Sous les lumières d’Asuncion, le drapeau haïtien a glissé sur la piste comme une promesse. Promesse d’espoir, de résilience et de jeunesse qui refuse de renoncer. Vendredi soir, dans un stade Defensores del Chaco incandescent, la délégation haïtienne a rejoint le cortège des nations aux Jeux panaméricains juniors, emportée par une cérémonie d’ouverture que beaucoup saluent déjà comme un chef-d’œuvre pour célébrer le sport et ceux qui le portent. Dans les pas des autres délégations, ces jeunes athlètes ont écrit les premières lignes d’un nouveau cycle olympique, avec la détermination discrète mais tenace de ceux qui savent d’où ils viennent et où ils veulent aller.
Du 9 au 23 août 2025, plus de 4 000 athlètes venus de 41 pays s’affrontent à Asuncion dans 28 sports et 42 disciplines, certaines offrant des billets pour les Jeux panaméricains de 2027. Pour Haïti, cet événement inaugure le cycle quadriennal 2024-2028, débuté sans étape préalable aux Jeux de la Caraïbe, annulés cette année.
La délégation haïtienne engage ses représentants en natation, cyclisme, taekwondo et haltérophilie. L’athlétisme, discipline régulière aux jeux, est cette fois absent. Bien que la sanction visant la Fédération ait été confirmée lors de la dernière Assemblée générale, le règlement permettait encore la participation d’athlètes, comme ce fut le cas aux derniers Jeux olympiques dans des circonstances analogues. Mais, à la dernière minute, ses représentants ont renoncé, invoquant officiellement un cas de mortalité. Cette décision, au-delà de ses motifs déclarés, prive Haïti d’une présence sur la piste et retarde l’occasion de voir ses jeunes talents s’illustrer sur la scène continentale. Le basket 3×3, où Haïti se classe 35e dans la zone panaméricaine, n’est pas non plus au programme.
En natation, Jérôme Christian a été le premier à défendre les couleurs haïtiennes. Aligné sur le 200 mètres papillon, il a pris la 12e place des séries avant de signer une belle troisième position en finale B. Le 11 août, Grand Pierre Raphaël s’élancera sur le 100 mètres papillon, suivi dans la même épreuve par Mayah Chouloute, olympienne aux Jeux de Tokyo. En cyclisme sur route, Sanon Wilson représentera le pays, tandis qu’en haltérophilie, la présence d’une représentante reste à confirmer. En taekwondo, Ava Lee, seule athlète à avoir décroché sa qualification par la voie des compétitions officielles, est déjà sur le sol paraguayen et se prépare à entrer en lice.
Pour Haïti, ces Jeux dépassent la simple quête de performance. Ils sont un rendez-vous avec la jeunesse, un acte de présence sur l’échiquier sportif continental et une étape clé dans la préparation d’une relève confrontée à de multiples défis. Dans la ferveur d’Asuncion, entre les drapeaux qui flottent et les hymnes qui s’élèvent, ces athlètes portent aussi une mission : rappeler qu’au-delà des victoires ou des défaites, l’Olympisme est d’abord l’art de continuer à se tenir debout.
Leconte Dor