Samedi 14 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– En 1966 Graham Greene écrivit « Les comédiens », un bouquin qui critiquait de manière acerbe les basses manœuvres politiques de certains thuriféraires du gouvernement de Duvalier. A sa parution, la dignité nationale en prit un coup, malgré l’authenticité de certains travers de la société haïtienne que l’auteur mettait à nu.
Il est mort mais nous lui en gardons encore une certaine rancune au-delà de sa tombe… Cette épreuve et combien d’autres auraient dû nous amener à refréner nos excès EN TOUTES OCCASIONS , A FAIRE PREUVE D’INTÉGRITÉ ET D’EXCELLENCE dans toutes les branches d’activités sociales, politiques et économiques où nos compétences seraient sollicitées Et pourtant nous constatons, de nos jours, avec amertume et dégoût que le ventre et le bas-ventre de la plupart de nos dirigeants ont trouvé, au détriment de l’intérêt national, de puissants défenseurs dans les manœuvres justificatives de leurs actions improductives.
Jeudi dernier j’ai reçu un message m’alertant que le ministère du tourisme avait donné la veille une conférence de presse qui pourrait m’intéresser parce que le sujet traitait de l’écotourisme et que YouTube l’avait relayée. Piqué par la curiosité, j’ai été me renseigner à la source. Mon ardeur fut vite refroidie par le fait que j’appris qu’une délégation de dix membres avait participé à une visite de reconnaissance des lieux où sera édifié le pavillon d’Haïti dans le pays voisin.
Que le gouvernement par le biais de la représentante officielle a établi de solides contacts avec les officiels d’en face pour la promotion de l’écotourisme et tout le charabia qui généralement accompagne ce genre d’initiatives superfétatoires dont le but est de gaspiller, jeter par les fenêtres, dilapider pour rien les maigres ressources de l’état qui presse le peuple comme un citron pour renflouer ses caisses.
Que je sois jugé fou ou sage, j’accepterai l’un ou l’autre des verdicts venant de mes lecteurs. Disons que la veine de l’écotourisme soit maintenant à maturation dans la république voisine et que sa progression soit si forte qu’Haïti pourrait en tirer profit. Qu’entend-on en Haïti par écotourisme ? Qui en sont les promoteurs ? Quels en sont les retombées potentielles ? Le visionnement que j’ai fait de la conférence m’apprend que du côté haïtien l’une des partenaires de ce projet est la FONDTAH, une fondation qui existe depuis 2002, dont la vocation avouée est la promotion et l’exploitation de ce sous-secteur de la manne touristique.
Il (Mr. Buissereth) fut membre de la délégation de dix qui visita JARABACOA aux frais de la princesse avec per diem, hébergement, transport et nourriture sans doute. Tout est si beau au ministère du tourisme que la patronne des lieux put se permettre le luxe de s’absenter de son poste sans raison valable juste pour justifier une dépense dont le pays aurait pu se passer. Pour une telle visite, un ingénieur, un architecte et une secrétaire devraient suffire et encore seulement si une invitation officielle aurait été faite en ce sens. Et cette visite inutile s’est clôturée par une conférence de presse. Et mon pauvre peuple a gobé la mascarade.
Cette sortie que je fustige et condamne prouve à quel point nos dirigeants se soucient peu d’être productifs et efficaces, mais s’évertuent plutôt à jeter de la poudre aux yeux du peuple en faisant semblant de travailler comme des forcenés. Le peuple est ainsi pris au piège et le Chef d’Etat obsédé par la volonté d’obtenir des résultats en vue de rester conséquent avec des promesses électorales dont la projection sur l’écran du réel se fait attendre avec impatience se laisse berner par ce genre de manœuvres dilatoires.
Tous les haïtiens conscients de la perception que les étrangers ont de notre pays savent pertinemment que l’une des voies CAPABLE, j’ai bien écrit CAPABLE de vendre Haïti à profit est l’exploitation à outrance de nos sites touristiques. L’amélioration de nos routes de pénétration et la PROPRETÉ sont deux attributs essentiels dont cette exploitation doit se parer et voilà que je lis, et c’est le patron de FONDTAH qui parle : » Le changement de perception sur Haïti n’est possible que par cette foire ». Donc cette foire est la seule voie obligée.
Expliquez-moi donc, monsieur Buissereth, de quels outils vont se servir les membres de la délégation haïtienne pour modifier le changement de perception sur Haïti ? Avez-vous jamais été à la république voisine en qualité de touriste ? Pensez-vous que le pays offre un quelconque avantage comparatif face à la férocité des stratégies de vente du produit dominicain ? Au nom de la générosité et de la fraternité, l’industrie touristique voisine va-t-elle sous-traiter son surplus avec Haïti.
Avant de poursuivre, Monsieur Buissereth, je ne vous connais même pas c’est dire que mon objectif ne vise pas à vous nuire mais juste à vous dessiller les yeux et vous faire comprendre qu’en votre qualité de partenaire du ministère et sans doute très compètent dans le domaine où vous œuvrez, votre déclaration, si le gouvernement y ajoute foi, est à même de provoquer des débours qui n’amélioreront en rien, en vérité en rien la compétitivité du tourisme en Haïti.
Pourquoi donc ne pas prendre l’option de travailler de manière réellement constructive et prometteuse.
Garry Muzeau