Sous la Coupole, l’émotion était palpable. L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens a remporté, ce jeudi, le prestigieux Grand Prix du Roman de l’Académie française pour Passagères de nuit, publié chez Sabine Wespieser. L’autrice de Bain de lune (déjà lauréate du Prix Femina en 2014) signe ici une fresque historique envoûtante, tissée entre Haïti et la Nouvelle-Orléans au XIXᵉ siècle, où se mêlent mémoire, exil et héritage féminin.
Le roman, inspiré de fragments familiaux, suit le destin d’Elizabeth, jeune quarteronne contrainte de fuir la Louisiane pour rejoindre Haïti, et celui de sa descendance dans une République naissante portée par le souffle de Dessalines et Louverture. Lahens y célèbre la résilience des femmes noires esclaves et libres, gardiennes de dignité et de transmission.
Le vote fut serré : 11 voix pour Lahens, contre 10 pour Pauline Dreyfus, tandis qu’Alfred de Montesquiou complétait la sélection. Cette victoire, au-delà de la consécration littéraire, marque aussi une reconnaissance symbolique : celle d’une voix haïtienne majeure, qui porte haut la mémoire de l’Atlantique noir et la puissance de la littérature francophone.

