4 octobre 2025
Primature | Les ‘Mardis de la Nation’, le bavardage d’une gouvernance vide : rituel d’un sinécurisme d’Etat
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Primature | Les ‘Mardis de la Nation’, le bavardage d’une gouvernance vide : rituel d’un sinécurisme d’Etat

L’Edito du Rezo

Le théâtre inutile des « Mardis de la presse » demeure incapable d’annoncer, ne serait-ce qu’une fois, le montant des fonds PetroCaribe récupérés ou le nombre de dilapidateurs traduits en justice. Jamais une information sur des résultats concrets, jamais une mesure de réparation institutionnelle. Qui a conféré à M. Fils-Aimé le droit d’organiser un référendum ? En vertu de quel article de la Constitution haïtienne une telle démarche peut-elle s’appuyer ? Combien l’État dépense-t-il pour ces « Mardis de la Nation » ? Quelle évaluation sérieuse a été conduite sur leur efficacité ? Ce rituel hebdomadaire semble surtout conçu pour masquer l’inaction derrière une communication vide, aux frais d’un Trésor public déjà exsangue.

À quoi servent les « Mardis de la Nation » orchestrés par la Primature d’Alix Fils-Aimé, sinon à ritualiser l’impuissance gouvernementale ? Chaque semaine, ministres, directeurs généraux et quelques familiers du cercle du pouvoir — ti zanmi Premye Minis — défilent devant les caméras pour débiter un flot d’annonces sans lendemain, comme si l’art du verbe suffisait à compenser l’absence d’action, comme si l’énonciation d’intentions équivalait à leur mise en œuvre concrète. Cette scénographie du vide politique interroge profondément le rôle dévolu à la presse dans une démocratie en péril. Le public a-t-il droit à des réponses substantielles aux questions posées ? Pourquoi les interactions avec les journalistes sont-elles réduites à de brèves séquences contrôlées, où la confrontation est évitée et la transparence reléguée ?

Ce rendez-vous hebdomadaire, qui devrait être un espace de redevabilité et d’action publique concrète, a pris la forme d’un rituel bureaucratique sans portée réelle. On y promet la lutte intensive contre l’insécurité, des plat manje cho aux infortunés, la réhabilitation des routes nationales, la distribution de chèques aux déplacés, mais jamais une seule route n’est sécurisée, jamais un seul « territoire perdu » repris, jamais un seul camp démantelé dans la dignité. Pendant ce temps, les Haïtiens s’organisent pour survivre dans des zones qu’ils ne contrôlent plus, sous la menace permanente d’une violence armée que l’État ne nomme même plus.

Le dernier communiqué des « Mardis de la presse ou de la Nation» est un modèle du genre : de vagues engagements sur des aides financières, l’annonce d’un projet de coordination humanitaire, et l’éternelle promesse de « solutions en cours ». Rien sur la récupération des territoires occupés par les gangs en mission expresse de destabilisation du pays. Rien sur la garantie de circuler après 8h du soir sur les axes routiers stratégiques. Rien sur les engagements antérieurs jamais tenus. Ce silence en dit long.

À chaque administration, de la sinécure Martelly-Lamothe au régime PHTK/CPT sous Fils-Aimé, son programme de “Gouvènman Lakay” : une opération de communication sans lendemain. Le sinécurisme s’y affiche sans vergogne, massif et cynique. L’État haïtien ne gouverne plus ; il commente sa propre inertie dans une mise en scène devenue rituelle. Les « Mardis de la Nation » ne relèvent plus d’une logique de gestion publique : ils fonctionnent comme le miroir d’un pouvoir démissionnaire, accroché à ses privilèges, incapable d’assumer les exigences minimales de l’action étatique. Chapo ba mesye dam !

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