L’Edito du Rezo
Imaginez neuf petits marionnettistes, tapis derrière un rideau élimé, tous occupés à manipuler les ficelles des finances nationales comme s’il s’agissait d’une boîte à biscuits familiale. Leur mission consiste désormais à gérer à la petite semaine, dans une zombification bureaucratique où l’insécurité, la corruption et l’impunité orchestrent un vacarme grotesque que le pays rejoue à l’infini.
Ces neuf personnages s’abritent derrière un accord daté du 3 avril 2024, jamais publié dans le Moniteur, et qui ressemble plus à un fantôme juridique qu’à une base de légitimité. Le pays est administré comme un entrepôt abandonné, tenu à distance du droit public, sans jamais se nourrir d’une once de légalité véritable. Ici, les mots Constitution et loi ne sont que des reliques, posées en vitrine, sans usage effectif.
Dans le même temps, Kenscoff, Mirebalais, La Chapelle et Péligre s’érigent en scènes permanentes de l’effondrement. Les campagnes se muent en zones de non-droit, les habitants oscillent entre les balles perdues et les coupures de courant, et l’État est réduit à un spectateur payant son billet d’entrée pour contempler sa propre débâcle. Mirebalais en particulier met en évidence la rupture : une population descend dans la rue, non pour célébrer, mais pour protester contre les gangs qui s’invitent à la fête patronale, signe supplémentaire du chaos institutionnalisé.
Loin d’un projet national, ce que l’on observe est une mécanique rouillée, tenue par neuf mains avides qui verrouillent les finances publiques. Le pilotage a disparu, remplacé par un engrenage qui s’use dans la répétition de l’abandon. L’administration s’apparente désormais à une mascarade obscure où le clientélisme et la spoliation se combinent à des contrats signés avec des mercenaires, hypothéquant l’avenir d’une génération entière.
Multipliez zéro par n’importe quel nombre, le résultat sera toujours zéro. Cette vérité arithmétique s’applique désormais comme un verdict national : peu importe le volume des discours ou la quantité d’efforts simulés, si la base est nulle, le produit sera nul. Ainsi s’écrit la farce tragique de notre époque : un pays administré mais non dirigé, où chaque tentative de gouvernance demeure un zéro démultiplié, toujours incapable de produire autre chose que du néant.
