Reste à savoir si cette relance permettra réellement de dépasser l’impasse actuelle. Le pays continuera-t-il à s’appuyer sur les neuf membres du CPT, discrédités par leur échec collectif, ou un transfert d’autorité sera-t-il opéré au profit d’Alix Didier Fils-Aimé ? Ce dernier, comme Ariel Henry avant lui, a déjà contribué à prolonger la paralysie politique, tout en laissant s’étendre la mainmise des gangs sur le territoire national.
Washington, 5 novembre 2025 (Rezo Nòdwès) —
Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert R. Ramdin, a présenté ce mercredi au Conseil permanent la version 3 de la Feuille de route pour la stabilité et la paix en Haïti, un plan global visant à rétablir l’ordre, la démocratie et la gouvernance dans le pays. Ce document, soutenu par un large consensus international, actualise les engagements pris depuis la première version publiée en août 2025.
Un appel à agir sans délai
« Le temps presse », a insisté le secrétaire général, invitant les États membres et partenaires à « agir avec urgence » et à transformer leurs engagements en actions concrètes : « Nous devons redoubler nos efforts pour soutenir le peuple haïtien et aider à restaurer la stabilité, la démocratie et l’espoir, sous leadership haïtien et avec une coordination internationale efficace », a-t-il déclaré.
M. Ramdin a souligné la gravité de la situation, notant que « les gangs opèrent avec une liberté apparente », ce qui rend urgente la mise en œuvre de la Force de suppression des gangs (GSF) prévue par la résolution 2793 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a précisé que l’OEA maintient un dialogue étroit avec les autorités haïtiennes, en coordination avec les Nations unies, la CARICOM et les principaux partenaires régionaux.
Trois priorités immédiates
Le secrétaire général a structuré les discussions actuelles autour de trois axes :
- Sécurité : lancement, coordination et suivi de la Gang Suppression Force (GSF) ;
- Dialogue politique et gouvernance au-delà de février 2026 ;
- Préparation et appui électoral.
Selon M. Ramdin, les progrès humanitaires et électoraux dépendent de « résultats tangibles » en matière de sécurité et de gouvernance. Il a précisé que la feuille de route est désormais alignée sur la résolution 2793, qui remplace la Mission multinationale de sécurité (MSS) par la GSF et crée le Bureau d’appui des Nations unies pour Haïti (UNSOH).
Coordination opérationnelle et transition
L’OEA assumera des fonctions logistiques et de coordination, notamment la construction d’infrastructures opérationnelles, l’appui à la planification et à la supervision des opérations conjointes avec la Police nationale d’Haïti (PNH), ainsi que la gestion d’informations sensibles, en complément du programme SECURE-Haïti.
M. Ramdin a également indiqué que, dans l’attente de la transition vers l’UNSOH prévue pour le 1er avril 2026, des efforts sont engagés pour combler le vide opérationnel entre janvier et avril 2026. Une réunion virtuelle de partenaires (OEA, ONU, CARICOM et autorités haïtiennes) se tiendra le 12 novembre, et les États membres sont invités à soumettre des candidatures pour le poste de Représentant spécial de la GSF et à mobiliser des contributions financières pour la GSF et le programme SECURE-Haïti.
Nouveaux éléments introduits dans la version 3
La nouvelle version de la feuille de route intègre plusieurs innovations :
- Contributions étatiques et principes directeurs : réaffirmation du leadership haïtien, de la coordination OEA–ONU–CARICOM et de la sécurité comme prérequis ;
- Alignement avec la résolution 2793 : remplacement de la MSS par la GSF et création de l’UNSOH ;
- Coordination opérationnelle : responsabilités partagées avec le FRB (Force’s Base Operational Framework) pour les infrastructures et la planification des opérations conjointes ;
- Continuité institutionnelle : mention explicite du rôle de l’OEA, de la CARICOM et de l’ONU pour prévenir tout vide de pouvoir en cas d’expiration du Conseil présidentiel de transition (CPT) ;
- Priorités haïtiennes : intégration des recommandations formulées lors de la visite récente du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé à Washington.
Le secrétaire général a par ailleurs annoncé le report de sa visite à Port-au-Prince à mi-décembre, initialement prévue fin octobre, en raison des perturbations provoquées par l’ouragan Melissa.
Une feuille de route dynamique
La Feuille de route pour la stabilité et la paix en Haïti est conçue comme un cadre évolutif piloté par Haïti, en partenariat avec l’OEA, la CARICOM et le système des Nations unies. Elle articule les mesures d’urgence et les réformes structurelles autour de cinq piliers :
- Sécurité et paix ;
- Consensus politique et gouvernance ;
- Processus électoral et légitimité ;
- Réponse humanitaire ;
- Développement durable et progrès économique.
Le dispositif comprend un tableau de bord “Haiti Roadmap Dashboard” pour assurer le suivi, la transparence et l’alignement des bailleurs. Il prévoit aussi la création d’un Mécanisme de coordination (CGM) regroupant l’OEA, l’ONU, la CARICOM et les autorités haïtiennes, ainsi qu’un Groupe des amis d’Haïti et la désignation prochaine d’un Représentant spécial de l’OEA pour Haïti.

