La destitution de la présidente Dina Boluarte, survenue le 10 octobre, plonge encore un peu plus le Pérou dans l’instabilité politique. Confrontée à une impopularité record et à des manifestations massives contre l’insécurité, l’économie en berne et la corruption, l’ancienne cheffe d’État paie le prix des luttes de pouvoir d’un Congrès désormais maître du jeu.
Selon plusieurs analystes, les factions parlementaires qui contrôlent l’Assemblée ont transformé l’institution en instrument de domination au service d’intérêts privés. Plus de la moitié des élus font l’objet d’enquêtes judiciaires, et leurs réformes ont affaibli la justice, réduit les sanctions pour corruption et ouvert la voie au crime organisé.
Le nouveau président, José Jeri, ex-président du Congrès âgé de 38 ans, se présente comme un défenseur de l’ordre, mais il est lui-même soupçonné de malversations. Les observateurs redoutent qu’il ne suive la voie autoritaire du Salvadorien Nayib Bukele.
Après huit présidents en dix ans, le Pérou reste prisonnier d’un système politique miné par la méfiance, les calculs électoraux et les intérêts illicites. À quelques mois des élections d’avril, la démocratie péruvienne vacille, sans garantie de renouveau.

