27 octobre 2025
Henry Beaucejour : Ce que diraient les penseurs Haïtiens à Etzer Émile Mémoire, modernité et le refus de Dessalines
Actualités Société

Henry Beaucejour : Ce que diraient les penseurs Haïtiens à Etzer Émile Mémoire, modernité et le refus de Dessalines

Il est des moments où les mots d’un intellectuel, par leur apparente modernité, révèlent une blessure plus profonde dans la conscience collective. Affirmer, qu’« en 2025, on ne peut plus prendre Jean-Jacques Dessalines ni la bataille de Vertières comme référence », ne relève pas seulement d’une opinion ; cela traduit une conception du temps où le progrès se mesure à la distance que l’on prend d’avec ses propres fondations. Sous couvert de réalisme ou d’ouverture au monde, une telle déclaration trahit une fatigue de la mémoire, cette lassitude caractéristique des sociétés postcoloniales qui confondent la modernisation avec l’amnésie.

Cette posture participe d’une illusion très ancienne celle de la linéarité de la pensée, héritée des Lumières européennes, où l’histoire est perçue comme une marche ascendante vers la “civilisation”. Dans cette vision, le passé n’est qu’une enfance à dépasser, le présent une maturité à revendiquer. Mais pour Haïti première République noire issue d’une révolution antiesclavagiste une telle représentation n’est pas neutre. Elle reproduit, sous des formes plus subtiles, le schéma mental du colonialisme, celui qui hiérarchise les peuples, les cultures et les temporalités selon un modèle unique du progrès, défini ailleurs.

Or l’esprit de Vertières et la pensée de Dessalines n’appartiennent pas à un passé clos: ils forment une modernité alternative, une voie propre de l’être-au-monde, forgée dans la souffrance, la lutte et la dignité. Là où l’Europe se rêvait universelle, Haïti inventait l’universalité par la liberté.


Comme l’avait écrit Aimé Césaire dans Discours sur le colonialisme (1950),

« Il n’y a pas de mission civilisatrice ; il y a un processus de décivilisation. »
En niant la validité historique de Dessalines, on ne fait pas que renier un symbole : on réintègre Haïti dans la hiérarchie coloniale du temps, celle où les anciens colonisés ne peuvent être modernes qu’en renonçant à leur origine.

Cette tension entre mémoire et modernité traverse toute la pensée panafricaniste.
Léopold Sédar Senghor, dans sa Négritude et Humanisme, affirmait que la modernité africaine ne consiste pas à imiter l’Occident, mais à universaliser ses propres valeurs : rythme, communauté, spiritualité. Pour lui, « l’émotion est nègre comme la raison hellène » non pour opposer, mais pour réconcilier.
De même, Richard Wright, témoin de l’exil noir et analyste de la condition diasporique dans Black Power (1954), voyait dans la lutte pour la conscience noire le seul antidote à l’aliénation moderne :

« Ce n’est pas la couleur qui importe, mais la capacité à transformer la douleur en force politique. »

Ainsi, refuser Dessalines, c’est refuser cette transformation; c’est nier la dialectique du trauma et de la création qui fonde l’identité haïtienne et, plus largement, l’expérience noire moderne.
L’histoire d’Haïti ne suit pas une ligne droite elle se déploie en spirale, où chaque génération revient à Dessalines non pour s’y enfermer, mais pour y puiser la sève de sa propre refondation.

La véritable modernité Haïtienne n’est donc pas rupture, mais reliance  reliance entre mémoire et devenir, entre révolte et raison, entre local et universel. C’est cette modernité du Sud que Césaire, Senghor et Wright pressentaient : une modernité plurielle, insurgée, consciente d’elle-même. Elle seule peut sauver la pensée Haïtienne du piège de la linéarité et du nihilisme gestionnaire.

Dessalines, loin d’être un vestige, demeure la matrice d’une philosophie de la dignité, et Vertières, le premier chapitre d’une modernité noire mondiale une modernité encore inachevée, mais dont chaque mot de résistance, chaque acte de mémoire, prolonge l’horizon.

La déclaration récente affirmant qu’« en 2025, on ne peut plus prendre Jean-Jacques Dessalines ni la bataille de Vertières comme référence », constitue un symptôme inquiétant d’une dérive intellectuelle postcoloniale. Sous l’apparence du réalisme et de la modernité, elle traduit une rupture avec l’histoire fondatrice d’Haïti et une adhésion implicite aux logiques du néocolonialisme culturel. Ce texte interroge cette position à la lumière des pensées de Frantz Fanon, Kwame Nkrumah et Kémi Séba, en montrant que renoncer à Dessalines revient à renoncer à la pensée de la liberté.

1. L’amnésie comme politique intellectuelle

La modernité Haïtienne ne peut être pensée sans Vertières, car cet événement ne se réduit pas à une bataille, mais incarne la première négation historique du système esclavagiste mondial.
Vertières fonde une ontologie politique nouvelle : celle du sujet noir souverain.
Refuser Dessalines comme référence, c’est effacer l’acte inaugural de la subjectivité noire moderne, pour le remplacer par une rationalité importée, calibrée sur les paradigmes du Nord.

Sous couvert de rupture, cette pensée véhicule une forme de dépossession symbolique.
Elle nie l’universalité inscrite dans l’acte de 1804 : l’idée que la liberté ne se reçoit pas, elle se conquiert.C’est, pour reprendre Frantz Fanon, une manifestation du « colonialisme mental », où l’élite du Sud adopte les instruments d’analyse du colonisateur pour juger sa propre histoire.

2. La fausse modernité et la logique du progrès linéaire

Dire qu’il faut « dépasser Dessalines » présuppose une conception linéaire et évolutionniste du temps historique, héritée du positivisme occidental. Cette vision oppose un « avant » barbare à un « après » civilisé, selon une dialectique qui naturalise l’ordre colonial sous le masque du progrès.
Elle se fonde sur ce que Kémi Séba nomme la “modernité aliénée”, c’est-à-dire la tendance des élites africaines et diasporiques à mesurer leur réussite à l’aune des critères de l’Occident.

Dans Supra-négritude (2020), Séba avertit :

« Ce que l’Occident appelle modernité n’est souvent que l’actualisation de l’esclavage sous des formes plus sophistiquées. »

En ce sens, refuser Dessalines, c’est accepter que le référentiel occidental demeure le seul horizon de légitimité. C’est substituer au projet de souveraineté un projet d’intégration subalterne au système mondial.

3. La circularité de l’histoire haïtienne

L’histoire Haïtienne n’est pas une ligne droite vers un futur abstrait elle est circulaire, dialectique et vivante. Chaque génération est appelée à réinterpréter Dessalines non comme une relique héroïque, mais comme une boussole éthique et politique. Dessalines n’est pas un mythe figé : il est une méthode, un principe de résistance, une praxis de la dignité. Abandonner sa pensée, c’est rompre la chaîne de la souveraineté intellectuelle inaugurée par nos ancêtres.

Comme le rappelle Fanon dans Les Damnés de la terre,

« Le colonialisme ne se contente pas de conquérir des terres : il colonise les esprits. »

Et Nkrumah ajoute, dans Le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme (1965) :

« Le colonialisme ne part jamais sans laisser ses missionnaires et ses prophètes. »

Ces « prophètes modernes » n’ont plus besoin de la croix ni du fouet ils parlent le langage de la raison économique, de la stabilité institutionnelle et du développement durable un vocabulaire policé qui reconduit la même dépendance.

4. La décolonisation de la pensée comme impératif

Le refus de Dessalines illustre une fracture plus large celle entre pensée nationale et pensée managériale. La première cherche à refonder la dignité collective, la seconde à optimiser la dépendance.
Kémi Séba, dans ses interventions panafricanistes récentes, souligne que la vraie modernité n’est pas dans l’imitation, mais dans la réappropriation du sens :

« L’Afrique et sa diaspora ne redeviendront souveraines que le jour où elles cesseront de penser avec les concepts de ceux qui les ont vaincues. » Refuser Dessalines, c’est donc refuser de penser Haïti selon Haïti. C’est substituer à la mémoire vivante un logiciel de gestion, à la conscience historique un calcul utilitariste.

Jean Price-Mars: l’oubli comme maladie de l’âme collective

Jean Price-Mars verrait dans le propos d’Etzer Émile refusant Dessalines et Vertières comme référence le symptôme d’une dérive mentale nationale : celle de l’élite haïtienne fascinée par l’extérieur. « Mon fils, dirait-il, on ne guérit pas d’un passé qu’on n’a pas compris. La modernité ne consiste pas à renier ses origines, mais à les approfondir. Ce que vous appelez réalisme est en vérité un bovarysme, une fuite du moi collectif. » Et il rappellerait que Dessalines n’est pas un mythe tribal, mais le point d’origine de la conscience noire moderne, une preuve vivante que la dignité humaine se conquiert, elle ne se quémande pas.

Anténor Firmin: le refus du maître par la science de l’égalité

Anténor Firmin, savant de la raison et prophète de la justice raciale, verrait dans la déclaration d’Etzer Émile une forme de hiérarchie du temps, équivalente à la hiérarchie des races. « Quand vous dites que Dessalines ne doit plus être cité, vous établissez une nouvelle ligne de couleur: entre le passé noir et le présent occidental. Vous remplacez la supériorité de race par la supériorité d’époque. » Firmin lui rappellerait que la Révolution haïtienne ne fut pas une anomalie, mais le moment le plus cohérent des Lumières. « Vertières n’a pas vieilli, monsieur Émile. C’est la conscience du monde qui s’est atrophiée.

»

Dantès Bellegarde: la souveraineté comme éthique nationale

Le diplomate et moraliste Dantès Bellegarde répondrait avec la retenue du sage et la gravité de l’homme d’état: « Les nations ne meurent pas de pauvreté, mais de honte. Quand l’élite perd la mémoire, le peuple perd le sens. Dessalines n’est pas une figure à dépasser, mais un langage à traduire: celui de la souveraineté morale. » Et il ajouterait: « Haïti n’a pas besoin de nouveaux maîtres de pensée; elle a besoin de serviteurs de sa mémoire. »

Suzy Castor: le rejet de Dessalines comme trahison de classe

Historienne marxiste et analyste du néocolonialisme, Suzy Castor y verrait une expression de classe, non une idée innocente. « Ce discours qui refuse Dessalines n’est pas idéologique, il est économique. Il traduit le malaise d’une élite qui veut appartenir au monde global, mais sans rendre de comptes à l’histoire nationale. » Elle dirait encore: « Refuser Vertières, c’est refuser la lutte. Et refuser la lutte, c’est se ranger du côté des vainqueurs. La neutralité intellectuelle, en période de dépendance, n’est qu’une complicité déguisée. »

Jacques Roumain: l’histoire comme promesse de fraternité

Jacques Roumain, humaniste et marxiste poétique, parlerait avec la passion du militant: « Je ne comprends pas cette peur du passé. C’est dans le passé que brûle la lumière qui nous guide. Vertières

n’est pas un tombeau, c’est une flamme. Celui qui s’en détourne, s’éteint. » Et il conclurait: « Dessalines n’appartient pas à la poussière; il appartient au combat. Vous qui parlez de modernité, souvenez-vous: le peuple qui oublie ses morts n’aura plus de vivants. »

Jacques-Stéphen Alexis: la dignité comme condition de l’avenir

L’auteur de Compère Général Soleil, poète de la révolution humaine, lui répondrait dans une prose fraternelle mais ferme: « L’histoire n’est pas un fardeau, c’est une arme. Le peuple haïtien n’a pas besoin d’oublier Dessalines, il a besoin de comprendre pourquoi il n’a pas encore achevé Dessalines. Vous confondez le temps du monde avec celui de la conscience. Nous ne sommes pas en retard: c’est l’humanité qui n’a pas encore rejoint Vertières. »

René Philombé: l’aliénation linguistique comme prolongement du colonialisme

René Philombé, poète camerounais de la négritude et frère d’âme d’Haïti, viendrait rappeler que la colonisation la plus tenace est celle des mots. « Quand un intellectuel Haitien dit qu’il faut tourner la page de Dessalines, il parle dans une langue qui n’est plus la sienne. Car refuser Vertières, c’est refuser de dire “nous”. Et quand le “nous” disparaît, l’empire revient. »

Frankétienne : la mémoire comme chaos créateur

Frankétienne, prophète du spiralisme, poète de la totalité, briserait le silence avec la fureur du verbe: « Mézanmi, Dessalines se trouve encore dans les veines du pays! Il n’est pas passé, il circule, il hurle, il saigne dans chaque recoin de cette île. Effacer Vertières, c’est déchirer la chair même de la langue. Ceux qui refusent la mémoire ne sont pas modernes: ils sont morts-vivants du présent. » Et dans un souffle visionnaire : « L’histoire haïtienne n’est pas un fleuve tranquille: c’est une mer fractale, un chant qui recommence. »

De Price-Mars à Frankétienne, de Firmin à Roumain, de Castor à Alexis, une même voix traverse le temps: « Ce n’est pas Dessalines qu’il faut oublier, c’est le Dessalines qu’il faut accomplir. » Tous auraient rappelé à Etzer Émile que le vrai drame d’Haïti n’est pas l’excès de mémoire, mais son exil. Car renoncer à Dessalines, ce n’est pas seulement oublier un homme c’est rompre avec l’idée même de liberté.

Refuser Dessalines comme référence, c’est ignorer que la souveraineté n’est pas un héritage, mais un devoir. C’est oublier que la liberté, dans l’histoire haïtienne, n’a jamais été une concession, mais une conquête non une donation, mais une invention. Haïti n’a pas besoin d’un nouveau catéchisme économique ni d’un aggiornamento moral dicté par des institutions étrangères ; elle a besoin d’une réconciliation avec sa propre intelligence historique, celle qui sut transformer l’esclavage en liberté, la servitude en dignité, le néant en nation.

Vertières n’est pas un chapitre clos : c’est une grammaire du courage, une syntax du refus et une poétique de la lucidité. Elle enseigne que la liberté n’est jamais donnée, mais sans cesse à refonder. Ceux qui appellent à tourner la page confondent maturité et renoncement, réalisme et résignation. Car l’avenir d’Haïti ne dépend pas de sa capacité à oublier, mais de sa puissance à repenser son passé comme promesse.

Dans cette perspective, Dessalines n’est pas un mythe : il est une méthode. Une méthode pour continuer à se libérer de la dépendance économique, de la soumission symbolique et de l’amnésie organisée.
C’est ce que Frantz Fanon appelait « la désaliénation de la conscience », cette lutte intérieure qui précède toute révolution politique.
Et Aimé Césaire, dans Cahier d’un retour au pays natal, le pressentait déjà :

« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Dessalines, comme Césaire, parlait non pour dominer, mais pour redresser.
Sa parole, arrachée aux fers, fonde une ontologie du refus, un humanisme de l’insoumission.
C’est cette même flamme que Léopold Sédar Senghor a voulu préserver dans sa Négritude, lorsqu’il affirmait:

« Il ne s’agit pas de se fermer au monde, mais d’y entrer avec soi-même, non en mendiant, mais en donnant. »
La modernité haïtienne, à cette lumière, ne réside pas dans la rupture avec Dessalines, mais dans la fidélité créatrice à son esprit:
celle qui transforme la mémoire en moteur, la souffrance en savoir, le passé en force d’avenir.

Kwame Nkrumah, dans Le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme, avertissait:

« L’indépendance politique sans souveraineté intellectuelle est une illusion. »
Ce constat demeure d’une actualité brûlante pour Haïti, où la dépendance se recompose sous les habits du technocratisme, du prêt international et du discours de “bonne gouvernance”.
Le danger, aujourd’hui, n’est plus le colon à fusil, mais l’expert à costume, celui qui parle d’ordre et de rationalité pendant qu’il confisque la mémoire et neutralise la révolte.

À cet égard, Cheikh Anta Diop rappelait que « toute renaissance passe par la reconquête du passé ».
Et Kémi Séba, héritier radical de cette lignée, nomme cette reconquête “supra-négritude”, c’est-à-dire la capacité pour les peuples noirs de ne plus quémander la modernité, mais de la produire à partir d’eux-mêmes.
Ainsi comprise, la modernité haïtienne n’est pas imitation, mais création souveraine — non pas arrachement au passé, mais transfiguration de celui-ci en horizon.

Enfin, Jean Price-Mars, dans Ainsi parla l’Oncle, avertissait déjà l’élite Haïtienne de son penchant à mépriser ses propres racines culturelles. Il voyait venir cette pathologie : celle d’un peuple qui cherche dans le regard de l’autre la validation de son humanité.
Mais la véritable dignité, écrivait-il, naît du dialogue lucide entre le tambour et la raison, entre le créole et le français, entre la mémoire populaire et la pensée savante.

C’est dans cette fidélité à la mémoire vivante, et non dans l’imitation du monde, que réside la véritable modernité Haïtienne celle qui puise dans Dessalines non un totem figé, mais une méthode de libération continue, une science du courage, une esthétique de la dignité.

Car refuser Dessalines, c’est refuser d’être sujet.
Et une nation qui refuse son propre sujet ne fait plus l’histoire elle la subit.

Henry Beaucejour, MBA

Président de la chambre Haïtiano-Americain du commerce électronique

Références académiques

Césaire, Aimé.
Discours sur le colonialisme. Paris : Présence Africaine, 1950.
Ouvrage fondamental du mouvement anticolonial. Césaire y démonte le mythe de la « mission civilisatrice » et affirme que le colonialisme est une entreprise de déshumanisation réciproque.

Césaire, Aimé.
Cahier d’un retour au pays natal. Paris : Présence Africaine, 1939.
Poème épique et philosophique où Césaire redéfinit la dignité noire et la réconciliation avec la mémoire africaine.

Cheikh Anta Diop.
Civilisation ou barbarie : Anthropologie sans complaisance. Paris : Présence Africaine, 1981.
Étude magistrale sur la continuité historique des civilisations africaines et la nécessité d’une réappropriation du passé pour fonder une renaissance moderne.

Dessalines, Jean-Jacques.
Proclamation d’Indépendance d’Haïti, 1er janvier 1804.
Texte fondateur de la modernité haïtienne. Premier acte d’abolition totale de l’esclavage par les anciens esclaves eux-mêmes.

Du Bois, W. E. B.
The Souls of Black Folk. Chicago : A.C. McClurg & Co., 1903.
Classique de la pensée noire américaine. Introduit le concept de « double conscience », central pour comprendre la tension entre identité et modernité chez les peuples colonisés.

Fanon, Frantz.
Peau noire, masques blancs. Paris : Seuil, 1952.
Étude sur l’aliénation raciale et le rapport entre identité, domination et désir de reconnaissance.

Fanon, Frantz.
Les Damnés de la terre. Paris : François Maspero, 1961.
Analyse magistrale de la décolonisation psychologique et politique. Fanon y dénonce la colonisation de l’esprit et la nécessité d’une refondation culturelle.

Firmin, Anténor.
De l’égalité des races humaines : Anthropologie positive. Paris : Librairie Cotillon, 1885.
Texte majeur de la pensée antiraciste scientifique. Firmin oppose à Gobineau une vision égalitaire et universaliste fondée sur la raison et l’expérience.

Glissant, Édouard.
Poétique de la Relation. Paris : Gallimard, 1990.
Développement d’une philosophie de la créolisation et du rapport au monde depuis les sociétés caribéennes.

Mbembe, Achille.
Critique de la raison nègre. Paris : La Découverte, 2013.
Réflexion contemporaine sur la persistance du rapport colonial dans la mondialisation et sur la possibilité d’une modernité africaine autonome.

Nkrumah, Kwame.
Le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme. Paris : Présence Africaine, 1965.
Ouvrage clé du panafricanisme politique. Nkrumah y montre comment les anciennes puissances coloniales perpétuent la dépendance sous des formes économiques et culturelles nouvelles.

Price-Mars, Jean.
Ainsi parla l’Oncle : Essais d’ethnographie. Port-au-Prince : Imprimerie de l’État, 1928.
Œuvre fondatrice de l’ethnologie haïtienne, plaidoyer pour la reconnaissance du patrimoine africain et populaire dans la formation nationale.

Senghor, Léopold Sédar.
Liberté I : Négritude et Humanisme. Paris : Éditions du Seuil, 1964.
Réflexion sur la Négritude comme humanisme universel et contribution africaine à la civilisation de l’universel.

Senghor, Léopold Sédar.
Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. Paris : PUF, 1948.
Préface-manifeste où la Négritude est définie comme « la simple reconnaissance du fait d’être noir et de vouloir le demeurer ».

Séba, Kémi.
Supra-négritude. Paris : Nofi Éditions, 2020.
Manifeste contemporain du panafricanisme radical. Séba y définit la « modernité aliénée » comme la poursuite du colonialisme par les élites du Sud elles-mêmes.

Trouillot, Michel-Rolph.
Silencing the Past: Power and the Production of History. Boston : Beacon Press, 1995.
Analyse de la manière dont le pouvoir façonne la mémoire historique et efface les récits révolutionnaires comme celui d’Haïti.

Wright, Richard.
Black Power: A Record of Reactions in a Land of Pathos. New York : Harper & Brothers, 1954.
Témoignage sur la conscience noire et la quête d’émancipation intellectuelle dans les sociétés postcoloniales.

 Références secondaires et critiques contemporaines

  • Corten, André. Haïti, la politique du chaos. Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 1999.
  • Hallward, Peter. Damming the Flood: Haiti, Aristide, and the Politics of Containment. London : Verso, 2007.
  • Mbembe, Achille. Politiques de l’inimitié. Paris : La Découverte, 2016.
  • Glissant, Édouard. Traité du Tout-Monde. Paris : Gallimard, 1997.
  • Diouf, Mamadou. The Atlantic Slave Trade and Africa: Modernity, Memory, and Globality. New York : Routledge, 2003.

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