Brésil : rayé de la carte de la faim par l’ONU, quand Haïti pourra-t-elle en dire autant ?
Le Brésil vient d’être officiellement retiré de la carte mondiale de la faim par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Selon le rapport 2024, près de 40 millions de Brésiliens sont sortis de l’insécurité alimentaire entre 2022 et 2024. Cette avancée remarquable consacre les politiques publiques engagées sous le président Luiz Inácio Lula da Silva, pour qui la lutte contre la faim représentait un axe central de son programme présidentiel. Ce succès, salué tant sur le plan national qu’international, prouve qu’une volonté politique cohérente peut produire des résultats concrets et durables.
À l’opposé, Haïti demeure prisonnière d’un cycle de faim, de misère et d’effondrement institutionnel, fruit d’une corruption bénie et devenue la norme. Plus de deux siècles après son indépendance, le pays ne parvient toujours pas à garantir à ses citoyens le droit élémentaire de se nourrir dignement. Loin d’être un accident historique, cette situation est entretenue par un système de corruption enraciné au cœur même des structures de l’État. La composition du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), où trois personnalités (Gilles, Vertilaire, Augustin) accusées de malversations – affaire BNC – siègent sans être inquiétées aux côtés de Fritz Alphonse Jean, illustre cruellement l’institutionnalisation du pillage des ressources publiques.
Pendant que des millions d’Haïtiens luttent quotidiennement pour survivre, une poignée de privilégiés notamment le Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé, accaparent les moyens de l’État et les transforment en rentes privées. Salaires indécents, avantages exorbitants, « frais de mission », budgets cachés, et même allocations informelles pour les conjointes ou maîtresses : l’État devient un outil d’enrichissement illicite pour une classe politique déconnectée de la réalité sociale. Rien n’est fait pour enrayer l’impunité, et toute perspective de réforme est étouffée par une logique de prédation généralisée.
Dans un monde où certains États parviennent à sortir des millions de personnes de la faim par des politiques publiques cohérentes, Haïti donne l’image d’un État capturé, sans orientation claire, où la pauvreté est cyniquement instrumentalisée pour justifier l’inaction — au point même de tenter de supprimer la Constitution par un simulacre de référendum.
cba