Il arrive que les hommes trébuchent, non parce que le chemin serait trop long, mais parce que ceux en qui ils plaçaient leur confiance n’étaient que des compagnons de passage, éphémères et fragiles comme l’ombre sous le soleil. En Grèce comme à Rome, au silence des cités antiques, des âmes loyales virent leurs proches se détourner, attirés par les applaudissements faciles et le tumulte passager de la foule. Et pourtant, l’Histoire, sage et implacable, ne retient que les constants : ceux qui marchent droits, envers et marées, affrontant reflux et tempêtes. Elle relègue toujours dans l’oubli les instables, perdus au détour des chemins.
Caton l’Ancien, avec la gravité que confèrent les siècles, rappelait que l’homme vertueux n’est jamais seul, puisqu’il porte en lui la compagnie silencieuse et fidèle de sa conscience, tandis que les traîtres errent dans le vacarme intérieur de leur propre inconsistance, ballotés par leurs incertitudes et emportés par les marées de leur vanité.
Ainsi, au cœur même du tumulte, se révèle la véritable grandeur : non le bruit des acclamations, qui s’élèvent et s’éteignent comme le ressac des vagues, mais la fidélité inébranlable à sa propre nature, cette force tranquille et lumineuse qui demeure, immuable, au-delà des renversements et des trahisons, guidant l’homme qui, malgré tout, sait marcher seul vers sa véritable destinée.
Me J.-N. Rodolphe Joazile
Avocat — Citoyen de la République