Comme un tambour qui résonne au cœur des carnavals et une étincelle qui transperce la nuit, l’or d’Ava Lee à Asunción n’a pas seulement couronné une athlète : il a éclairé une nation. Dans le fracas des doutes et des ruines, cette médaille s’est levée comme un soleil inattendu, rappelant qu’Haïti, même blessée, peut encore danser au rythme de l’espérance. Mais cet or n’est pas le fruit du hasard : il est la fleur d’une graine patiemment semée par la Fédération haïtienne de taekwondo, puis arrosée et encadrée par le Comité olympique haïtien. Ce triomphe dit une chose simple et profonde : quand la vision s’unit à l’effort, quand l’engagement supplée l’abandon, Haïti trouve encore la force de se redresser. Et si une médaille peut ouvrir le cycle olympique, pourquoi ne fermerait-elle pas ce même cycle dans l’éclat d’un autre or ?
Aux Jeux panaméricains de la jeunesse (9–23 août 2025), Haïti a débuté son cycle olympique 2024-2028 par une médaille d’or en taekwondo grâce à Ava Lee. Un éclat qui dépasse l’exploit individuel pour incarner l’orientation donnée par le Dr Hans Larsen à la tête du Comité Olympique Haïtien. Malgré l’insécurité, la crise humanitaire et l’absence d’une politique publique cohérente, son leadership stratégique a permis de maintenir Haïti dans le concert international, en offrant aux fédérations, aux entraîneurs et aux athlètes des perspectives réelles. Désormais, il appartient à l’État de s’accorder à ce rythme, afin que les éclats isolés d’aujourd’hui deviennent demain une symphonie collective.
À Asunción, la délégation haïtienne n’avait rien d’imposant. Trois nageurs, un cycliste, et une combattante en taekwondo. Mais derrière cette discrétion apparente, un symbole : celui d’une nation qui, malgré ses blessures, continue de tenir son rang dans la grande famille olympique.
Dans les bassins, les résultats furent plus contrastés. Ralph Grand’Pierre et Mayah Chouloute — cette dernière pourtant qualifiée aux Jeux de Paris en 2024 — ont signé des performances discrètes, vite oubliées. Jérôme Christian, lui, a tiré son épingle du jeu : 3ᵉ en finale B, il n’a pas atteint la finale A, mais a montré un potentiel encourageant. En cyclisme, Wilson Sanon s’est classé 26ᵉ sur 47, une prestation honorable mais encore éloignée des standards du podium.
La performance la plus éclatante est venue d’Ava Lee. Sur le tatami, la jeune taekwondoïste de 19 ans a dominé ses adversaires pour s’offrir la médaille d’or. Privée des Jeux olympiques de Paris en 2024, elle a trouvé au Paraguay l’occasion de transformer un échec en triomphe. Cette médaille est la troisième remporte dans l’ensemble des Jeux : après celles des Jeux d’Amérique centrale et de la Caraïbe et des Jeux panaméricains de Santiago en 2023, elle confirme son statut d’athlète majeure de la nouvelle génération haïtienne.
Ces résultats contrastés révèlent une constante : Haïti continue de produire des talents, mais dans un environnement hostile, marqué par l’insécurité, la crise humanitaire et la paralysie politique. Sans infrastructures adaptées, sans planification étatique, les athlètes haïtiens avancent dans la précarité. Pourtant, malgré ce vide, une orientation stratégique existe. Elle vient du Comité Olympique Haïtien, conduit par le Dr Hans Larsen.
Depuis son accession à la présidence du COH, le Dr Hans Larsen a choisi de miser sur la diplomatie sportive et sur les programmes de solidarité olympique. Grâce à ces initiatives, Haïti bénéficie de formations destinées aux entraîneurs et aux cadres œuvrant au sein des fédérations sportives, ainsi que de bourses attribuées aux athlètes recommandés par celles-ci.
Plusieurs médailles ont ainsi été remportées ces dernières années : celle de Mateo Philippe Coles, en équitation, premier médaillé d’or haïtien aux Jeux olympiques de la jeunesse ; celles d’Aliyah Shipman, double médaillée de bronze ; ou encore celle de Cédric Bélony-Dulièpre, médaillé à Santiago, sans oublier d’autres résultats marquants.
Car si Haïti a pu ouvrir son cycle olympique 2024-2028 par une médaille d’or, rien n’interdit de rêver qu’il le referme dans l’éclat d’autres victoires. À condition qu’une véritable synergie unisse l’État, le Comité Olympique Haïtien du Dr Hans Larsen et les fédérations sportives, le sport cessera d’être une parenthèse de lumière au milieu des ténèbres. Dans un cadre structuré, où les responsabilités se conjuguent et les moyens s’additionnent, il deviendra un flambeau permanent : celui d’une fierté retrouvée, d’une jeunesse réhabilitée et d’une nation qui, même meurtrie, saura se reconstruire au rythme de ses propres victoires.
Leconte Dor

