par Woodkend Eugène
La majorité des grenadières U20 ont regagné Port-au-Prince mercredi après midi et ont été accueillies par la ministre démissionnaire de la Jeunesse et des Sports. Contentes de revenir au pays, mais déçues de le faire si tôt après leur disqualification, les jeunes joueuses, par leur présence remarquable en France ont pu agir d’une façon que les dirigeants haïtiens puissent dégager au moins trois grandes leçons
Mercredi 15 août 2018 ((rezonodwes.com))– Nos admirables filles de la sélection U-20 de foot-ball ne nous rapportent pas le trophée de la coupe du monde 2018.
Après deux défaites face à la chine (2-1) et le Nigéria (1-0), elles ont perdu leur dernier match contre l’Allemagne (3-2), lundi 13 août. L’équipe est donc éliminée du tournoi. En principe, elle l’était depuis sa défaite face au Nigeria.
Mais malgré son élimination, l’équipe n’a pas démérité. On est tous.tes très fiers.es de nos vaillantes et talentueuses filles qui, à la place d’un trophée, ont donné trois grandes leçons à la nation que les autorités se devraient d’apprendre, de comprendre et d’appliquer.
Première leçon : Représenter son pays est à la fois un honneur et une responsabilité. En foot-ball comme en politique, il est noble d’être le garant de la fierté et du bonheur de tout un peuple. Il est grand d’avoir sur les épaules le sort du destin collectif. Mais, cela demande en conséquence qu’on donne le meilleur de soi-meme en termes d’efforts et de sacrifices pour combler les attentes des représentés.es.
Ça, nos jeunes grenadières de moins de 20 ans l’ont bien compris. Elles se sont battues sur le terrain sans se ménager. Elles ne se sont jamais découragées, même quand elles étaient menées au score. Elles n’ont rien lâché et ont tout tenté pour faire notre fierté et notre bonheur. Par cette rage de réussir et de faire notre fierté, elles ont indiqué la voie à nos dirigeants politiques.
Alors, il est temps que ceux-ci commencent à imiter nos grenadières en faisant preuve de sens de responsabilité et de grandeur d’âme dans leur fonction de représentants du Peuple et garants de son bonheur et de sa fierté. Car, sur ce point précis, nos responsables d’Etat n’ont pas encore l’âge de nos filles. Ils ont besoin de grandir pour arriver au stade de maturité où ils sauront donner le meilleur d’eux mêmes pour garantir le bonheur du peuple qu’ils représentent.
Deuxième leçon : Il faut savoir s’indigner, se sentir déçu et exprimer sa déception face à l’échec ou le manquement à une responsabilité publique. Après leur défaite face au Nigeria, nos filles étaient inconsolables. Elles ont fondu en larmes et se sont excusées. Elles avaient mal de n’avoir pas réussi; mal de passer à côté de leur objectif; mal de n’avoir pas tenu leurs promesses de gagner; mal de décevoir la nation qu’elles représentent.
En ce sens, elles ont encore donné l’exemple à nos hommes politiques qui, quant à eux, sont indifférents par rapport à leur échec dans la gestion du destin collectif. Ils n’éprouvent aucun remord de décevoir la nation. Au contraire, face à l’échec et les promesses non tenues, ils deviennent plus arrogants. Aucune lueur de gêne et d’attendrissement du cœur.
Rien ne fouette leur orgueil: ni les propos de Trump, ni le développement de l’autre côté de la frontière, ni les rapports classant le pays parmi les plus pauvres du monde, ni le regard de pitié que leur jettent les autres dirigeants du monde lors des sommets interétatiques, ni même les injures du peuple… Ils sont indifférents par rapport à tout cela. Castrés de tout orgueil. Incapables d’avoir honte. incapables de tout sursaut de grandeur. De vrais “sankoutcha”! Des “sansantiman”, sans idéal ni rêves pour leur peuple.
Troisième leçon : en nous donnant ces bons exemples, les grenadières U-20 nous indiquent une bonne piste de régénération nationale: le pays doit investir dans ses jeunes, particulièrement ses filles pour les rendre autonomes et aptes à servir le pays et devenir les ouvrières de son développement. Il ne s’agit pas de quotas ou de faveurs, mais plutôt la mise en place de conditions propices à leur plein épanouissement et leur autonomie.
Cette parole ne plaira pas à certains petits politiciens matchistes qui se nourrissent érotiquement de la dépendance de nos filles en échange de quelques miettes d’avantages. Mais il est temps qu’ils se rappellent que les jeunes et les femmes sont les deux grandes majorités démographiques du pays. Ces 2 catégories socio démographiques portent l’espoir de la nation. Alors, préparons nos jeunes pour demain, donnons plus de responsabilités politiques à nos femmes méritantes et travaillons à l’autonomie de nos filles.
Aux grenadières U-20, nous disons un grand merci. Que le succès jonche la carrière de chacune d’entre vous comme footballeuse! Bisous les filles ?
Woodkend Eugène, 13 août 2018
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