Port-au-Prince, 11 décembre 2025 (Rezo Nòdwès) — Haïti : Saint-Cyr en mission à Washington alors que l’État vacille ; retour annoncé juste avant Noël, mais avec quels résultats viables ? Le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, a quitté Port-au-Prince pour une mission officielle de deux jours à Washington, au moment où l’aire métropolitaine et plusieurs régions subissent une intensification des violences armées et des déplacements forcés. Ce départ survient dans une atmosphère où l’appareil étatique peine à maintenir ses fonctions les plus élémentaires.
Selon la communication de la Présidence, ce déplacement doit aborder trois axes : sécurité, réponse humanitaire et organisation des scrutins annoncés pour 2026. Le texte présente la visite comme une étape dans la mobilisation de soutiens bilatéraux et multilatéraux autour de la Feuille de route de l’OEA et du chantier relatif à la Force de Répression des Gangs (GSF). Cette version intervient alors que la structure transitoire fait l’objet de critiques persistantes concernant sa visibilité, sa méthode de gouvernance et son absence de résultats concrets.
Le contraste avec la situation intérieure demeure marqué. Des quartiers entiers de Port-au-Prince restent exposés à des affrontements, des incendies criminels et des enlèvements répétés. Des axes routiers stratégiques sont coupés depuis des mois. L’activité judiciaire fonctionne par intermittence, et des magistrats évoquent une incapacité de l’État à exercer une autorité minimale dans plusieurs zones urbaines. L’accès des secours humanitaires est entravé par l’emprise de gangs lourdement armés.
Ce voyage s’inscrit à moins de deux mois de la fin obligatoire du mandat transitoire prévue par l’accord du 3 avril, document dont la portée normative alimente un débat juridique substantiel. Plusieurs organisations nationales soulignent que le CPT n’a pas produit de calendrier préélectoral détaillé ni de cadre opérationnel assurant une transition ordonnée, malgré les engagements publics répétés.
À Washington, Laurent Saint-Cyr doit participer à la réunion du Groupe des « Amis » d’Haïti convoquée par l’OEA, ainsi qu’à des consultations bilatérales portant sur l’appui technique à la sécurisation des zones urbaines et sur la distribution de l’aide humanitaire. Les autorités espèrent obtenir des engagements financiers susceptibles de relancer les opérations de stabilisation, dont la mise en œuvre reste incomplète.
Aucune indication n’a été fournie concernant d’éventuels accords sécuritaires ou calendriers opérationnels pouvant résulter des rencontres de Washington. Le retour de Laurent Saint-Cyr est annoncé pour le 13 décembre, à moins de deux semaines de la Noël. Entre-temps, plusieurs observateurs considèrent que ces démarches diplomatiques s’articulent difficilement avec le vide institutionnel interne et avec un CPT presque imperceptible dans la conduite de la transition, sur fond d’allégations de corruption.
En outre, des révélations touchant certains membres de l’équipe gouvernementale, dont une ministre citée dans un rapport de l’ULCC, alimentent davantage les interrogations sur la cohérence et la crédibilité des élections dites « honnêtes » promises, alors que le système judiciaire traverse un effondrement de confiance rarement observé, selon de nombreux citoyens.

