutes. Le président actuel a manifesté un certain intérêt dans la formation du Conseil Électoral Permanent ce que M. Martelly avait vainement essayé de réaliser.
Souhaitons qu’il donne suite à cette action. Mais de grâce pas en faisant appel à aucune personnalité ayant déjà été membres de ce corps, il y a encore des hommes et femmes instruits, patriotes et sérieux en Haïti sans compter le réservoir inépuisable de la diaspora Pour recevoir le concours de la diaspora, il suffit de lancer juste un appel à candidature et chers dirigeants, vous serez étonnés de constater le nombre de médecins, professeurs, avocats, ingénieurs déjà à la retraite qui sont disposés à vous aider dans la constitution du C-E-P(permanent).- Hélas nous sommes persuadés que ces ressources seront négligées, alors qu’ils coûteraient moins cher que les hommes recrutés sur place juste parce que les hommes de pouvoir en Haïti ont une peur bleue du savoir, de l’intelligence et surtout de la rectitude.
Il est évident que le déficit d’hommes est un constat manifeste dans notre société. Les quelques rares échantillons dont nous pouvons nous prévaloir encore craignent de voir leur dignité écorchée par les manœuvres souterraines des petits envieux qui pilullent à travers les couloirs de l’administration et publique et privée en Haïti. La justice à laquelle quiconque pourrait avoir recours n’existe pas pour ainsi dire car elle a été vassalisée, disons mieux, assassinée par les pouvoirs exécutif et législatif. On ne saurait parler, dans le cas actuel, de solution pouvant sortir le pays de l’abîme dans lequel il est plongé. Ce sujet sera abordé le jour que les dirigeants manifesteront clairement et sans faux détours la volonté de faire briller la lumière de la justice et dans leurs paroles et dans leurs actes et dans leurs actions.
Tant que la constitution continuera à considérer le premier mandataire d’Haïti comme un mineur nullement redevable de ses actes par devant la justice, tant que la diaspora restera mains et pieds liés, incapable de jouer sa partition dans la conduite des affaires de son pays, tant que des balises n’empêchent pas a qui le veut d’occuper n’importe quel poste électif sans qualificatif, ni compétence, tant que la conscience patriotique ne l’emportera pas sur les intérêts individuels, tant que le sort des masses laborieuses ne fera l’objet d’aucune préoccupation constante par le gouvernement d’abord et l’Élite financière ensuite, tant que nos taxes seront administrées par la présidence, la primature et le parlement comme les uniques ayants droit, notre île paradisiaque continuera sa chute libre en regardant progresser le monde avec tristesse et désolation.
Garry Muzeau
+509.34442571

