6 octobre 2025
« Coin de l’histoire retrouvée »: Lettre de la veuve du Roi Christophe au président Boyer
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« Coin de l’histoire retrouvée »: Lettre de la veuve du Roi Christophe au président Boyer

Rezo Nòdwès : « Coin de l’histoire retrouvée » Lettre de Mme Henri Christophe au Président Boyer, Port-au-Prince, juillet 1821

Détounman lajan leta depi lontan nèg ak nègès pran gou ! « Mme Christophe avait fait placer des fonds en Angleterre, dans le temps de la plus grande prospérité de son royal mari », a révélé le journal La Concorde du 24 février 1822.




Dimanche 25 mars 2018 ((rezonodwes.com))– La veuve du Roi Christophe avant de s’embarquer pour l’Angleterre avec ses deux demoiselles, où il est bruit que des descendants du Royaume du Nord, existeraient encore au Royaume-Uni, a adressé une lettre au président Jean-Pierre Boyer. Cependant, il est important de noter même quand on voit faire au MUPANAH le rapprochement entre les Héros de l’Indépendance, ni Pétion ni Christophe ne se sont adressés la parole depuis janvier 1807, jusqu’à leur décès respectif en 1818 et 1820, pourtant ils étaient les deux principaux comploteurs de l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, un nom interdit de citer en Haïti d’octobre 1806 à avril 1845

recherches: cba
sources: La Concorde du 24 février 1822, n° 8

Après la tournée qu’il venait de faire pour rétablir la tranquillité publique dans les départements de l’Artibonite
et du Nord, à la mort de Christophe en octobre 1820, et pour consolider le gouvernement de l’Etat par des mesures appropriées aux circonstances, Boyer se décida à passer lui-même quelques semaines en repos à la campagne.
Il en fit donner l’avis au public par le secrétaire général, dès le lendemain de son retour à la capitale.

Toutefois, l’expédition des affaires ne devait pas en souffrir, et les trois grands fonctionnaires restèrent chargés, chacun dans ses attributions, de faire parvenir au Président la correspondance y relative et les réclamations des particuliers, afin de recevoir ses ordres. Cette disposition de sa part n’était pas chose inutile; car il allait, pour ainsi dire, se retremper pour mieux remplir son devoir envers le pays dans les événements qui allaient surgir.




Ce fut dans cette circonstance que la Veuve de Henry Christophe prit la résolution de quitter pour toujours Haïti avec ses deux filles, pour se rendre en Angleterre.

Boyer qui ne s’entendait nullement avec Christophe depuis 1807 prit bien soin de sa famille en 1820 à la mort de ce dernier

Depuis qu’elles étaient venues du Cap-Haïtien à Port-au-Prince, elles avaient été constamment l’objet des attentions délicates du Président et de sa famille, qui les voyaient souvent, comme pour les consoler dans leur malheur; et il paraît qu’elles trouvaient dans les procédés de Célie Pétion surtout, le témoignage d’un cœur sensible qui comprenait sa position particulière à leur égard.

Ces personnes intéressantes pouvaient donc continuer à habiter leur pays natal sous des auspices aussi favorables; mais Madame Christophe ayant été assez bien avisée pour faire placer des fonds en Angleterre, dans le temps de la plus grande prospérité de son royal mari, elle reçut, dit-on, des philanthropes de ce pays qui avaient été en correspondance avec lui, le conseil de s’y rendre, en même temps que des négociants anglais, établis au Cap-Haïtien, l’y engageaient surtout, accueillirent cette invitation avec empressement, et leur mère dut déférer à leurs désirs. Le fils de Robert Sutherland, qui les avait vues à la cour de Sans-Souci en compagnie de Sir Home Popham, s’était constitué leur chevalier à Port-au-Prince; il leur offrit de les accompagner en Angleterre.

Les arrangements

Le Président d’Haïti ne pouvait mettre obstacle à leur résolution : le 23 juillet 1821, il leur délivra un passeport à cet effet, et le 31, la veille de leur départ sur un navire marchand, Madame Christophe lui adressa la lettre suivante, écrite par sa fille aînée, nommée Améthyste :

Au Port-au-Prince, ce 31 juillet 1821, an XVIIIe de l’indépendance. 




A Son Excellence le Président d’Haïti. 
Président, 

Sur le point de quitter pour quelque temps ce beau pays, cette patrie qui nous a vues naître et que nous ne cesserons jamais de chérir, moi et mes filles, nous éprouvons le besoin de vous exprimer autrement que de vive voix, toute la reconnaissance que nous ressentons des procédés généreux dont Votre Excellence a usé envers nous depuis neuf mois passés. 

Recevez, Président, les nouvelles et solennelles assurances du souvenir profond que nous en conserverons. 

Dans nos malheurs, nous avons trouvé en vous un protecteur, un ami, un frère… Nos cœurs en sont pénétrés d’admiration. 

Nous vous prions de nous continuer les mêmes dispositions, et nous connaissons assez votre âme pour être assurées que cette prière ne sera pas vaine. Nous faisons la même prière à votre famille et à la fille de votre immortel prédécesseur, auxquelles nous promettons le plus tendre souvenir. 

Je laisse au Cap une partie de ma famille et celle de mon feu mari ; je les recommande à toute votre bienveillance. 

Je mets sous votre puissante sauvegarde et sous celle de l’honneur de mes concitoyens qui m’ont accueillie avec tant de bienveillance, et la maison que je possède depuis longues années au Cap, et celles que mes filles et moi avons acquises et payées comptant aux domaines, lors des ventes qui en ont été faites par l’État. 

Pensant que les importantes et nombreuses occupations du chef de l’État, mon puissant ami, ne lui permettraient pas de régir pour moi ces diverses propriétés, j’ai donné ma procuration au général Magny

Je prie Votre Excellence de l’appuyer de toute sa protection à cet effet. Une grande infortune ne peut intéresser qu’un grand homme ; les indiscrétions que la mienne me met dans le cas de commettre seront, à ce titre, mises par vous au chapitre des exceptions auquel elles appartiennent. 

Je le répète, Président; dans nos malheurs, vous vous êtes montré notre protecteur, notre ami, notre frère, et ces titres m’ont portée à vous demander ces nouveaux et importants services : je sais que vous me les rendrez. 

Je suis avec respect, Président, de Votre Excellence, la très reconnaissante concitoyenne et amie, 

Signé : Veuve HENRY CHRISTOPHE. 

Cette lettre, pleine de convenance, de sentiment et de dignité, fait autant d’honneur à la mémoire de la Veuve de
Christophe et de ses filles qu’à celle de Boyer. En la lisant, on sent que c’est le cœur d’une femme qui l’a dictée, que
c’est sa main qui l’a tracée. On y reconnaît la haute position que ces personnes ont occupée dans le pays, la grandeur dont elles furent toujours entourées auprès de l’homme qui en aimait le faste, sans doute, mais qui savait bien soutenir son rôle.

Hélas! Ainsi s’écroula à jamais le Royaume du Nord qui n’a pas survécu deux décennies. Que d’exemples à tirer du passé de notre histoire.

recherches: cba

9 Comments

  • Marcelle Chery 25 mars 2018

    Le style est plein de classe et de distinction Où sont passés ces temps jadis où la courtoisie et la dignité distinguaient les autorités du gouvernement de tout le public. Respect était donné a qui Respect était dû. Et maintenant?

  • Marcelle Chery 25 mars 2018

    Je vous signale, respectueusement, que « Henri » s’écrit ainsi; non « Hanri ». Merci de votre compréhension

    • Rezo Nòdwès 25 mars 2018

      Nos respectueuses salutations et merci d’avoir interagi.
      cba

      • Mario Caonabo 26 mars 2018

        Konpliman, se premye fwa mwen remake nou rekonèt reyaksyon nou la a, Rezo Nòdwès!

  • Phtk Fan Club 26 mars 2018

    l´un des premier actes de corruptions qui n´a pas ete puni.
    La veuve du roi Henri Christophe avait prit l´argent du royaume pour le mettre dans son compte personnel en Angleterre. C´EST DE LA CORRUPTION PURE ET SIMPLE.

    • Samsolito Jo 26 mars 2018

      A qui la faute? On cherche toujours a léguer nos malheurs exclusivement aux pays occidents mais ils oublient qu’eux aussi, jadis, contribuent aux descentes en enfer de ce beau pays. Hélas.

  • Mario Caonabo 26 mars 2018

    Se trè malere ke Kristòf ak Petyon te mare sosis yo ansanm pou ansasinen Desalin, Papa Nasyon an 17 Oktòb 1806 epi yo banni tout moun pou pa nonmen non Desalin pandan 39 lane (Oktòb 1806 a Avril 1845) nan peyi a. Se depi kò sansinay sa a, degrenngolad Ayiti koumanse pou rive jouk jounen Jodi a. Se depi lè sa a, nouvèl klas sosyal opouvwa yo, grandon/pwopriyetè fonsye y oak boujwa komèsyal yo pran kontwòl peyi a epi ekskli pèp Ayisyen an de tout richès materyèl ak sosyal pou kondane yo a la mizè san limit an pèmanans nan peyi a.

    Se la fondasyon chapant sosyal enjistis, eksplwatasyon, opresyon, ak kriminèl la te pran rasin e kap kontinye jouk jounen jodi a. Chapant sosyal la tap vin ranfòse pi devan anba okipasyon meriken 28 Jiyè 1915. Enperyalis meriken an fè yon menmiz sou tout pwosesis ekonomik ak politik peyi d Ayiti ak konplisite boujwa, grandon ak politisyen abolotcho anti pèp ak anti nasyonal yo.

    Okipasyon an dire 19 lane men ann alan yo, yo kite yon lame mèsenè pou defann enterè enperyalis yo anndan yon leta anti nasyonal ak anti pèp anba dominasyon yo. Dominasyon an pèmèt ke yo kontinye gen kontwòl tout pwosesis politik la nan peyi a kote yo se yo ki enpoze nou ki politisyen abolotcho kap pase nan eleksyon malatchong yo pretann òganize nan peyi a.

    Kidonk, si nap gade listwa nou angwo, apre gwo eksplwa sa a nou te fè kote nou pran Endepandans ak Emansipasyon de lesklavaj zam alamen, trayizon Petyon ak Kristòf ki mennen a asasina Desalin la, te mete nou nan wout dejeneresans ekonomik, politik ak ideyolojik. Tout sa vin lakòz ke nou pèdi kontwòl peyi a paske sa ki fòs nou INYON FÈ LAFÒS LA VIN BRIZE/EKLATE AN MIYÈT MÒSO.

    Nou pèdi tout vale ki te alabaz de fondasyon nou ak viktwa nou sou kolon yo, asavwa LIBÈTE, EGALITE, FRATÈNITE, DIYITE, JISTIS, DWA IMEN POU TOUT MOUN, DISIPLIN, REBELYON. SE TOUT SA KI BAZ FONDASYON NASYON AYISYEN AN.

    Ositou, pou nou rebate NASYON AN, fòk nou retounen nan SOUS nou, nan VALÈ AK PRENSIP FONDASYON nou yo. SE LA POU NOU AL PUIZE ENSPIRASYON KOLEKTIVMAN POU NOU REFONDE YON NASYON KI RELE AYITI TOUTBON.

  • paola 26 mars 2018

    Dans cette lettre, je ne vois que du chantage des deux cotes. Boyer et Christophe ont assassine Dessalines. Qu’ont ils fait d’autre? Petion a aide la femme de christophe sachant que cette derniere pourrait faire bien des revelations si on la fachait. C’est normal. Et cette derniere s’est fait toute petite et flatteur sachant que Petion pourrait la faire assassiner. C’est tout. Au fait pour confirmer ses craines, malgre les largesses et protection de Boyer, elle s’est enfuie en Angleterre, non?

  • Regard Perçant 26 mars 2018

    Je vois dans cette lettre, de la solidarité entre voyous du nord et de l’ouest, qui n’ont pas su se mettre d’accord pour construire une Haït forte par leurs querelles de chefs de bandes où ils ont divisé le pays en deux après le meurtre de Dessalines. Et puis, ce départ en Angleterre de la femme de Christophe, qui avait expédié des fonds en Angleterre pendant le règne de son mari, aura été une fuite en avant pour éviter de rendre des comptes face à tout autre futur gouvernement moins complaisant moins vil que celui de Boyer. Christophe qui a combattu la France avec sa femme, car ce sont des fonds qu’il lui a autorisés à expédier, ont donc lésé, paupérisé le pays pour enrichir l’Angleterre, grande puissance colonialiste et esclavagiste comme l France, aux détriments du peuple du nord et de la nation haïtienne toute entière! Une preuve que la plupart de ces gens Christophe, Pétion étaient incohérents, sans dignité et sans conviction. Nous comprenons donc pourquoi ces salauds ont assassiné Dessalines et pourquoi le pays est comme il est encore aujourd’hui!

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