Le pays est devenu pour les États Unis un mal nécessaire : une colonie vierge en matière de ressources naturelles, un espace commercial stratégique et une position géopolitique capitale. Même au niveau mondial, Haïti reste un pays surveillé, non pas pour être développé, mais pour rester dépendant et fragile.
Les élites vendent le pays pour un visa américain
On ne pardonne toujours pas à Haïti d’avoir bouleversé l’ordre mondial en devenant la première République noire libre et indépendante. Mais nos élites politiques demeurent agenouillées devant l’influence américaine. Pire encore, elles ont vendu le pays pour un visa américain, n’osant pas regarder les États-Unis dans les yeux pour dire : « Voilà ce que nous voulons. »
Peut-être que certaines élites auraient besoin de lire “De la légalité des races humaines” d’Anténor Firmin pour retrouver le courage et oser regarder le Blanc droit dans les yeux.
Les interventions américaines : une fausse aide
Depuis plus d’un siècle, les États-Unis sont intervenus à maintes reprises en Haïti :
- 1915-1934 : occupation militaire pour contrôler finances et infrastructures, laissant des séquelles profondes.
- Interventions humanitaires et économiques post-catastrophes (1994, 2010, etc.) qui servent souvent à protéger leurs intérêts ou renforcer leur influence, sans véritable développement durable.
- Soutien aux élites politiques qui maintiennent le pays dépendant.
Plus récemment, l’annonce américaine de transformer la Force Multinationale en Haïti apparaît comme un simple passe-temps diplomatique :
- C’est une promesse répétée depuis des semaines et mois sans résultats tangibles.
- Elle permet surtout de montrer que les États-Unis « agissent » sur la scène internationale, tout en laissant le pays dans le même état de fragilité et de dépendance.
- Cela illustre parfaitement que les interventions sont davantage symboliques que réellement utiles à la population haïtienne.Une dépendance mentale et structurelle
La dépendance haïtienne n’est pas que matérielle : elle est mentale et culturelle. Plusieurs théories permettent de comprendre ce phénomène :
- Théorie de la dépendance : l’économie locale reste subordonnée aux puissances mondiales.
- Colonisation mentale (Fanon) : les élites et populations intériorisent la subordination.
- Néocolonialisme culturel : les médias, l’éducation et la diplomatie imposent des valeurs étrangères.
Exemples concrets :
- Éducation qui valorise les modèles étrangers.
- Décisions politiques dictées par l’aide internationale.
- Élites hésitant à affirmer des positions souveraines.La théorie de l’émancipation et du pouvoir local
Pour montrer que Haïti peut regarder les Blancs droit dans les yeux, on s’appuie sur la théorie de l’émancipation(Paulo Freire, Frantz Fanon) :
- L’éducation conscientisante permet de prendre conscience de sa dignité et de son pouvoir.
- La décolonisation mentale consiste à reconnaître sa valeur intrinsèque et son droit à l’autonomie.
- En se réappropriant son histoire et ses ressources, Haïti peut imposer sa volonté sur la scène internationale.
Reconstruire une vision nationale forte
Pour sortir de ce cycle, Haïti doit se doter d’une vision nationale solide, fondée sur la souveraineté, l’autonomie économique et la dignité politique. Le pays doit apprendre à défendre ses intérêts, imposer ses choix et cesser de subir les diktats étrangers.
Conclusion : l’indépendance véritable reste à conquérir
Haïti possède un potentiel énorme, mais il restera inexploité tant que les élites continueront à s’aligner sur les intérêts étrangers. La véritable indépendance ne sera atteinte que lorsque le pays saura imposer sa volonté, protéger ses ressources et libérer son esprit des chaînes de la dépendance, pour enfin regarder le monde droit dans les yeux, sans se laisser tromper par de simples annonces symboliques
Alceus Dilson , Communicologue, juriste

