Jeudi 14 septembre 2017 ((rezonodwes.com))– Le goût amer de l’échec endurcit les caractères et sert généralement de cuirasse pour continuer le combat contre l’adversité. Mais que reste-t-il à faire lorsqu’on a tout essayé et que l’épuisement a fini par vaincre les dernières résistances de notre volonté sans voir poindre, pas un seul jour, l’espoir de lendemains meilleurs ?
La fuite vers des horizons qui paraissent plus cléments ou suivre l’exemple des “Dix hommes noirs » d’Etzer Vilaire, cette fois-ci avec un Franck qui se suicida est l’alternative qui s’offre à notre jeunesse. Des Diogène haïtiens sont déjà activement à la recherche de cet homme nouveau, qui, comme un Messie, viendra corriger toutes les erreurs commises depuis le 17 octobre 1806, redonnera l’espoir et redirigera notre pays vers la vocation pour laquelle il a été créé. L’exode de notre jeunesse, la force vive de la nation, le bassin de la relève, vient compliquer inextricablement cette quête par les temps qui courent.
Chers dirigeants,
Il est donc de votre devoir d’arrêter cette hémorragie. En vous assignant cette tâche ingrate, loin de nous l’idée de rejeter sur vous toute la responsabilité de cette calamité, elle est la résultante des fautes politiques et des mauvaises pratiques administratives héritées des gouvernements antérieurs que les différents successeurs n’ont jamais jugées nécessaires de redresser pour en profiter à leur tour et qui, par conséquent, se sont érigées en système de gouvernance au détriment du peuple.
Il fut un temps, pas trop longtemps, où l’Etat contrôlait le magasin de l’état reparti à travers les divers départements géographiques du pays, la Hasco et plusieurs autres usines sucrières, la Minoterie, le Ciment d’Haïti et fournissait du travail à un pourcentage fort appréciable de la population…Le pays comptait moins d’habitants et comptait plus d’emplois. L’inversion des données provoquée par les institutions financières mondiales, la faiblesse du pouvoir central et la rapacité de l’élite haïtienne n’a contribué qu’à appauvrir davantage la masse et à faire disparaître la classe moyenne.
Il faut arrêter l’hémorragie car avec un minimum de cinq vols par semaine à destination du Chili, le pays se vide littéralement de tout son sang lorsqu’on y ajoute la constante des voyages vers la Floride avec des faux documents, des bateaux à voile vers les Bahamas et parfois la Floride, le flux et le reflux quotidien de nos migrants de la république voisine. Nous sommes devenus des spectateurs passifs de première loge de quel genre théâtral ? Qu’on le nomme drame, mélodrame, tragédie, mais de grâce n’employez pas le terme comédie.
Et l’on clame, l’on proclame que le gouvernement vient de réaliser un tronçon de route long de 22 kilomètres dans le Sud, qu’un contrat de grande envergure a été signé avec une firme chinoise pour entreprendre quelques grands travaux, sans doute l’électrification du pays, la construction de la cimenterie à Morne Lapierre, la construction du port de Fort-Liberté, l’aménagement de la baie de Saint-Louis du Sud en station balnéaire munie d’une marina. Et le Ministère de la Communication ne peut pas freiner l’exode avec toutes ces cartes aux mains du pouvoir central.
Détenez-vous réellement ces atouts en main, pouvoir central ? S’il en est vraiment ainsi, apprenez qu’en politique, pour répéter le Professeur feu Daniel Fignolé, la modestie est une vertu négative. Il vous faut dévoiler votre jeu pour créer l’espoir et retenir sur place, autant que faire ce peut, ce qui nous reste de ressources humaines. La nation entière vous sera redevable. Vous ne les avez pas ? Dans ce cas, explorons d’autres avenues. A toutes les portes que nous avons frappé, c’est celle de l’industrie touristique qui nous a offert le plus d’opportunités et le plus fort retour sur investissement immédiat.
C’est un secteur d’activités sur lequel il faudrait beaucoup miser pour occuper la population dans sa grande majorité. Quadrupler le nombre de nos touristes est une opération réalisable sur trois ans à condition de savoir comment s’y prendre. Sans vouloir blesser la susceptibilité de personne nous nous y prenons mal et même très mal au Ministère du Tourisme. Incompétence ou inexpérience. Ni l’une, ni l’autre, les fonctions dans cette administration sont simplement occupées par des petits amis.
Changer les pratiques qui nous ont conduit à cette impasse est un impératif sinon les conditions de vie de la société haïtienne vont continuer à se dégrader au fil des jours. C’est un constat qui saute aux yeux de tous les haïtiens en quête d’explications rationnelles des causes profondes de notre état pitoyable.
Pour s’être habitué à se complaire par laxisme dans l’intolérable, à accepter les amoncellements de détritus comme une politique de protestation efficace, à assister sans broncher à la dilapidation des caisses de l’état dans l’attente de sa nomination à la position rêvée, l’homme haïtien s’est ravalé au niveau d’un individu dénué d’état d’âme, sans conscience et sans conviction. Pour toutes ces raisons nous attendons la venue de cet homme nouveau, paré de toutes les vertus qui en feront un être exceptionnel capable de nous redonner notre fierté et notre dignité d’homme.
Garry Muzeau
Garry@toursinhaiti.com
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