Différentes organisations, gouvernements et élites, tant au niveau international qu’en Haïti, se montrent très préoccupés par la situation du pays, qui ne cesse de se détériorer. Depuis une dizaine d’années, la violence des gangs ne fait qu’aggraver les difficultés existantes. Bien avant l’émergence de ces groupes armés, Haïti faisait déjà face à de graves problèmes politiques, environnementaux et économiques. Désormais, les gangs viennent s’y ajouter.
Lorsqu’on écoute les différentes propositions formulées par ces organisations, gouvernements et élites, les solutions à la crise haïtienne apparaissent souvent complexes et multiformes. Certains évoquent entre 20 et 100 mesures pour améliorer la situation du pays, rédigeant même des ouvrages ou programmes de plusieurs centaines de pages. Ces efforts intellectuels méritent le respect. Cependant, pour résoudre un problème efficacement et rapidement, il faut savoir le simplifier. Plus une approche est complexe, plus la solution devient difficile à atteindre. C’est précisément l’objectif de cet article : simplifier le problème haïtien pour mieux le comprendre et le résoudre.
Selon nos recherches, la crise haïtienne se divise en trois volets principaux :
- L’insécurité publique liée aux gangs
- La crise politique
- La crise économique
Tous les autres problèmes du pays découlent de ces trois axes. Toute personne — qu’elle soit homme ou femme politique, ou intellectuel — capable de s’attaquer à ces trois défis peut contribuer à remettre Haïti sur la voie du redressement.
- L’insécurité publique liée aux gangs
La véritable solution réside dans la réorganisation ou la décentralisation de la Police nationale d’Haïti (PNH) en trois forces principales : la police municipale, la police nationale et la police d’enquête. La sécurité publique, dans tout pays du monde, repose sur cette structure à trois niveaux, comme le démontrent de nombreuses études. Malgré l’aide extérieure (Kenya, États-Unis, Nations Unies, etc.), seul un système policier décentralisé et coordonné — à l’image de ceux des États-Unis, du Canada ou de la France — peut restaurer la sécurité sur le territoire. - La crise politique
Elle ne pourra être résolue qu’à travers une réforme constitutionnelle instaurant un régime parlementaire. Dans ce système, le président, élu par le Parlement, jouerait un rôle essentiellement honorifique pour un mandat de cinq ans, tandis que le Premier ministre et le gouvernement seraient choisis parmi les députés pour la même durée. Des pays comme le Togo, l’Éthiopie, l’Allemagne, l’Italie, Trinité-et-Tobago ou la Barbade constituent de bons exemples de ce modèle. - La crise économique
Elle pourrait être surmontée grâce à une vision quinquennale du gouvernement, articulée autour de plans successifs : premier, deuxième, puis troisième plan quinquennal, etc. La participation économique des Haïtiens, ainsi que celle d’autres nations comme la République dominicaine, la Chine, le Brésil, les États-Unis, le Canada ou la France, serait essentielle. L’État haïtien devrait adopter une philosophie socialiste de développement, guidant ces plans sur le modèle du Pakistan, du Bangladesh, du Vietnam, du Bhoutan ou de la Chine populaire.
Archange Deshommes
Conseiller en sécurité publique et en gestion de crises politiques
Fondation Idées pour Réformes
Auteur de plus de 80 articles sur Haïti et le monde
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