Il y a 70 ans naissait à Port-au-Prince un genre musical appelé à devenir l’une des plus puissantes expressions de l’identité haïtienne : le Konpa.
Créé en 1955 par le saxophoniste Nemours Jean-Baptiste, le Compas Direct modernise la méringue traditionnelle en imposant un tempo régulier, une orchestration soignée, et une énergie irrésistiblement dansante. Très vite, cette musique s’impose dans les bals, les rues, les radios. Un mouvement est né.
Porté par des pionniers comme Richard Duroseau ou Webert Sicot – son éternel rival avec le style Cadence Rampa – le Konpa se forge une signature sonore : guitares limpides, cuivres éclatants, percussions cadencées, et un chant souvent en dialogue. Mais au-delà de la technique, c’est l’émotion qui emporte. Le Konpa chante l’amour, la joie, la peine, la fierté.
Dans les années 70 et 80, avec l’exil de milliers d’Haïtiens, le Konpa devient ambassadeur culturel. Il conquiert les nuits de New York, les studios de Montréal, les salons de Miami. Les générations nées hors d’Haïti y trouvent une mémoire vivante, un lien avec leurs racines. Dans les années 90 et 2000, le genre se renouvelle : synthétiseurs, influences zouk et salsa, production numérique… Mais jamais le rythme de base ne disparaît.
Aujourd’hui, des groupes comme Harmonik, Klass, Nu-Look ou Vayb perpétuent la tradition tout en innovant. Le Konpa, à 70 ans, est plus vivant que jamais. Il est une danse, une langue, un héritage. Il est le cœur qui bat au rythme d’Haïti, chez elle comme partout où elle vit.

