Où en sommes-nous, 33 ans après la signature de la CCNUCC et 30 ans après le Protocole de Kyoto, dans la résolution politique de la crise climatique mondiale ?
Un Constat Initial
Depuis le premier Sommet de la Terre à Stockholm en 1972, les enjeux environnementaux ont été élevés au rang de préoccupations internationales. Depuis lors, c’est la politique, à travers la gouvernance environnementale mondiale, qui décide des grandes orientations pour faire face aux menaces climatiques. Ces menaces trouvent leurs racines dans un modèle de développement économique capitaliste, toujours dominant et difficile à remettre en question, même après trois décennies de négociations climatiques et de conférences annuelles des Parties (COP).
Des Décisions Politiques Ambitieuses
Sous l’égide des Nations Unies, plusieurs initiatives majeures ont été lancées par la diplomatie du climat :
– Création du PNUE et du PNUD : Dès les premières conférences, ces programmes ont été mis en place pour traiter les liens entre environnement et sous-développement, notamment dans les pays du Sud.
– Rapport « Notre avenir à tous » (1987) : Publié par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, ce rapport propose de concilier développement et protection de l’environnement, en soulignant le lien entre pauvreté et dégradation écologique.
– Sommet de Rio (1992) : Ce sommet a placé l’être humain au cœur du développement durable et a permis l’adoption de trois conventions majeures, dont la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
– Agenda 21 : Plan d’action global pour promouvoir le développement durable dans les domaines de la santé, du logement, de la gestion des ressources naturelles, etc.
– Sommet de Johannesburg (2002) : Bilan du Sommet de Rio, avec des engagements concrets dans les domaines de l’eau, de la biodiversité, de la santé et de l’agriculture, en lien avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
– Objectifs de Développement Durable (ODD, 2015) : Dix-sept objectifs mondiaux visant à améliorer les conditions de vie et à protéger la planète, dont l’échéance approche.
Un Échec Politique Persistant
Malgré ces efforts, les COP annuelles n’ont pas permis d’éviter l’aggravation de la crise climatique. Trente ans de diplomatie climatique n’ont pas suffi à enrayer le réchauffement global. Les conventions adoptées n’ont pas eu l’impact nécessaire pour protéger l’humanité des dérèglements climatiques actuels.
Une Analyse des Causes Profondes
La diplomatie du climat semble ignorer les racines profondes de la crise : l’économie. En s’attaquant aux symptômes sans remettre en cause le modèle économique dominant, elle évite de confronter le véritable moteur du dérèglement climatique. L’économie, fondée sur l’exploitation intensive des ressources et la croissance illimitée, est devenue intouchable. Les politiques climatiques tentent de réparer les dégâts sans freiner les activités qui les causent : exploitation des énergies fossiles, déforestation, essais militaires, etc.
Inquiétudes et Dilemme Final
La situation géopolitique actuelle, marquée par une course à l’armement et des tensions croissantes, montre que l’humanité n’est pas prête à affronter sérieusement la crise climatique. Les COP deviennent des rituels diplomatiques sans impact réel. Les solutions proposées — adaptation, financement, atténuation, technologies — ne s’attaquent pas à la racine du problème.
Il est temps de rompre avec cette hypocrisie climatique. L’humanité doit choisir entre préserver un modèle économique destructeur ou adopter un paradigme fondé sur le bien-être et la durabilité. La COP de Belém risque d’être une nouvelle rencontre pleine de promesses non tenues, tandis que les températures continueront de grimper.
Anel Dorlean – Écologiste et Ingénieur en Développement
Coordonnateur des Recherches Scientifiques, Ecovert-Haïti
Chroniqueur Éducation Environnementale
Contact : +509 41816168

