20 septembre 2025
Haïti – 20 septembre : naissance et sacre de Jean-Jacques Dessalines, Empereur Jacques Ier et père fondateur de la liberté universelle
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Haïti – 20 septembre : naissance et sacre de Jean-Jacques Dessalines, Empereur Jacques Ier et père fondateur de la liberté universelle

Dr Josué Renaud : « Attention aux beaux discours des fils dénaturés qui avilissent l’État, ouvrent les portes du pays à des mercenaires et osent aujourd’hui se réclamer de Dessalines. Sans souveraineté réelle, aucune Constitution ne peut porter un projet de société durable. Et tant que nous resterons plongés dans l’assistanat, jamais nous ne connaîtrons un véritable développement. »

Le 20 septembre porte une double mémoire dans l’histoire d’Haïti et du monde. Né le 20 septembre 1758 à Grande-Rivière-du-Nord, Jean-Jacques Dessalines, ancien esclave devenu stratège militaire, libérateur et chef de nation, fut couronné Empereur d’Haïti sous le nom de Jacques Ier le 20 septembre 1804, moins d’un an après la proclamation de l’indépendance du 1er janvier.

Ce sacre, voulu pour affermir l’unité du pays et prévenir toute reconquête coloniale, fut suivi de la promulgation de la Constitution impériale du 20 mai 1805. Ce texte, d’une portée universelle, proclamait l’abolition définitive de l’esclavage et l’égalité des citoyens. L’article 2 stipulait : « L’esclavage est à jamais aboli. » L’article 12 précisait : « Aucun blanc, quelle que soit sa nation, ne mettra le pied sur ce territoire à titre de maître ou de propriétaire. » Ces dispositions inscrivaient Haïti dans l’histoire comme la première société issue d’une révolte servile victorieuse, érigeant la liberté et l’égalité en principes fondateurs.

Au-delà du cadre strictement juridique, la Constitution impériale traduisait une vision politique. L’article 9 affirmait que « Les citoyens d’Haïti seront connus désormais sous la dénomination générique de Noirs », faisant de la couleur un symbole de dignité retrouvée et d’unité nationale, contre les hiérarchies raciales héritées du colonialisme.

Cette coïncidence historique – naissance et sacre le même jour – consacre le 20 septembre comme une date matricielle. Elle rappelle que Dessalines, né esclave, sut imposer à la face du monde l’existence d’une nation souveraine, édifiant l’un des premiers États modernes à avoir constitutionnalisé l’égalité radicale.

Deux siècles plus tard, l’héritage de Jacques Ier demeure une référence incontournable. Comme l’a souligné l’historien Thomas Madiou, « Dessalines a su transformer la douleur de l’oppression en une Constitution de liberté. » En ce jour anniversaire, la mémoire du Fondateur invite Haïti à relire l’esprit de 1805 : une souveraineté qui ne se divise pas, une dignité qui ne se négocie pas, et un avenir qui ne se construit que dans l’égalité et la justice.

Aujourd’hui, alors que l’avant-projet de Constitution de 2025 suscite controverses et critiques, la comparaison avec le texte de 1805 est inévitable. Là où la Constitution impériale tirait sa légitimité d’un combat libérateur et d’un consensus de survie nationale, les propositions actuelles apparaissent fragilisées par l’absence de législature, par les doutes sur la transparence du registre électoral et par la domination persistante de groupes armés. Le contraste souligne une évidence : sans souveraineté réelle, aucune Constitution ne peut porter un projet de société durable.

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