Haïti – Washington réaffirme sa fermeté : Martelly visé par les sanctions, doit-il craindre le rappel de l’Ambassadeur Wooster à « Pause café » ?
Port-au-Prince, 15 septembre 2025 (Rezo Nòdwès) – Lors d’une rencontre intitulée « Pause café avec l’Ambassadeur », le chargé d’affaires américain en Haïti, Eric Stromayer Wooster, a réaffirmé lundi la volonté de Washington d’appuyer les efforts de stabilisation dans le pays. Il a rappelé que les États-Unis soutiennent la mise en place, sous l’égide des Nations unies, d’une force internationale de plus de 5 000 hommes, destinée à rétablir l’ordre face aux violences des gangs.
Le diplomate a indiqué que la désignation des gangs haïtiens comme organisations terroristes étrangères illustre la détermination américaine à utiliser l’ensemble des instruments juridiques disponibles. Il a souligné la nécessité pour les trafiquants, les bailleurs de fonds et les responsables politiques de rendre compte de leurs actes, tout en confirmant que des mesures telles que la révocation de visas s’appliquent déjà. « La sécurité et la stabilité d’Haïti sont importantes pour les États-Unis », a déclaré Wooster, en précisant que cette ligne de fermeté concerne aussi bien les acteurs présents dans le pays que ceux installés à l’étranger.
Ces déclarations interviennent dans un contexte où l’ancien président Michel Martelly fait l’objet de lourdes accusations et de sanctions internationales. En août 2024, le département du Trésor américain a affirmé que ses actions avaient « contribué de manière significative à l’effondrement de la sécurité en Haïti ». Dans son communiqué, Washington l’accusait d’avoir abusé de son influence pour faciliter le trafic de cocaïne vers les États-Unis et d’avoir parrainé plusieurs gangs opérant sur le territoire haïtien. Les sanctions interdisent aux institutions financières américaines de lui accorder prêts ou crédits.
« Les mesures prises aujourd’hui à l’encontre de M. Martelly soulignent le rôle important et déstabilisant que lui et d’autres élites politiques corrompues ont joué dans la perpétuation de la crise actuelle en Haïti », avait précisé Bradley T. Smith, sous-secrétaire d’État par intérim au terrorisme et au renseignement financier.
Âgé de 63 ans, ancien musicien connu sous le nom de « Sweet Micky », Michel Martelly est accusé de corruption endémique, notamment d’avoir détourné une partie des 2 milliards de dollars d’aide vénézuélienne dans le cadre du programme PetroCaribe, sans jamais avoir été inculpé par la justice haïtienne. En 2022, le gouvernement canadien l’avait également sanctionné, l’accusant d’avoir profité des gangs armés. Un rapport des Nations unies publié en septembre 2023 l’a, de son côté, pointé pour corruption politique et liens directs avec des groupes armés, soulignant qu’il avait utilisé ces derniers pour étendre son influence dans les quartiers et avancer son programme politique, contribuant à un héritage d’insécurité toujours actuel.
Dans ce climat, une interrogation reste ouverte : Michel Martelly devrait-il s’inquiéter du rappel appuyé du chargé d’affaires américain, qui insiste sur la responsabilité et la traque des sponsors de gangs, y compris ceux résidant à l’étranger ?, s’interroge le Dr Josué Renaud, directeur de la New England Human Rights Organization (NEHRO).
