Laurent Saint-Cyr en Floride pour une rencontre à huis clos avec des « leaders communautaires » de la diaspora : perte de temps ou stratégie politique ?
Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT) d’Haïti, Laurent Saint-Cyr, a entamé ce lundi 6 octobre 2025 une visite à Miami, où il devait rencontrer à huis clos un groupe restreint de représentants de la diaspora haïtienne du sud de la Floride, selon le journal Le Floridien.
La réunion, prévue dans la salle paroissiale de Notre-Dame d’Haïti Catholic Church, haut lieu symbolique de la communauté haïtienne à Little Haiti, s’est tenue sans la presse et sans agenda public.
Un rendez-vous organisé sous la houlette du consulat haïtien à Miami
D’après Le Floridien, cette initiative a été montée en coordination avec le Consulat d’Haïti à Miami, avec la participation de figures liées à la Haitian American Chamber of Commerce of Florida (HACCOF) et au Macaya Group, regroupement souvent décrit comme un cercle d’affaires proche de l’élite économique haïtienne.
Cette approche fermée, dans un moment où les appels à la transparence et à la reddition de comptes se multiplient, étonne plusieurs observateurs de la diaspora.
« On nous consulte, mais on ne nous intègre jamais », confie un leader communautaire sous couvert d’anonymat au Floridien.
Un déplacement jugé sans portée réelle
L’article du Floridien, souligne que ce déplacement de M. Saint-Cyr paraît plus symbolique que stratégique.
Officiellement présenté comme une tentative de renouer le dialogue avec la diaspora, il intervient alors que le mandat du CPT est perçu comme pré-déterminé par Washington, sa fin étant attendue pour le 7 février 2026.
« Plusieurs y voient une tournée d’adieu déguisée », note le journal, rappelant les précédents des gouvernements de transition, dont celui de Gérard Latortue après 2004.
Une diaspora fragmentée et désarmée
Le texte du Floridien dresse un portrait sévère de la communauté haïtienne de Floride : divisée, sans leadership structuré, et incapable de parler d’une seule voix.
Les associations, souvent limitées à des activités cérémonielles, peinent à exercer un poids politique réel. Même la National Haitian American Elected Officials Network (NHAEON), censée être apolitique, serait fragilisée par des prises de position partisanes.
La commissaire du comté de Miami-Dade, Marleine Bastien, connue pour ses critiques envers certains membres du CPT, aurait d’ailleurs décliné l’invitation. Ses tensions persistantes avec la députée Sheila Cherfilus-McCormick (FL-20) — proche de la NHAEON — remonteraient à la campagne électorale de 2020.
Une phrase perçue comme une mise en garde directe à l’endroit des membres du CPT. Pour le journal floridien, le passage de Laurent Saint-Cyr à Miami n’aura pas rapproché la diaspora de Port-au-Prince, mais révélé une fois de plus le vide moral et politique d’une transition déjà en sursis.