POLITIQUE MIGRATOIRE | Vers une traque sans distinction des sans-papiers aux États-Unis
Dans un entretien exclusif à CBS News, Todd Lyons, directeur par intérim de l’agence américaine ICE (Immigration and Customs Enforcement), a affirmé que toute personne en situation irrégulière sur le sol américain fera désormais l’objet d’une arrestation, indépendamment de son casier judiciaire. Une rupture nette avec la politique précédente, qui ciblait prioritairement les criminels dangereux et les menaces à la sécurité nationale.
Lyons justifie ce tournant par l’obstruction des juridictions locales dites sanctuary, qui refusent de livrer les détenus sans statut migratoire. « Nous préférerions intervenir directement dans les prisons. Faute de coopération, nous devons nous rendre dans les communautés, ce qui augmente les arrestations collatérales », a-t-il expliqué sur Face the Nation.
Cette nouvelle doctrine, soutenue par l’administration Trump, ambitionne un seuil historique : un million de déportations par an. À cet effet, ICE a reçu des milliards de dollars de financement supplémentaire, et les arrestations se multiplient, y compris dans les lieux de travail. Des centaines de travailleurs, y compris des mineurs, ont été interpellés dans des fermes, des usines de conditionnement de viande ou encore des exploitations de cannabis.
Lyons a par ailleurs promis de sanctionner les entreprises américaines complices de cette exploitation illégale, qualifiant ce phénomène de crime non sans victimes : travail forcé, traite de mineurs, contournement du droit du travail. Sous couvert de sécurité, cette politique migratoire pose des questions éthiques majeures sur le ciblage aveugle, la dissuasion et l’instrumentalisation des vulnérabilités.