République dominicaine : manifestations contre la régularisation des immigrés haïtiens
À Santo Domingo, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le Congrès national pour dénoncer un projet gouvernemental visant à régulariser des travailleurs étrangers sans papiers, majoritairement d’origine haïtienne. Cette mobilisation, orchestrée par le groupe ultranationaliste xénophobe La Antigua Orden Dominicana, traduit une crispation identitaire croissante, alimentée par la perception d’un « remplacement économique » orchestré, selon ses dirigeants, au bénéfice du patronat.
Le président du groupe, Ángelo Vásquez, affirme que cette politique de régularisation favoriserait les intérêts privés en contournant les protections sociales dues aux travailleurs dominicains : « Ils préfèrent haïtianiser le pays plutôt que de payer un salaire décent à nos compatriotes. »
Les slogans brandis tels que « Nous ne voulons pas être étrangers dans notre propre pays » ou encore « Non à une nouvelle régularisation des Haïtiens » illustrent une hostilité nationaliste à peine voilée, bien que les organisateurs se démarquent à peine de tout discours xénophobe. Ruth García, militante du mouvement, soutient que les Dominicains sont « dépossédés d’opportunités » au profit des immigrés haïtiens.
Ce mouvement survient alors que le gouvernement dominicain a annoncé des objectifs ambitieux d’expulsion — jusqu’à 10 000 personnes par semaine — invoquant la pression que ferait peser l’immigration haïtienne sur les services publics, notamment en matière d’éducation et de santé. Selon les chiffres officiels, environ 500 000 ressortissants haïtiens vivraient actuellement en République dominicaine sur une population totale de 11 millions d’habitants.