4 octobre 2025
Budget 2025-2026 Saint-Cyr/Fils-Aimé : quand les mercenaires deviennent percepteurs ?
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Budget 2025-2026 Saint-Cyr/Fils-Aimé : quand les mercenaires deviennent percepteurs ?

Haïti 2025-2026 : fiscalité et souveraineté à l’ombre des mercenaires

Depuis l’avènement du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Haïti glisse dans une dérive étatique structurale, où l’impunité ne se contente plus de régner : elle se sublime en norme de fait. Les rapports du Département d’État américain, en date du 14 août 2025, évoquent un paysage urbain livré à des meurtres sélectifs, massacres ciblés et violences systématiques, révélateurs d’une soif de contrôle qui supplante la légitimité régalienne. La perspective d’un référendum constitutionnel bidon, inscrite dans le Budget 2025-2026, traduit un éclat politique ostensible, mais se heurte à la fracture institutionnelle abyssale, aggravée par la corruption endémique, l’impunité et l’atrophie de l’État de droit.

Le budget consacre des fonds à des manifestations cérémonielles – carnaval, commémoration du Bois Caïman – mais délaisse les structures vitales de reproduction sociale et fiscale. Cette allocation s’inscrit dans une politique du trompe-l’œil, où la mise en scène publique supplante la substance régalienne, exposant la population à la vulnérabilité et à l’insécurité chronique.

Le projet de budget, articulé par le Premier ministre de facto Alix Didier Fils-Aimé, confirme une dynamique économique négative, avec une croissance projetée inférieure à 2 %, inscrivant le pays dans une récession septennale marquée par une inflation galopante, la dépréciation continue de la gourde et la fuite des capitaux. Une interrogation essentielle, aux répercussions redoutables, se présente: qui tiendra véritablement les cordons de la bourse publique ? L’annonce du recours à des mercenaires étrangers pour sécuriser le territoire et soutenir le gouvernement introduit un élément d’extraterritorialité coercitive, pouvant transformer l’État en simulacre de souveraineté armée.

L’expérience haïtienne montre que la privatisation de la contrainte légitime produit un double effet : une sécurité contingentée, confinée aux zones de contrôle, et une dilution de la puissance publique, exposant la souveraineté à une ubérisation de la régulation étatique. Confier la collecte fiscale à des firmes armées contractuelles reviendrait à externaliser l’autorité régalienne, faisant de l’État un médiateur ponctuel de violences contractualisées, plutôt qu’un garant de l’ordre et des droits fondamentaux.

Dans un paysage où Viv Ansanm et d’autres fédérations de gangs détiennent un pouvoir coercitif de facto, la délégation de fonctions régaliennes à des mercenaires pourrait institutionnaliser la semi-anarchie codifiée, transformant la souveraineté nationale en objet flottant, mobile au gré des contrats et des calibres. Le budget 2025-2026, en priorisant des spectacles politiques et l’externalisation potentielle de la collecte fiscale, incarne une subversion larvée de la souveraineté, où l’apparat supplante la substance et où la légitimité étatique se mesure à l’armement des intervenants privés plutôt qu’à la solidité institutionnelle.

Haïti se tient à la croisée des chemins : reconquérir ses prérogatives régaliennes ou s’abandonner à une souveraineté d’emprunt, où l’État, vidé de son autorité intrinsèque, ne survivra que par la puissance contractuelle de mercenaires étrangers. Le budget se transforme dès lors en miroir de l’existence même de l’État : gouvernera-t-il ses finances ou ne sera-t-il que le dépositaire armé de forces privées ?

cba

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