25 novembre 2025
Fritz Jean – Point de presse : L’ambassade du Canada et des États-Unis accusées de pressions sur le CPT pour maintenir Alix Didier Fils-Aimé en poste (vidéo)
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Fritz Jean – Point de presse : L’ambassade du Canada et des États-Unis accusées de pressions sur le CPT pour maintenir Alix Didier Fils-Aimé en poste (vidéo)

Au terme d’un point de presse exceptionnel, le conseiller président Fritz Jean a dénoncé les défaillances du gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé et accusé les ambassades des États-Unis et du Canada d’exercer des pressions directes sur le Conseil présidentiel afin de maintenir en poste un Premier ministre jugé incapable, tandis qu’un conseiller du CPT se voit désormais interdit d’entrée sur le sol américain.

par cba

PORT-AU-PRINCE, 25 novembre 2025 — Dans un point de presse d’une rare intensité, le conseiller président Fritz Jean a dénoncé un ensemble de dérives institutionnelles, financières et diplomatiques, tout en affirmant que “le pays se situe à un carrefour où la dignité doit prévaloir”. Cette intervention publique survient au lendemain de la diffusion par l’ambassade des États-Unis d’une note annonçant la révocation du visa d’un conseiller président, sans mention de son identité.

Un carrefour de dignité nationale et de mémoire historique

Fritz Jean a ouvert son intervention en rappelant que le pays traverse un moment où la défense de l’héritage transmis par les ancêtres doit guider les choix publics. Il a déclaré que cet héritage doit être préservé “pour les enfants et les générations futures”, introduisant ainsi la dimension historique et morale de sa prise de parole.

Il a refusé de révéler l’identité du conseiller président frappé d’interdiction d’entrée aux États-Unis, laissant planer une interrogation qui, selon lui, met à nu la stratégie de pression diplomatique exercée contre le CPT.

Des pressions diplomatiques explicites pour maintenir un Premier ministre incompétent, allié d’un système mafieux en poste

Le cœur du point de presse s’est concentré sur les pressions attribuées aux ambassades des États-Unis et du Canada. Selon Fritz Jean, des messages échangés sur un groupe WhatsApp, attribués à des diplomates, ont averti que si le CPT ne renonce pas à l’idée de remplacer Alex Didier Fils-Aimé, les visas des conseillers et de leurs familles seraient retirés.

Il a qualifié cette démarche d’atteinte directe à la souveraineté haïtienne. Ces menaces, déjà proférées en privé, auraient été suivies par la décision officielle annoncée dans la note de l’ambassade américaine. Le conseiller président a soutenu que cette initiative diplomatique s’aligne sur une tentative de prolonger le mandat d’un Premier ministre qu’il décrit comme incapable de diriger la transition.

Un gouvernement accusé d’inefficacité structurelle

Fritz Jean a rappelé que le CPT avait, depuis des mois, identifié l’incapacité du gouvernement Fils-Aimé dans trois domaines fondamentaux :
– la sécurité intérieure ;
– la gouvernance administrative ;
– la préparation du processus électoral de 2026.

Il a évoqué l’adoption d’un budget de 7 milliards de gourdes destiné à renforcer les opérations de sécurité, précisant que moins de 33 % de cette somme ont été effectivement exécutés. Pour lui, cette absence de mobilisation des fonds empêche toute réponse opérationnelle sur le terrain, notamment pour les policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions faute de support logistique et financier.

Les déplacés internes, abandonnés dans les tentes

Le conseiller président s’est dit préoccupé par les milliers de personnes vivant encore sous des tentes. Il a expliqué qu’un volet du budget prévoyait de financer leur relogement, mais que le gouvernement n’a exécuté aucune mesure structurée.

Il a rappelé que ces citoyens n’ont jamais demandé à être logés dans des abris de fortune ; ils demandent l’accès à leurs quartiers, ce qui suppose le rétablissement préalable de la sécurité.

Un comité ad hoc créé pour pallier l’inaction gouvernementale

Pour contourner les lenteurs observées, Fritz Jean a annoncé la création d’un comité ad hoc incluant le ministre de l’Économie et des Finances ainsi que celui de la Planification. Ce comité devait garantir l’acheminement direct des fonds vers les personnes déplacées.

Pourtant, affirme-t-il, “rien n’a été fait”, en dépit des engagements adoptés en Conseil des ministres.

Les armes illégales de la BSAP : un dossier laissé sans suite

Il a également dénoncé la présence d’armes illégales entre les mains d’unités de la BSAP circulant à travers le territoire. Il a expliqué avoir donné instruction au Premier ministre d’agir, mais aucune intervention n’a été effectuée malgré les alertes répétées.

Cette omission est, selon lui, symptomatique d’un gouvernement dépourvu de capacité d’action.

Des anomalies budgétaires non expliquées

Revenant sur le budget rectificatif, le conseiller président a mentionné 9,7 milliards de gourdes dont la provenance ou l’usage n’ont jamais été expliqués par le gouvernement. Il a évoqué aussi le bond spectaculaire des intérêts de la dette interne, passés de 400 millions de gourdes à plus de 5 milliards. Aucune justification n’a été fournie au CPT.

La justice, point aveugle de l’Exécutif

Fritz Jean a souligné l’absence de suivi des dossiers judiciaires sensibles. Il a dénoncé la libération inexpliquée de personnes impliquées dans des affaires criminelles graves, y compris transnationales. Le CPT n’a reçu aucune réponse du ministre de la Justice.

Un système capturé par deux ou trois familles

Il a accusé un petit groupe de familles, qu’il n’a pas nommées, de contrôler l’État, notamment les douanes, au détriment de la collectivité. Selon lui, ces réseaux détournent les revenus publics, empêchant le financement de l’éducation, de l’emploi et des infrastructures.

Il a affirmé que la machine de communication visant à associer le CPT à des groupes criminels est directement liée aux intérêts de ces clans.

Un pays frappé par la criminalité transnationale et l’exode des diplômés

Le conseiller président a dressé un tableau alarmant du marché du travail. Il a cité des statistiques selon lesquelles 85 % des Haïtiens détenant un diplôme universitaire vivent désormais à l’étranger, conséquence d’une économie laminée par les trafics et l’absence de perspectives.

“Je suis prêt à mener ce combat”

Dans la dernière partie de son intervention, Fritz Jean a formulé une série de phrases appelant à la résistance civique :
– “Si combattre pour une autre gouvernance est perçu comme un crime, je suis prêt à mener cette bataille.”
– “Si lutter contre ceux qui tiennent l’État en otage est considéré comme une faute, je continuerai.”
– “Si dénoncer la mafia impliquée dans les trafics illicites est vu comme un acte répréhensible, je poursuis le combat.”

Une conclusion en forme d’appel national

Il a refermé son allocution en rappelant que “le pays se situe à un carrefour de sa dignité”, appelant la population à défendre l’héritage des ancêtres et à s’opposer à toute forme de pression étrangère ou de captation interne des institutions.

(1) Présidence d’Haïti on X: « ????️ Suivez le #Point de presse du Conseiller-Président S.E.M Fritz Alphonse Jean en direct.. ???? https://t.co/Bcwn34wlno » / X

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