18 septembre 2025
Jean L. Theagène – LETTRE À LA JEUNESSE DE MON PAYS…
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Jean L. Theagène – LETTRE À LA JEUNESSE DE MON PAYS…

LETTRE À LA JEUNESSE DE MON PAYS…

« Seulement quelques hommes contruisent des villes, les autres se contentent d’y vivre.Seulement quelques hommes font des plans de métros; les autres s’en servent pour se déplacer. Seulement quelques hommes bâtissent les gratte-ciel et les usines; les autres y travaillent » . William H. Danforth

La Démocratie est un vocable très à la mode et surtout très en demande. Mais en comprend-on le véritable sens et les vrais enjeux? En suppute-t-on les difficultés réelles? De temps à autre, certains petits pays servent de laboratoire aux maîtres à penser de la Planète, ceux qui n’admettent pas qu’une portion de l’humanité puisse penser différemment sans les contraintes de l’uniformité collective. Ceux qui ne comprennent pas que ce sont la diversité et la pluralité qui font le charme de cette humanité que nous sommes tenus de partager. Le forcing des relents de néo-colonialisme assorti d’un déséquilibre socio-économique permanent et d’une tentative soutenue de domination et d’acculturation. À cause de l’anarchie sporadique qui a toujours secoué Haïti tout au long de son histoire, à cause du manque de vision de ses Chefs d’État, de l’indiscipline de sa population, de la méfiance congénitale de la Communauté internationale contre cet État naturellement contestataire, notre pays était tout à fait désigné pour servir de cobaye aux professionnels de la domination politique. En l’an de grâce 2025, peu de nations présentent un tel évantail de critères au choix des décideurs.À part le Moyen-Orient, il ne reste aux États-vautours que la chétive Haïti à se mettre sous les dents. Ce qu’on ne tarda pas à faire par ONU,OEA, CARICOM interposé. On confie à l’armée « Kenya » la mission de mettre au pas le pays de Dessalines et de Christophe et de faire en sorte que son peuple réintègre les rangs des « civilisés » qu’il a désertés au cours de son évolution.

Après avoir longtemps tergiversé dans la recherche de l’ennemi à mettre au pas entre les Chimère, les kokorats et les soldats démobilisés, voilà que les forces d’occupation montrent leur vrai faciès. Les agents de l’insécurité ne sont plus les manifestants pro- Aristide qui détruisent tout sur leur passage. Ce ne sont plus les policiers kidnappeurs qui rançonnent grands et petits au gré de leur appétit et des circonstances. Ce ne sont plus les technocrates corrompus- corrupteurs, les leaders volatiles sans colonne vertébrale. Le bouc émissaire était tout trouvé : l’armée démobilisée, inconstitutionnellement dissoute par le satrape Aristide qui voulait mettre toutes les chances de son côté pour éviter d’éventuels Coups d’État causés par sa mauvaise gestion et ses tendances tyranniques. Déjà des attaques se précisent. Et lors d’interventions musclées, on enregistra des morts des deux côtés. Car, il ne faut pas se leurrer : des gens en état de légitime défense se révèlent très souvent des vainqueurs ou des suicidaires potentiels. Malheureusement, la littérature politique actuelle s’est enrichie d’une terminologie qui se situe à la limite de la controverse: terrorisme pour action suicidaire d’éclat, mondialisation-globalisation pour partage régalien de la planète, terroristes pour bombe vivante utilisée dans les causes difficiles.

Le drame haïtien se poursuit actuellement avec la mort de TiWill aux Gonaïves. D’aucuns diront qu’il s’agit d’un accident de parcours. D’autres allèguent l’idée d’une escalade dans la violence quotidienne qui a cours en Haïti. Violence sciemment entretenue par l’indifférence et le mépris des forces d’occupation qui ont laissé à l’anarchie et à l’insécurité le soin de s’installer « ad nauseum » dans ce pays, dont la mémoire des quinquagénaires se souvient avec nostalgie des tableaux bucoliques et des moments impérissables d’il y a soixante cinq ans. Violence aussi dit- on pour faciliter l’entrée aux Gonaïves d’Aristide

!Aussi, à la lumière des échecs répétés des dirigeants en provenance de diverses classes sociales haïtiennes, importe-t-il de mettre de côté les artifices de la politique traditionnelle pour s’engager dans de nouvelles avenues et tenter de nouvelles expériences avec de nouveaux acteurs. Il ne faut guère oublier qu’un phénomène ne témoigne pas à lui seul de l’ensemble d’une culture ni d’une société(Michiyo Watanabe) Ce qui reviendrait à suggérer à la Jeunesse de mon pays: de ne plus s’exposer à cette surdité de terreur, même de complicité, susceptible de refréner les ardeurs et la générosité de cet âge. Cette jeunesse a déjà fait l’Histoire en 1946 lors des »Glorieuses » mettant fin à une dérive de 31 ans de prise en otage du pays réel par le pays légal. Et résonnent encore à nos oreilles, tel l’écho des bombes sur un champ de mines ,les noms de Dorléan Juste, René Dépestre, René Belance, Jean F, Brière et ceux de tous les Anonymes qui ont marqué les mémorables journées de grève de 1946 au cours desquelles le Gouvernement rétrograde d’Elie Lescot, l’auteur du livre » Avant l’oubli », a dû plier bagages et abandonner le terrain. Il en est de même de tous les mouvements de jeunes qui n’ont pas craint d’affronter les forces de répression dans la défense de leurs idées progressistes. Hier encore, ils se mettaient en Croix sur la voie empruntée par les sbires d’Aristide défendant du bec et des ongles autant leurs acquis que leurs professeurs et surtout leur Doyen dont les jambes ont été brisées par les Chimères du gouvernement dans la plus pure tradition de la Mafia.

Remontant le cours de l’Histoire, on peut, en outre, évoquer l’attitude des jeunes de la Province: les Alphonse Henriquez, les George Séraphin, les Ferry Auguste et tous les autres qui, dans leur temps, ont fait montre de courage, de bravoure et de fermeté dans leurs revendications. Le seul reproche qu’on puisse leur dresser c’est de ne pas avoir recherché cet encadrement qui leur aurait permis de prendre une part plus active à la gestion politique de leur pays. Il est dit que l’insurrection est l’accès de fureur de la vérité( Victor Hugo). Une fois de plus, c’est à cette Jeunesse qui monte aux barricades et au créneau que nous nous référons pour redonner à Haïti sa dignité perdue et cette fierté d’appartenir à une humanité plus ouverte et surtout plus consciente des dangers impliquant les protistes de la politique.

À cette Jeunesse qu’aujourd’hui, l’Histoire sollicite pour qu’Haïti ne tombe plus dans les ornières de la division et de la haine alimentée par les idéologies autant religieuses que politiques, nous osons encore dire: » Vous ne devez de salut à personne ». Mais ce geste anodin que vous aurez posé est créateur de richesses. Il vous engage des obligés ». Tout le monde sait que la Jeunesse Haïtienne a toujours fait montre de générosité, de solidarité et de grandeur d’âme. Même si elle a été corrompue en cours de route par les chants de sirène des Don Quichotte des idées subversives, la Jeunesse est et reste l’ultime canot de sauvetage du navire national en perdition. Les aînés qui ont fait leur preuve peuvent toujours servir d’exemple aux jeunes d’aujourd’hui. Toutefois, ils devront s’arranger pour éviter l’interruption de la formation et de l’information entre les générations. Qu’ils ne craignent surtout pas d’aborder les sujets, les plus difficiles les plus tabous telles les tranches d’histoire du Dr Duvalier et d’Aristide.

Jeunesse de mon pays, jetez à la poubelle ces polichinelles de la politique haïtienne, ces marionettes des théâtres d’ombre qui n’amusent plus. CPT a déjà reçu sa sentence. Fermez donc cette parenthèse honteuse qui défigure la vraie histoire de ce pays et demandez-vous simplement  » Quo non ascendam » Jusqu’où ne m’éleverai-je pas? Alors, il y a de fortes chances que les choses puissent changer pour vous dans la mesure où comme l’écrit le poète: »Vous êtes »Océan ou RuisseauxSoleils ou Planètes. ………….

Jean L. Théagène

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