15 octobre 2025
CPT | Régine Abraham – Frinel Joseph : figures décoratives ou conscience endormie ?
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CPT | Régine Abraham – Frinel Joseph : figures décoratives ou conscience endormie ?

L’Edito du Rezo

Gagner de l’argent sans rien faire, un exemple typique de sine cura en Haïti, un pays où plus de 4,5 millions de personnes souffrent de la faim !

À l’orée du huitième mois de cette année convulsée, il serait légitime de solliciter une évaluation formelle auprès de deux figures du Conseil consultatif de veille institutionnelle, Mme Régine Abraham et le pasteur Frinel Joseph. Chargés d’observer, d’analyser et de rapporter publiquement les dérives ou progrès du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ils incarnent en principe une fonction de vigilance civique. Pourtant, leur silence méthodique – ou pa pale le bouch w plen – depuis seize longs mois interroge. L’insécurité se généralise, les bandes armées contrôlent les couloirs vitaux du pays, et plus d’1,5 million de personnes subissent violences, déplacements forcés et abus systématiques. Rien n’indique une politique publique structurée, ni même un embryon de volonté corrective.

Le pasteur Frinel Joseph, s’il daignait livrer un état des lieux, évoquerait peut-être ses intentions manquées de missions diplomatiques — au Canada, au Chili ou au Mexique — pour soi-disant porter l’avant-projet de réforme constitutionnelle. Quel texte ? Celui qui transgresse l’ordre constitutionnel établi, contournant l’article 284.3 de la Loi-mère, en prétendant substituer le droit révélé à la légalité républicaine ? Difficile de concilier Lex Fundamentalis et serment sur les Écritures quand l’objectif est de prolonger une transition sans mandat électif. Cette entreprise relève davantage de l’infraction morale que de la doctrine constitutionnelle.

Mme Abraham, de son côté, ne s’est pas distinguée autrement. En tant que membre du même corps de vigilance républicaine, elle a plutôt contribué à légitimer, par son mutisme, les mécanismes opaques de nomination aux hautes fonctions publiques. Sans consultation, ni concours, ni audit, des directeurs généraux ont été installés dans l’administration. Et pour quel résultat ? Aucune politique de stabilisation sécuritaire. Aucune stratégie de redressement économique. Juste une répétition bureaucratique des pratiques clientélistes.

Sur le plan international, l’image du pays s’enfonce dans une disgrâce institutionnelle. Washington a élevé à son plus haut niveau l’alerte de sécurité sur Haïti, recommandant à ses ressortissants d’établir leur testament avant d’envisager un déplacement vers Port-au-Prince. Cette recommandation dramatique, presque théâtrale dans sa gravité, est le reflet d’un effondrement de la souveraineté sécuritaire. Et pendant ce temps, ceux qui prétendent œuvrer à la reconstruction de l’État s’agrippent à leurs privilèges provisoires, comme si l’inertie valait doctrine.

Qu’attendre, alors, de ce collegium de surveillance républicaine, censé observer et alerter ? Rien, si ce n’est un silence ornemental, un consensus d’apparat. En vérité, les six premiers mois de cette transition n’ont produit ni réformes, ni redressement, ni perspective. Haïti continue sa descente vers un état de non-droit permanent, pendant que ceux qui devaient veiller à la régularité du processus se contentent de regarder, spectatores sine verbo, des institutions sombrer dans la vacuité.

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