En ce règne d’un arrivisme présidentiel obsessionnel relevant d’un atavisme de transition interminable qui recycle des chrysocales politiques en pièges de cristal au développement, le pays s’enfonce davantage dans l’abîme. De cette grossesse politique ectopique en perdition, Haïti s’épuise, perdant du sang à profusion, sans la perspective d’une effusion salvatrice. De Fritz Jean à Laurent Saint-Cyr, le statuquo est scellé, permettant ainsi de prédire la continuité de la stérilité des opérations secrètes infiltrées, la course à l’argent facile et l’opulence des gouvernants vaniteux devant la précarité abjecte des gouvernés ridiculisés. Impossible de faire du neuf avec ces vieux de la vielle qui ont pris l’État en otage depuis des lustres sans jamais produire de résultats tangibles. Autant que ses prédécesseurs ayant déjà coordonné le CPT, Laurent Saint-Cyr est un vieux briscard, confortable dans les rouages de la politique sale en Haïti. Il est sournois, mais pas nouveau. Avant de siéger au Conseil présidentiel en bon passager clandestin, Saint-Cyr était un pion du trio du HCT superflu présidé dans le scandale par madame Mirlande Manigat. Comme toujours, le représentant du secteur des affaires jouit des privilèges officiels somptueux sans jamais faire preuve de compétence et de volonté à changer le tableau. Sans être pessimiste, Haïti peut déjà prévoir – en s’appuyant sur le comportement insouciant de ce nouveau chef – l’échec imminent que cet avenir d’un semestre lui réserve. Les pronostics sont peu reluisants.
Mascarade incessante dans les affaires stratégique de l’État, Haïti a battu un record dans la sphère politique mondiale en trônant à sa magistrature suprême une suite de quatre proxy-présidents, en seulement seize mois. En moyenne, un président arriviste tous les quatre mois. Qui dit mieux ? Ces heureux élus, issus de la loterie politique organisée à Kingston par les faiseurs de rois de l’Occident pour leur servir d’idiots utiles dans leur agenda voilé, ne foutent rien de concret pour changer les conditions de vie de la population harcelée, déshumanisée et terrorisée. Comme l’illustrent les séries de scandales cacophoniques et pornographiques viraux sur les réseaux sociaux, il existe des êtres qui feraient tout pour faire calligraphier leurs noms dans les annales de l’histoire, en bien ou en mal. Cette attitude démentielle fait penser au psychopathe dévoué à incendier une bibliothèque nationale dans la seule perspective d’être mondialement reconnu.
Dans une similitude stupéfiante, les politiques haïtiens frappés du syndrome de l’obsession présidentielle auraient choisi d’attirer les projecteurs sur eux à travers un tas de stupidités politiques. Les délinquants du CPT mal-en-point font « le suivant », pour reprendre Lyonel Trouillot, passant les uns aux autres le flambeau du vedettariat présidentiel pour poursuivre la descente aux enfers. Ces dignitaires sans dignité reproduisent fidèlement les pratiques des femmes de joie, expertes à provoquer des « éjections précoces » en un temps record. Délibérément, le prestigieux poste présidentiel est galvaudé, réduit à un siège éjectable pour plaire aux aspirations mesquines de ces arrivistes qui veulent rejoindre cette classe élitiste de présidents inutiles.
Les vaniteux de cette minorité mégalomane au pouvoir poursuivent leurs objectifs personnels de satisfaire leurs érotismes égocentriques pendant que la majorité croupit dans la précarité et la vulnérabilité. Le CPT se révèle une véritable créature monstrueuse. Les anomalies perçues dans ce monstre politique grotesque étant génétiques, ce ne sont pas des arrangements, des combinaisons ou des permutations – de jetons, de rejetons, de rois ou de valets de ce même corps corrompu – qui accoucheront des résultats positifs au profit de la collectivité. Que cette expérience présidentielle aléatoire tombe sur pile ou face, gauche ou droite, Leblanc ou Lenoir, Voltaire ou Rousseau, Jean ou Saint-Cyr, ce n’est que bonnet blanc et blanc bonnet. Haïti tourne en rond, perdant du temps, de l’argent et du talent.
Des séniles inutiles
De cette clique présidentielle de neuf invalides, un petit clan plus malin de trois d’entre eux a été constitué pour mieux piller les ressources du trésor public. Des deals souterrains ont été négociés auprès des aspirants premiers ministres, des ministres, des directeurs généraux et des diplomates « achetés et vendus » pour exaucer leur capricieuse prière d’un enrichissement illicite déchaîné. La dénonciation par Raoul Pierre-Louis du pot de vin réclamé de la BNC a fait de Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles les « meilleures célébrités » de ce Conseil corrompu. Ces pirates de la Caraïbe qui détrônent les sommités des chefs-d’œuvre de gangsters de la Hollywood méritent bien l’Oscar de l’année. Malgré le verdict défavorable de l’ULCC, après enquête approfondie, la seule sanction réservée à ces espiègles est de ne pas déposer leurs fesses sur la chaise bourrée de la coordination du CPT. Jusqu’à présent, ces brasseurs détiennent le feu vert d’engager la nation dans des projets d’envergure. Ils sont habilités à signer des documents stratégiques, négocier, nommer ou révoquer, à leur guise. Ô peuple, où sont tes repères ? Ô peuple, où est ta sainte colère ?
Dans une cupidité septuagénaire, le premier pilote à la tête du navire présidentiel en turbulence avait trahi sa famille politique et sa conscience, s’il en était. Tandis qu’il percevait le trio cleptomane comme des cailloux dans les chaussures de la présidence, Edgard Leblanc avait avalé sa colère crapaud. Après un marronnage de deux semaines, le sénateur dénonciateur de l’escroquerie retournait au Villa d’Accueil sur la pointe des pieds. La société espérait un acte de bravoure de la part du numéro un du CPT pour montrer que son ramage se rapporte à son plumage répandu dans son discours de « Tchoula kò ». Malheureusement, à cause de quelques miettes à défendre au crépuscule de sa vie, Edgard Leblanc n’a pas eu le courage de sortir du milieu des escrocs. Entre l’honneur et le déshonneur, il a arbitré en faveur de la honte, encaissant ses chèques au Villa, sans aucun scrupule. Aujourd’hui, Edgard Leblanc sied à côté de ceux qu’il fustigeait de ravisseurs, mangeant, buvant et inaugurant avec eux de factices réalisations. Tous ensemble, ils s’entendent à transférer injustement sur leurs comptes bancaires personnels l’argent du trésor public consacré à des projets collectifs.
Lesly Voltaire n’a pas fait mieux que le premier des Mohicans. Face à la cleptomanie de ses pairs, l’architecte répondait par la mégalomanie, voyageant constamment vers le vieux continent, pour se courber l’échine devant le colon, le parrain et le pape. Il a berné la population dans ses factices partenariats auprès de la Colombie. Lui qui claironnait qu’il ne restait que des miettes dans les caisses du trésor public après l’expulsion d’Ariel Henry, se plaisait à séjourner dans les hôtels luxueux, au frais de la princesse en détresse. Le soi-disant vidangeur, qui avait juré de plonger au fond du gouffre pour tout nettoyer, s’était transformé en jouisseur. Il faisait de l’extravagance dans les maigres ressources publiques, louant hélicoptères et avions pour transporter tout un cortège ministériel en mission d’inaugurer de simples ajoupas présentés comme des cadres attrayants pour des aéroports internationaux. Aucun sens de la parole. Les promesses d’ouverture d’axes routiers par Lesly Voltaire n’étaient tenues que pour berner la population assoiffée de la reprise de ses occupations. Au contraire, sous le règne de Voltaire, plus de voies routières ont été bloquées, de vastes territoires ont été livrés, de l’argent et des vies se sont gaspillés.
Fritz Jean, qui dénonçait la capture de l’État par des entrepreneurs politiques au service des oligarques corrompus, devient aujourd’hui l’un des facilitateurs officiels au milieu de cette mafia séculaire. Confortablement, l’auteur de « Haïti, une économie de violence » s’assied sur les mêmes tables que les véreux dilapidateurs. Sans couilles ! Sans doute, parce qu’ils sont au courant des dossiers louches impliquant les six autres traîtres, les trois mousquetaires de la tentative de braquage de la BNC avaient proféré des menaces à l’endroit de leurs collègues, les avisant qu’ils ne couleront pas seuls. Smith, Emmanuel et Louis-Gérald avaient donc obtenu la liberté provisoire de poursuivre leurs rackets politiques, salir la diplomatie et installer des directeurs généraux, avec la complicité de leurs collègues qui devraient exiger leur expulsion.
Aucune limite dans une indécence et un galvaudage officiel paroxysmique qui font fi des principes diplomatiques, récemment encore Smith Augustin a été l’objet d’une humiliation diplomatique en République dominicaine. Il y aurait illégalement foulé le sol, sans présenter un visa officiel. Sans termes de référence, les usurpateurs du CPT recrutent à la diplomatie copains, cousins et concubines n’ayant fait preuve d’aucune compétence. Les héritiers de ce pouvoir maculé se la coulent douce, accumulant déloyalement une fortune démesurée. Mais, auraient-ils oublié que cela finit toujours très mal ? Les vagues de sanctions, confiscations, déportations et extraditions initiées par l’ONU et les Pharaons de la région auraient dû ouvrir les yeux de ces mercenaires sur la triste fin.
L’histoire de cette politique asymétrique crapuleuse, d’une exploitation occidentale qui embauche des opportunistes nationaux comme des agents doubles, se répète toujours de la même façon. Les commanditaires pour qui vous accomplissez le sale boulot de trahir votre patrie sont ceux qui vous précipiteront dans la fosse au lion. Juste une question de timing. Le lendemain du 7 février 2026 dira le reste. Dommage aux femmes ambitieuses qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez qui épousent et enfantent pour ces véreux imposteurs. Dans 99 cas sur 100, leurs enfants seront soit orphelins de pères ou porteurs d’un nom de famille associé à la honte, à la prison.
Quid de Laurent Saint-Cyr ?
Laurent Saint-Cyr figurait parmi l’un des trois membres inutiles du Haut Conseil de Transition (HCT), une structure conçue ex nihilo sous l’administration du PM exilé Ariel Henry. Pourtant, Laurent Saint-Cyr y était perçu comme un véritable anonyme puisqu’il se cachait discrètement sous le jupon de Mirlande Manigat, « de regrettée mémoire ». À peine si la société se souvient du timbre de voix ou du visage de l’actuel coordonnateur du CPT. La Cour des Comptes et du Contentieux Administratif ne devrait-elle pas questionner le bilan de Laurent Saint-Cyr au sein de ce HCT qui recevait l’argent du trésor public pour organiser référendum et élections ? Haïti ne sait pour quels services rendus. Du HCT au CPT, Laurent Saint-Cyr a connu une sacrée promotion d’une échelle intermédiaire au sommet de l’État. Bizarre !
Laurent Saint-Cyr affichait tout au long du déroulement du mandat du CPT une posture absentéiste. Il brillait par une cécité et un mutisme quasi pathologiques au sein de ce Conseil chargé de la gouvernance du pays. N’y exerçait-il pas une simple sinécure ? Dans quels projets Laurent Saint-Cyr s’était-il réellement investi ? Quel est son bilan ? Évidemment, ces interrogations restent valables pour le Conseil entier, incluant notamment les deux membres observateurs qui y amassent aussi de l’argent du trésor public dans une facilité déconcertante. Le silence d’un dirigeant ne saurait être un atout. Au contraire, le charisme devrait être plutôt son point fort afin de rassurer et d’inspirer. Dans son extrême discrétion, Laurent Saint-Cyr paraît plus dangereux que ses homologues du CPT qui ont déjà exhibé malgré eux leurs visages de vampires. Un lâche cherchant refuge derrière ses collègues, cet ultime capitaine naviguait dans l’opacité, dans l’ombre. Comment espérer que ce proxy-président s’engagera à changer le cours des choses quand il semble redouter la chaleur politique ?
Malgré sa haute fonction de responsabilité, le représentant du secteur privé des affaires a volontairement opté de maintenir un anonymat suspect dans les affaires de l’État. Peu transparent, ce monsieur n’inspire pas confiance. Pire que ses prédécesseurs, le leader actuel du CPT aurait fait preuve de moins de bravoure pour nettoyer les écuries d’Augias. Le ver est dans le fruit. L’échantillon représentatif des trois coordonnateurs impotents et indignes de cette population homogène de neuf bambocheurs permet de prédire avec une marge d’erreur minimale que ce dernier des Mohicans ne fera pas bouger les lignes dans l’intérêt de la collectivité.
Qui ne peut le moins ne peut le plus. Puisqu’il est incapable de rétablir la sécurité, inutile alors de rêver des élections souveraines sous l’auspice de ce collège moribond qui d’ailleurs se tourneraient en des cauchemars irréversibles. Outre les conflits d’intérêts patents, ce CPT borné par ses colonnes vertébrales courbées, le cerveau percuté par un AVC et les mains salies dans un ensemble de délits, ne pourra objecter aux immixtions des patrons de la région. Pour libérer Haïti de cette impasse quasiment sans issue, il est impératif de cesser dans la célérité cette sinécure onéreuse génératrice d’anthropophagie et de chronophagie.
Pour de bon, il faut un nouveau départ. Saint-Cyr serait utile à Haïti uniquement s’il opte de jouer un rôle de leadership dans la convocation d’une assemblée nationale pour réunir les forces vives de la société (la presse, l’université, les partis politiques, etc.) vers un changement de paradigme politique. De concert avec ses collègues du CPT, Laurent Saint-Cyr devrait remettre le pouvoir en douceur à une nouvelle équipe intègre et courageuse, capable de sortir le pays du labyrinthe.
Carly Dollin

