par Garry Muzeau
Lu dans plusieurs journaux : « Le gouvernement d’Haïti mise sur le carnaval et espère récolter, l’an prochain, en plus des revenus tirés par le secteur informel, plus de 15 à 20 millions de dollars, a soutenu la titulaire du Ministère du Tourisme »
Lundi 26 février 2018 ((rezonodwes.com))– Lorsqu’une personnalité politique du rang de Madame Menos, responsable d’un ministère pouvant dégager des possibilités claires et évidentes pour l’amélioration des conditions d’existence du peuple et de développement sûr et durable du pays, tient pareils propos, tout citoyen qui se respecte doit se demander, éberlué, à qui la ministre s’adresse et essentiellement à partir de quels supports techniques tangibles elle peut se permettre de telles projections.
Nous reconnaissons volontiers que nous sommes crédules, naïfs, bon enfant et émotifs. De là à nous prendre pour des idiots, c’est un pas dangereux qu’il est osé de franchir. Car, en analysant les dires de la ministre, le carnaval de cette année a rapporté des dividendes au-delà de toute espérance et ce à coup sûr puisqu’il lui a fallu partir de données fiables pour corroborer ses pronostics.
Par conséquent, ma chère ministre, auriez-vous l’obligeance de divulguer les chiffres de cette année ? S’il ne peut en être ainsi, ont-ils été tirés d’une boîte de Pandore ? Avouer au peuple à demi-mot que le carnaval a été rentable alors qu’aucun rapport ne peut soutenir cet aveu est suffisant pour soulever le doute et provoquer la méfiance conduisant à une question cruciale : où est passé l’argent?
Il semble que le silence moqueur de la majorité est compensé de nos jours par les exubérances mensongères des tenants du pouvoir.
Si l’on doit se fier aux dires de Mme Menos, le pays a reçu environ 15 000 visiteurs au cours de la période carnavalesque, en les départageant à des fins statistiques, combien y avait-il de sujets haïtiens venus participer à la fête tout en rendant visite à la famille ? Combien y avait-il d’étrangers ? Il est question dans la conférence de presse que le taux d’occupation dans les hôtels a oscillé autour de 76% à la capitale et dans ses environs. De combien de chambres d’hôtel répondant aux normes standard disposons-nous dans le pays tout entier ?
Les retombées substantielles auxquelles se réfère la ministre doivent-elles être doublées, triplées ou juste connaitre un accroissement de l’ordre de 10, 20, ou 50% pour atteindre la fourchette magique de 15 à 20 millions dont elle parle ? Optimiste au superlatif quiconque s’aventurerait à croire qu’il est dans le domaine du possible de passer de zéro ou de moins à des millions en un an dans les conditions que nous vendons le pays actuellement.
Tant qu’aucune stratégie valable qui tient compte de notre spécificité de peuple, de notre héritage culturel et de la valeur réelle de nos trésors touristiques n’est pas déterminée et mise en application, nous continuerons à nous plaindre et à nous battre pour qu’enfin nous soyons entendus par les plus hautes sphères du pouvoir haïtien. Prenons en exemple La Citadelle Henri Christophe dans le nord du pays. Le bâtiment a été édifié pour défendre le pays. Sa construction n’a duré que douze ans. Ce fut alors une prouesse car en 1818 elle était la plus grande forteresse jamais érigée dans les Antilles.
Nous l’avons tant dévaluée par notre attitude méprisante à son endroit qu’elle a perdu son titre de noblesse de Patrimoine Mondiale par l’UNESCO. La tour Eiffel en France reçoit annuellement plus de 7 millions de visiteurs. Juste en conditionnant notre orgueilleuse Citadelle elle pourrait attirer un minimum d’un à deux millions de visiteurs par année.
Quand donc, Ministre du Tourisme, allez-vous vous atteler à cette tâche ? Vos bobards sur les possibles avantages du carnaval sont moins fructueux et de loin que l’exploitation de nos propres richesses qui continuent à dormir faute de vision, de rêve de grandeur et d’orgueil.
Patriotiquement
Garry Muzeau
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