Les États-Unis sanctionnent l’ancien président haïtien pour trafic de drogue
Le département du Trésor a déclaré que les actions de l’ancien président Michel Martelly ont contribué de manière significative à l’effondrement de la sécurité dans le pays.
Les États-Unis ont imposé des sanctions contre l’ancien président haïtien Michel Martelly pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, selon un communiqué du Département du Trésor américain publié mardi, l’accusant de contribuer à la déstabilisation et aux troubles qui affligent la nation caribéenne.
M. Martelly, qui a été président d’Haïti de 2011 à 2016, « a abusé de son influence pour faciliter le trafic de drogues dangereuses, y compris la cocaïne, à destination des États-Unis », a déclaré le département du Trésor. Il a également « parrainé de nombreux gangs basés en Haïti », ajoute le communiqué. Les sanctions interdisent aux institutions financières américaines d’accorder des prêts ou des crédits à M. Martelly.
« Les mesures prises aujourd’hui à l’encontre de M. Martelly soulignent le rôle important et déstabilisant que lui et d’autres élites politiques corrompues ont joué dans la perpétuation de la crise actuelle en Haïti », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire d’État par intérim au terrorisme et au renseignement financier, dans le communiqué.
Le gouvernement de M. Martelly, un musicien populaire de 63 ans connu sous le nom de « Sweet Micky », a été accusé de corruption endémique, notamment de détournement de quelque 2 milliards de dollars d’aide du Venezuela, bien qu’il n’ait jamais fait l’objet d’une quelconque inculpation en Haïti.
Il a été sanctionné en 2022 par le gouvernement canadien, qui l’a également accusé de profiter de gangs armés.
En septembre 2023, un rapport des Nations Unies sur les sanctions a pointé du doigt M. Martelly pour sa corruption politique et ses liens avec les gangs. Le rapport indique que pendant sa présidence, il « a utilisé les gangs pour étendre son influence dans les quartiers afin de faire avancer son programme politique, contribuant ainsi à un héritage d’insécurité dont les effets se font encore sentir aujourd’hui ».
Haïti est aux prises avec la violence des gangs depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, qui a laissé un vide politique. Cette année, une offensive coordonnée de gangs armés dans la capitale, Port-au-Prince, a entraîné l’effondrement du gouvernement et la nomination d’un conseil de transition en avril et d’un premier ministre intérimaire en mai.
Environ 400 policiers kenyans ont été déployés en Haïti cet été, après que les Nations unies ont autorisé une mission multinationale de soutien à la sécurité, largement financée par les États-Unis, afin d’aider la police locale, en sous-effectif, à rétablir l’ordre public et la sécurité
Les gangs contrôlent encore de larges pans de la capitale, dont certaines parties ressemblent à une zone de guerre où les civils sont victimes de meurtres, de viols et d’enlèvements contre rançon. Selon l’ONU, 547 personnes ont été tuées ou blessées dans des violences liées aux gangs au cours du seul mois de juillet, ce qui représente une augmentation de 35 % depuis l’arrivée de la force kenyane.
Il y a également eu une augmentation de la violence sexuelle et sexiste, ainsi que l’utilisation croissante d’enfants par les gangs pour mener des activités criminelles, selon Cluster Protection Haïti, un effort conjoint d’Haïti et de l’ONU pour lutter contre les menaces pesant sur les civils.
Les États-Unis ont imposé des sanctions à des chefs de gangs et à des hommes politiques, dont un ancien premier ministre, mais M. Martelly, l’ancien président qui a choisi M. Moïse pour lui succéder et qui a exercé une influence considérable sur son administration, est le responsable haïtien le plus en vue à figurer publiquement sur une liste de sanctions.
L’ancien Premier ministre haïtien Laurent Lamothe a été sanctionné par les États-Unis en juin 2023 pour le détournement présumé de 60 millions de dollars de fonds publics haïtiens. M. Lamothe a vécu à Miami mais n’est pas résident américain. Il a quitté les États-Unis à un moment donné et n’a pas été autorisé à y retourner depuis l’annonce des sanctions.