Cap-Haitien, 14 sept 2025 (Rezo Nòdwès) – Depuis le retrait des grandes compagnies américaines du ciel d’ Haïti, les voyageurs font face à une envolée des prix des billets d’avion, dénoncée comme une « rente de rareté » par des économistes.
Un aller simple Haïti–Brésil de quatre heures est aujourd’hui proposé à 1 560 dollars, soit presque cinq fois le prix d’un Brésil–Miami (11 heures, 310 dollars) ou le double d’un Brésil–Canada (10 heures, 600 dollars). Même les vols intérieurs affichent des tarifs jugés excessifs : Cap-Haïtien–Cayes, 30 minutes, coûte 210 dollars, presque autant qu’un Brésil–Santo Domingo de neuf heures.
« Nous assistons à une tarification sans rapport avec la distance ni les coûts réels », a expliqué off-micro à Rezo Nòdwès un économiste haïtien, rappelant qu’un Miami–Cap-Haïtien avoisine désormais 1 000 dollars, pour une liaison plus courte que nombre de vols intercontinentaux.
Cette flambée des prix affecte directement la diaspora haïtienne, qui finance une large part des transferts vers le pays, et fragilise le secteur touristique, déjà laminé par l’insécurité « programmée« . Les comparaisons avec les voisins caribéens sont éloquentes : en République dominicaine, l’entrée de transporteurs low-cost a permis de maintenir des tarifs compétitifs.
En Haïti, l’absence de régulation et la faiblesse institutionnelle laissent le marché aux mains de quelques transporteurs régionaux, accusés d’exploiter un public captif. Aucune mesure n’a été annoncée pour ouvrir le ciel à de nouveaux acteurs ou encadrer les tarifs, relèvent des voyageurs, tandis que les autorités vantent le développement du “grand pôle Nord”. À moins de cinq mois d’existence, le régime en place semble miser davantage sur les effets d’annonce que sur une régulation concrète du secteur aérien.