Élections en Haïti : le chemin semé d’embûches.
Trois hommes accusés de corruption à la BNC restent sous votre protection, et pourtant vous imaginez que les Haïtiens croiront en vos « élections crédibles et sincères » ? À quelle adresse d’illusion vous êtes-vous abandonné ou abonné ?
Pour qu’une élection puisse prétendre au qualificatif de « crédible », il faut d’abord que la transparence ne soit pas qu’un mot de vitrine. Listes électorales vérifiées, scrutin auditable, surveillance indépendante : voilà les préalables. Sans eux, toute opération devient une élection-sélection, orchestrée par des intérêts privés, un simulacre où la volonté populaire se dissout dans le brouillard du clientélisme.
La sécurité et l’accès universel constituent la deuxième condition. Chaque citoyen doit pouvoir voter sans craindre d’être intimidé, empêché ou manipulé. Cela exige une logistique maîtrisée et des forces de l’ordre neutres. Mais dans le contexte haïtien actuel, un chameau pourrait passer par le chas d’une aiguille plus aisément que le binôme Saint-Cyr/Fils-Aimé n’arriverait à accoucher d’un véritable scrutin. La métaphore n’est pas exagérée : ce duo semble destiné à transformer la démocratie en une farce administrative.
Enfin, la reddition de comptes et l’intégrité des institutions sont inévitables. Les organes électoraux doivent être indépendants, responsables et transparents, capables de sanctionner toute fraude ou irrégularité. Sans ce socle, « organiser des élections » n’est qu’un verbiage creux, un oxymore destiné à anesthésier l’opinion publique. La démocratie, dans ce contexte, se réduit à un artifice rhétorique, tandis que l’État reste captif de ses propres contradictions et de ses praticiens de la compromission.
Quel dirigeant au monde, prétendant parler d’élections dans un délai de quatre mois, se garderait jusqu’à présent de révéler une date précise ? Diriger n’est-il pas prévoir ? Pourquoi Haïti accumule-t-elle depuis la nuit des temps une succession de dirigeants inaptes, apatrides, incapables de se mettre véritablement au service du progrès et de l’avancement de la Nation ? Pourquoi cette répétition inlassable, ce cycle de promesses stériles et de gouvernance défaillante ? La question demeure ouverte, brûlante, et tragiquement haïtienne.
Peut-on sérieusement prétendre que l’injonction adressée aux gangs, ou à leurs alliés en costume-cravate, de suspendre momentanément leurs violences suffise à instaurer la sécurité et des conditions véritablement propices à des élections ? L’expérience haïtienne démontre le contraire : il est plus facile, comme le rappelle l’Écriture, à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’au binôme en place d’organiser un scrutin crédible et inclusif. Cette image biblique souligne l’ampleur de l’illusion. Ainsi, se cristallise l’ironie tragique d’un État où la souveraineté est instrumentalisée au service d’intérêts partisans et où la démocratie n’est plus qu’un vocable vidé de son sens, un simulacre qui confine la Nation à l’attente perpétuelle d’une gouvernance capable d’embrasser le progrès et la justice sociale.
cba
