Interview (presque) imaginaire (Partie 1), par Dr Arnousse Beaulière, économiste, analyste politique, auteur de l’essai intitulé « Haïti : Changer d’ère « (L’Harmattan, 2016)
Bordeaux (France) mardi 03 septembre 2017 ((rezonodwes.com)).- Après avoir lu « Cette hypocrisie qui nous tue ! » publié par Dieulermesson Petit Frère qui parle d’éducation et de culture, dans Le Nouvelliste (19 août 2015), j’ai imaginé, à l’occasion de la rentrée scolaire, un scénario où, journaliste (fictif), je chercherais à interviewer l’ancien président Michel Martelly pour recueillir sa réaction
.
Pour ce faire, j’ai contacté directement son
Voici donc le contenu de cette interview, en exclusivité mondiale.
AB. – Bonjour Monsieur Martelly.
MM. – Bonjour Monsieur Beaulière.
AB. – Merci d’avoir accepté mon invitation pour parler de deux sujets qui vous tiennent à cœur, à savoir l’éducation et la culture en Haïti. Monsieur Martelly, permettez-moi, d’abord, de vous citer un auteur, monsieur Dieulermesson Petit Frère, auteur d’un très bel article intitulé « Cette hypocrisie qui nous tue ! », qui fait beaucoup de vague en ce moment. L’aviez-vous lu?
MM. – Malheureusement, non. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, j’en suis navré, je ne suis pas un grand lecteur, je n’ai jamais été vraiment attiré par la lecture, ni d’articles, ni de livres. J’ai honte! Je laisse ça aux zentèlektyèl ! Bann ipokrit yo !
AB. – Ah, vous aussi, vous parlez d’hypocrisie !
MM. – Oui, bien sûr, comme j’aime à le dire, « ipokrit yo sezi ! » « Sa yo te konprann, yo pap fout sis!« … (remonté comme une pendule, il est parti dans un délire, brandissant le majeur dans un geste à la Sweet Micky, comme pour accompagner sa pique envers les intellectuels qu’il exècre).
AB. – Excusez-moi Monsieur Martelly, visiblement, avec vous, les intellectuels de ce pays n’ont qu’à bien se tenir! Nous sommes en train de nous éloigner du sujet principal de cette interview. Revenons donc à l’article de Dieulermesson Petit frère, si vous le voulez bien. Selon cet auteur, qui semble maîtriser parfaitement son sujet, « l’on n’arrête pas de répéter que la culture, la littérature est tout ce qu’Haïti a de mieux à offrir au monde. Mais qu’avons-nous fait de cette culture ?, demande-t-il ? Combien d’écoles dans le pays (tant à Port-au-Prince que dans les villes de province) disposent d’une bibliothèque ? Que font nos écoliers après avoir quitté l’école ? Y a-t-il une bibliothèque municipale dans chaque ville de province où ils peuvent s’adonner librement à la lecture ?« , ajoute-t-il.
Monsieur Martelly, en tant qu’ancien président dont l’administration aurait dépensé inutilement des
MM. – Monsieur Beaulière, vous savez, depuis mon arrivée au pouvoir, mon administration a créé des dizaines de bibliothèques et médiathèques à travers le pays. Sur toute l’étendue du territoire national. Vous m’entendez bien, nan tout peyi a alwonnbadè ! Ce qui est extraordinaire, n’est-ce pas ? Du jamais vu ! Oui, je le répète fièrement « Du jamais vu ! », monsieur Beaulière. Avant nous les Tèt Kale, c’était le néant ! Kwè m si w vle, anyen ditou ! Zewo bare !
AB. – Quid alors des réalisations de vos prédécesseurs ?
MM. – Mes prédécesseurs, monsieur Beaulière ? Des fainéants ! Des « bêtiseurs« , comme on dit chez nous ! Aujourd’hui, c’est le progrès, l’abondance ! Vous pouvez le constater vous-même, monsieur Beaulière ? Ce pas de géant fait dans l’éducation et la culture dans notre pays, c’est grâce à qui ? Eh ben, oui, c’est grâce à moi, bien sûr ! Oui, grâce à moi, chef des bâtisseurs Tèt Kale !
AB. – Comment avez-vous fait pour atteindre une telle excellence, monsieur Martelly ?
MM. – Laissez-moi vous dire, Monsieur Beaulière, mon administration a géré l’argent public « comme un bon père de famille » selon l’expression consacrée. A notre arrivée au timon des affaires, dans les circonstances exceptionnelles que vous savez très bien pour en avoir parlé dans votre ouvrage « Haïti : Changer d’ère « (il fait un sourire en coin, comme pour se moquer de ses nombreux détracteurs… et qui sait peut-être de moi également ?), nous avons voulu être d’une vigilance absolue sur la gabegie administrative. La corruption était farouchement combattue. L’impunité fut à jamais bannie dans ce pays, grâce au formidable travail réalisé par la Justice en collaboration étroite avec la Police. Deux institutions irréprochables, comme vous le savez si bien. D’ailleurs, ceci est tellement vrai que je n’ai jamais été inquiété malgré tout ce que j’ai pu faire d’inacceptable dans le pays pendant et même encore aujourd’hui après mes cinq années de mandat.
AB. – En effet, les Haïtiennes et les Haïtiens vous en sauront toujours gré. Ils en témoignent d’ailleurs tous les jours partout, y compris dans la diaspora lors de vos tournées à la tête de votre groupe musical Sweet Micky.
MM. – Merci Monsieur Beaulière de reconnaître l’intégrité et le sens de responsabilité du président de la République que je fus, le succès de mon administration, la qualité extraordinaire de nos institutions, et surtout le soutien total du peuple haïtien à notre politique. C’est tellement rare chez les journalistes que cela mérite d’être souligné. Et, à ce propos, permettez-moi monsieur Beaulière de saluer, avec le plus profond respect, le professionnalisme de l’une de vos consœurs, je veux parler de madame Liliane Pierre-Paul. Je sais qu’elle est ô combien touchée par ces énormes insanités qu’un ancien président de la République ne cesse de proférer à son égard depuis un moment.
A vrai dire, que reproche-t-il à la reine du « Jounal 4è « de radio Kiskeya ? Eh ben, tout simplement d’être une journaliste professionnelle faisant sérieusement son travail et, qui plus est, respectée tant de ses pairs que de ses auditrices et auditeurs ! Le comportement de cet ancien chef de l’Etat est inadmissible ! Ce n’est pas seulement Liliane Pierre-Paul qu’il salit à travers ses ignominies, mais toute la profession ! Quelle indécence ! Les images qui circulent en permanence sur les réseaux sociaux donnent la nausée, monsieur Beaulière ! Oui, ça donne la nausée !
J’ai une pensée toute particulière pour madame Pierre-Paul, sa famille et ses collègues de bureau (sa seconde famille). Je tiens à le dire haut et fort, cet ancien président de la République n’est vraiment pas digne ! D’ailleurs, selon moi, il ne devrait plus bénéficier des privilèges et avantages accordés par l’Etat aux anciens présidents. Il devrait être boycotté partout à la radio, à la télé pendant un bon bout de temps. Le ministère de la Culture devrait se saisir de cette affaire pour se prononcer dans le plus bref délai. Ne serait-ce que pour montrer aux jeunes de ce pays que ce n’est absolument pas l’exemple à suivre en matière de moralité républicaine. Car, en se comportant ainsi, cet ex-président fait terriblement
AB. – Personne ne peut le contester, monsieur Martelly, les faits sont têtus. Ce succès est tel que vous êtes désormais la morale incarnée pour nos compatriotes de tout âge.
Docteur Arnousse Beaulière