13 décembre 2025
De 2016 à 2025, retour sur une série de remises de motocyclettes à la PNH, sur fond d’aggravation continue de l’insécurité
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De 2016 à 2025, retour sur une série de remises de motocyclettes à la PNH, sur fond d’aggravation continue de l’insécurité

Rappel chronologique et analytique

2016 – Premiers appuis ciblés à la mobilité policière
À partir de 2016, la Police nationale d’Haïti (PNH) bénéficie de dons ponctuels de motocyclettes, notamment de la part des États-Unis, destinés à renforcer les capacités de patrouille urbaine et de police routière. Ces appuis, limités en volume, s’inscrivent dans une logique de renforcement fonctionnel : améliorer la rapidité d’intervention, la visibilité policière et la couverture de zones à forte densité.

2018–2020 – Dégradation progressive de l’environnement sécuritaire
Malgré ces équipements, la situation sécuritaire se détériore. L’expansion des groupes armés, la fragmentation du territoire urbain et l’affaiblissement de la chaîne pénale réduisent l’impact opérationnel de ces moyens roulants. Les motocyclettes apparaissent comme des outils d’appoint, insuffisants face à l’augmentation des homicides, des enlèvements et des violences collectives.

2021–2023 – Montée en puissance des dons multilatéraux
Face à l’aggravation des violences, des partenaires internationaux — Canada, États-Unis, France, agences onusiennes et organisations régionales — intensifient leur soutien. Des centaines de motocyclettes tout-terrain sont livrées dans le cadre de programmes multilatéraux, souvent associés à des véhicules de patrouille et à des équipements de maintien de l’ordre. L’objectif affiché demeure constant : accroître la mobilité tactique de la PNH, contourner les axes contrôlés par les gangs et permettre des déploiements rapides.

2024 – Territorialisation de l’insécurité et limites structurelles
L’insécurité se diffuse hors de la capitale, touchant l’Artibonite, le Centre et d’autres départements. Les motocyclettes facilitent certaines interventions ponctuelles, mais la persistance de zones de non-droit met en évidence des limites structurelles : déficit de renseignement, faiblesse de la coordination interinstitutionnelle, engorgement judiciaire et absence de contrôle territorial durable après les opérations policières.

2025 – Continuité des remises, continuité de la crise
Le 13 décembre 2025, la PNH annonce la réception d’un nouveau lot de motos tout-terrain, offert par le Canada et l’Organisation des États américains (OEA), lors d’une cérémonie officielle en présence du commandement de la PNH et de représentants diplomatiques. Cette livraison s’inscrit dans une série ininterrompue de dons depuis près d’une décennie. Elle intervient toutefois dans un contexte marqué par une recrudescence des massacres, des déplacements forcés et de l’emprise territoriale des groupes armés.

Lecture d’ensemble
Entre 2016 et 2025, la multiplication des remises de motocyclettes à la PNH révèle une constante : la priorité accordée à la mobilité policière comme réponse immédiate à l’insécurité. Si ces équipements constituent un levier opérationnel réel, leur efficacité demeure conditionnée à des facteurs juridiques et institutionnels plus larges — fonctionnement de la justice pénale, gouvernance sécuritaire, contrôle effectif du territoire et responsabilité des acteurs armés.La dissociation manifeste entre la multiplication des dotations matérielles accordées à la PNH et la détérioration continue de l’ordre public met en évidence les limites structurelles d’une réponse essentiellement logistique, incapable, en l’absence de réformes pénales effectives, de contrôle territorial pérenne et de redevabilité institutionnelle, de générer une stabilisation sécuritaire soutenable.

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