25 octobre 2025
Vers un départ ordonné du CPT
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Vers un départ ordonné du CPT

« Il n’est point de vent favorable à celui qui ne sait en quel port se rendre ». À cette profonde pensée du philosophe Sénèque qui rappelle l’importance de définir une vision et des stratégies coordonnées pour atteindre un certain objectif, j’ajouterais la nécessité impériale de sélectionner à bon escient les responsables de projets de société. Car même au cas où le vent serait propice, en absence de capitaines à la dimension de la noble fonction de piloter la barque, le navire n’obéira pas tout seul à l’alternative d’emprunter la bonne direction. Il n’existe pas de baguette magique. Haïti s’enlise dans un épisode de crise systémique prolongée dont elle peine à s’en sortir en raison d’une panne de vision, mais surtout d’une carence de leadership politique moderne à la hauteur des défis contemporains. Puisque le poisson pourrit par la tête, le déficit de gouvernance qui prévaut au pays charrie un ensemble de dysfonctionnements débouchant sur l’insécurité, l’instabilité et l’asphyxie économique.

En présence de ce cocktail explosif d’une défaillance de l’État combinée à un engagement de mercenaires étrangers disposant de drones kamikazes pour engloutir ces terroristes qui développent la stratégie de se confondre avec la population naïve, le risque d’un carnage est imminent. Afin d’écarter ce danger et de faciliter Haïti à prendre une nouvelle direction, il faut un renouveau sur la scène politique. Un retour à l’équilibre requiert que l’élite probe dont la vocation consiste à incarner une responsabilité morale et sociale s’implique dans cette sphère décisive. Quand la politique veut, l’économie peut. Haïti est face à l’urgence d’amorcer un levier de transformation positive pour stopper cette hémorragie qui paralyse le métabolisme sociétal. Pour changer ce jeu caractérisé par une domination incessante de toute forme de tribulations contre la population, il revient à placer du sang neuf sur le terrain. Le CPT devrait être révoqué et remplacé immédiatement. R.R.I.

D’une monocéphalie faisant la grosse tête dans un affreux narcissisme à une cruelle acéphalie qui a déverrouillé les portes d’accès de toutes les institutions sacrées, le paysage politique haïtien a été marqué par un vide politique abyssal, sans précédent. Les faiseurs de rois de l’Occident croyaient qu’une transition vers une multicéphalie mosaïque serait la panacée au déficit de gouvernance d’Haïti. Ont été ainsi désignés neuf arrivistes proxy-présidents pour dévier la diplomatie nationale du standard diplomatique international. De cette créativité archaïque, les homologues présidents étrangers sont confus à chaque invitation au sommet lancée à Haïti. Cacophonie qui s’est étendue jusqu’aux tribunes de l’ONU qui ne savaient combien de sièges réservés pour combien de fesses aux délégations diplomatiques haïtiennes. La tâche des agents de protocole devenait difficile quand pour un même pays, une suite de présidents défilaient à la queue leu leu. Même Wikipédia et Google n’ont pas pu aider à clarifier les points d’ombre. 

La mascarade CARICOMique a enfanté une créature monstrueuse qui a amplifié la corruption et le laxisme administratif dans un pays déjà trop réfractaire aux mutations technologiques. Pire que les régimes précédents, le CPT laissera Haïti avec des déficits énormes, non seulement sur les plans économique et politique mais aussi de l’image du pays. 

Un accord désaccordé

Signé avec l’appui de la CARICOM, l’accord politique accouchant ce monstre baptisé de CPT visait à mettre en place une transition pacifique à travers un large consensus entre des opportunistes politiques. Dès son stade embryonnaire, ce consensus souffrait de crédibilité puisque les mêmes imposteurs de l’administration précédente qui avaient causé les pires dérives de gouvernance y ont été les figures les plus influentes. En théorie, cet accord définit des chantiers stratégiques prioritaires dont sécurité publique, rétablissement de l’État de droit, relèvement socio-économique, conférence nationale, réforme constitutionnelle et organisation des élections. Le CPT devait assurer les attributions présidentielles jusqu’à l’entrée en fonction d’un nouveau président élu au 7 février 2026. In fine, le CPT se révèle une structure bancale qui assouvit l’arrivisme présidentiel d’une palanquée de politiciens « bouda chire » qui en ont profité pour se refaire une santé économique. Les concepteurs de ce monstre n’étaient pas de bonne foi dans cette prétendue mission de redonner à la politique haïtienne ses lettres de noblesse. 

L’acronyme « Corruption, Pillage et Trahison » sied mieux à ce clan d’usurpateurs qui ont saboté les richesses tangibles et intangibles de la République. Dès sa genèse, le CPT permettait à ses antagonistes de nourrir des doutes légitimes sur son sérieux, son indépendance et sa conviction. Dans une blancomanie aveugle, tous ces arrivistes avaient trahi les aspirants PM de leurs propres chapelles pour plutôt voter à l’unanimité Garry Conille. Pourtant, l’ancien chef de cabinet du fiasco CIRH résidait aux États-Unis sans se soucier des péripéties du peuple haïtien. Depuis son éviction de la Primature en février 2012, après cinq mois de tribulations orchestrées par le capitaine du régime PHTK, Conille s’est révélé un ingrat, infidèle à sa première casaque. Pas un post, pas une lettre, pas un geste, pas une réflexion de Garry Conille qui menait sa belle vie avec sa petite famille pendant que ses compatriotes succombaient sous les vagues criminelles des gangs. Au contraire, dans une intervention virale sur la toile, l’ancien cadre international des Nations-Unies brandissait qu’il ne se mêlerait plus de la politique en Haïti. 

De ce choix favori du CPT, d’aucuns y percevaient un deal en contrepartie de pots-de-vin assuré par la mafia politique derrière cet ancien-PM qui n’avait pas véritablement consommé son divorce post-sismique avec le PHTK. Au lieu de répondre à leurs attributions d’améliorer les conditions de vie de la collectivité, les conseillers du CPT s’engageaient à détourner les fonds de l’intelligence, gaspiller les ressources du trésor public, réclamer des pots-de-vin, engager des mercenaires étrangers, recruter des copains et des cousins à la diplomatie, sans évaluation objective. Ils sont devenus des irritants sur tout le territoire.

Le suivi 

La planification du départ du CPT requiert une approche méthodique et transparente, en commençant par la définition d’une date de départ claire et réaliste, assortie d’un plan de transition précis qui identifie les projets en cours et leur transfert. Plus important, l’identification des personnalités politiques à assurer la relève doit constituer une étape cruciale dans cette réflexion vers une ultime transition de rupture avec le statuquo. Un plan de communication interne bien structurée s’impose afin d’informer la population de l’urgence de la remise de pouvoir à des dirigeants qui inspirent confiance. Sous la direction de son coordonnateur, les membres du CPT devront se réunir pour se convaincre de ce geste patriotique, afin de sauver Haïti. Ils bénéficieraient ainsi de circonstance atténuante. Par la suite, ils devront planifier des rencontres pour discuter avec les différentes structures de la société et statuer sur une liste de personnalités à désigner entre autres à la présidence et à la primature pour en assurer le suivi. 

Une période de deux semaines à un mois devrait être accordée au CPT pour libérer les affaires courantes, organiser le transfert des responsabilités avec rigueur et désigner de concert avec les structures de la société (société civile, université, presse, etc.) l’équipe de relais. La gestion des aspects administratifs, incluant la finalisation des formalités contractuelles, l’archivage et l’accessibilité des documents officiels, viendra consolider un processus de départ ordonné, limitant ainsi les risques de désorganisation et favorisant la continuité institutionnelle. Le CPT se chargera de documenter les procédures et dossiers en cours et mettra en place des sessions de partage d’information pour garantir la continuité des activités. 

Une coordination fluide avec les partenaires externes est aussi essentielle afin de les informer du départ imminent du CPT et d’éviter toute perturbation dans les projets en cours. Enfin, le CPT invitera la presse pour annoncer la remise du pouvoir à la nouvelle équipe. Celle-ci aura la tâche de clarifier les rôles de cette nouvelle transition et préparer un message officiel destiné à l’administration publique et aux partenaires. Un mécanisme de suivi et d’évaluation post-départ devra être instauré pour s’assurer du bon déroulement de la transition et identifier les leçons utiles pour de futures expériences.

L’échec cuisant du CPT étant celui de la communauté internationale, celle-ci doit pour une fois s’écarter de la définition des grandes lignes à esquisser pour piloter la gouvernance du pays. Les partenaires externes doivent adopter une posture de « Follower » en attendant le signal de la nouvelle équipe dirigeante qui jouera un rôle de « Leader » dans ce jeu de coordination qu’Haïti s’attèle à harmoniser. Il appartient à Haïti de reprendre en main son propre destin, en instaurant une gouvernance inspirée par les principes de l’autodétermination, de la dignité et de la responsabilité nationale.

Éviter la récidive 

Surprise pour les compatriotes naïfs, mais réjouissance pour les traîtres internationaux quant à l’improductivité de ce collège présidentiel budgétivore servile aux caprices de la flibusterie étrangère. En imaginant que cette lourde structure présidentielle donnerait des résultats, bénéfice du doute aurait pu être accordé à ces partenaires multilatéraux lorsque l’on se souvient que se tromper est humain. Cependant, les multiples coups mortels en provenance de cette amitié factice de l’Occident illustrent qu’il n’y a pas eu d’erreur d’appréciation des « Amis » d’Haïti. Les observateurs avisés y perçoivent une invitation volontaire à un diner de cons concocté par ces anciens colons rancuniers, insatisfaits même de la double dette de l’indépendance qui a asphyxié l’économie haïtienne. 

Tout porte à croire qu’aucune pièce du puzzle cataclysmique n’a échappé à cette frange perfide de la communauté internationale qui agit suivant les consultations d’un laboratoire de conspiration qui s’aligne avec ses convoitises. Les États-Unis et ses fidèles copains et cousins de l’Hémisphère usent de toutes les cartes pour ridiculiser la République emblématique avant de l’effacer de l’échiquier. Voilà pourquoi nous ne devons plus continuer à leur faire confiance. Haïti doit repartir sur de nouvelles bases en élaborant un nouvel agenda endogène conçu à l’interne qui tient compte des besoins de la population et qui minimise le poids de la communauté internationale dans la balance politique locale.

L’expulsion soudaine du Premier ministre de facto Ariel Henry de son trône, causant un creux politique abyssal au pays, devrait nous enseigner l’importance d’être proactifs afin de prévenir et conjurer la répétition des crises. Au cours de ce feuilleton politique sanglant, ont été ajoutés au champ lexical criminel en Haïti, une suite de néologismes catastrophiques qui s’apparentent à des situations de guerre. Les bandits avaient multiplié les crimes, dégainé sur l’aéroport international, tiré sur des avions commerciaux. Ils ont incendié des maisons, des écoles, des hôpitaux. Prison Break, carnages répétitifs de plusieurs dizaines de personnes au Pont-Sondé, de plus de deux-cents individus du troisième âge à Cité-Soleil. Le crime spectaculaire avait atteint un niveau paroxysmique. Dans la presse locale et internationale, des titres effrayants y défrayaient la chronique. L’on croyait assister à un théâtre d’Armageddon qui avait signé son début en Haïti. 

Deux ans après, le tableau parait identique. Un vide politique immense se pointe à l’horizon. À moins de cinq mois de la date d’échéance du 7 février 2026, aucun miracle n’est possible. Le CPT n’aura délivré aucun point de la feuille de route qu’il avait reçue. Point besoin d’attendre le 7 février 2026, qui d’ailleurs arrive demain, pour planifier une expulsion agencée du CPT. Aujourd’hui même, tu seras avec moi en enfer si nous restons passifs. Haïti doit éviter de réexpérimenter les mêmes dégâts engendrés par le vide politique. Cette posture prudentielle implique une expulsion planifiée du CPT, dans la célérité. 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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